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Séminaire de Valognes

De Wikimanche

Le séminaire de Valognes est un ancien établissement scolaire religieux, situé à Valognes.

Créé en 1654, il ferme en 1675 pour cause de jansénisme, avant de rouvrir en 1702 [1].

Séminaire

Il est fondé en 1654, dans le Manoir-l'Évêque, par l'abbé de la Luthumière [2].

Selon René Toustain de Billy, ce séminaire devient « le plus bel ornement de la ville de Valognes, mais aussi de toute la Basse-Normandie, moins par la beauté de ses bâtiments et de ses jardins, de sa riche bibliothèque et autres choses semblables, que par les grands biens que l'on y faisait et les avantages publics qui en provenaient » [2].

Pour Hesseln (p. 451), « le Séminaire est le plus bel édifice qui soit à Valognes... Les jardins sont vastes et vraiment magnifiques. Autour du premier jardin règne une terrasse en fer à cheval comme celle du palais du Luxembourg à Paris. Sur cette terrasse était ci-devant le plus beau berceau qu'on ait peut-être vu en Normandie. M. de la Luthumière, poursuit l'auteur, était un prêtre d'une éminente piété, qui y passa la plus grande partie de sa vie, et qui y est inhumé ; il est mort le 15 septembre 1699. Son établissement fut extrêmement traversé par l'envie ». La calomnie, à laquelle fait allusion Sauteuil dans les vers qu'il a consacrés à la gloire de ce séminaire, lui enleva ses élèves en 1672 et surtout en 1685.

Brian Marion y est professeur de 1673 à 1675.

Séminaire-collège

L'établissement est fut rouvert en 1702 et dirigé par des prêtres séculiers jusqu'en 1730 [2].

Mais « la juxtaposition du séminaire et du collège rendait les conflits inévitables » d'autant qu'une bibliothèque publique lui est adjointe en 1715 [3].

Le séminaire-collège est confié après de longues négociations[3], aux missionnaires eudistes le 26 septembre 1731. Ils y tiennent selon Hesseln (p. 452), des classes d'humanités, une chaire de philosophie, et une autre de théologie remplie par un eudiste. « Les autres ne peuvent l'être par des professeurs de cette congrégation, mais par des externes, qui ordinairement les obtiennent par la voie du concours ou par le choix de la ville ».

Le père Costil affirme que « la jeunesse du collège se composait alors de 300 enfants ».

En 1774, le collège regroupe près de 600 élèves, concurrençant l'école de latin de Cherbourg alors en décadence [2]. L'élève Constant Demons, de Cherbourg, raconte dans un de ses manuscrits qu'ils sont 101 dans la classe de philosophie en 1772 et que le collège compte jusqu'à la rhétorique inclusivement 377 élèves en 1778, 270 en 1786 et 264 en 1788.

En 1789, un élève de philosophie, Mariette de Wauville, y élabore une proposition de constitution.

Collège

En 1790, les bâtiments du séminaire-collège de Valognes sont nationalisés, et vendus pour moitié pour 28 180 francs à Laurent Lapierre-Jacquelin, de Valognes, le 25 septembre 1796, tandis que l'autre moitié est cédée à la ville pour y établir un collège [2]. La chapelle est convertie en salle d'armes et plus tard en bibliothèque[2].

En 1808, Napoléon Ier en fait un collège communal dépendant de l'Université.

Petit-séminaire

Il devient Petit-séminaire et collège diocésain, en 1853 [2]. En 1855, Mgr Daniel le confie aux Eudistes [4]. Deux ailes sont bâties sur le parc en 1859 accueillant réfectoire, études et dortoirs [5]. Le collège diocésain de Valognes est fermé en 1905 avec la loi de séparation des Églises et de l'État.

Parmi ses élèves, on trouve l'historien Léopold Delisle, le religieux Hyacinthe Rouxel, le général Louis Langlois, le conseiller à la Cour de Caen Camille Leclerc, l'écrivain Charles Canivet [6]...

Collège et lycée municipal

Entre 1948 et 1960.

En 1907, la ville de Valognes ne renouvelle pas le bail aux ecclésiastiques et un principal est nommé par le ministère de l'Instruction publique, qui organise l'enseignement exclusivement avec des professeurs laïcs. Il devient mixte en 1926 et porte alors, l'appellation de « Collège municipal mixte de Valognes ».

Au début de la Première Guerre mondiale, il est transformé en hôpital militaire et converti en centre d'instruction pour l'armée belge de novembre 1914 à 1918 [7].

En 1937, on songe à lui faire prendre le nom de Barbey d'Aurevilly [8].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands l'utilisent à leur tour comme hôpital militaire [7]. À la Libération, l'armée américaine en fait un casernement pour ses soldats et le parc devient un lieu de stockage de matériel [7].

Durant quelques années à partir de 1949, la cour d'honneur accueille une Statue de Jules Barbey d’Aurevilly, réalisée par René Collamarini, pour remplacer le buste de Jules Barbey d'Aurevilly réalisé par Louis Alix et fondu en 1942.

Épargnée par les bombardements, l'aile gauche du collège abrite la mairie, jusqu'en 1955, son aile droite accueille la poste jusqu'en 1957[7].

Entre 1960 et 1965, l'architecte Olivier Lahalle dirige la construction de nouveaux bâtiments dans le parc [5].

Il est lycée national en 1965, puis municipal.

Lycée d'État

En 1969, l'établissement devient lycée d'État et prendra le nom d'Henri Cornat.

voir l'article détaillé Lycée Henri-Cornat

Chefs d'établissement

Anciens professeurs du collège

...

Anciens élèves

du séminaire-collège
du collège-lycée municipal

Bibliographie

  • Jean-Louis Adam, Le Petit Séminaire et Collège diocésain de Valognes, mémoire lu au Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne, en 1900.
  • Bernard Jacqueline, « Un séminaire de la Congrégation "de propaganda fide" au XVIIe siècle : Valognes », Revue de la Manche, n° 49, janvier 1971.
  • Jeannine Bavay, « Du manoir l'Évêque au séminaire », Vikland, n° 16, janvier-février-mars 2016.
  • Michel Muller, « Histoire du collège de Valognes », Vikland, n° 16, janvier-février-mars 2016.

Notes et références

  1. « Chronologie de la répression du protestantisme en Normandie et dans la Manche », Le Didac'doc, Service éducatif des Archives départementales de la Manche, n° 3, novembre 2009.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 Abbé J.L. Adam, Quelques notes sur Valognes, Impr. Émile Le Maout, Cherbourg, 1905.
  3. 3,0 et 3,1 Claude Laplatte, « J. Blouet. — Les séminaires de Coutances et d'Avranches. », Revue d'histoire de l'Église de France, tome 24, n°105, 1938. p. 494-497. (lire en ligne).
  4. La Gazette de France, 9 juillet 1855.
  5. 5,0 et 5,1 « Lycée Henri-Cornat », œuvres du 1% artistique dans les lycées du Calvados, de la Manche et de l'Orne, site internet, consulté le 29 janvier 2021.
  6. Jean de Nivelle, « Un Français au Canada », Le Soleil, 16 juin 1899 (lire en ligne).
  7. 7,0 7,1 7,2 et 7,3 « Historique de l'établissement », site officiel du lycée Henri-Cornat, consulté le 25 mai 2015.
  8. Le Figaro, 5 juin 1937.

Lien interne