Actions

Prison maritime de Cherbourg

De Wikimanche

La prison maritime de Cherbourg est un ancien établissement pénitentiaire de la Manche.

Il est destiné à détenir « les marins, militaires ou ouvriers de la marine punis par mesure disciplinaire, les prévenus de crimes ou délits de la compétence des divers tribunaux de la marine, les hommes condamnés par ces tribunaux à un emprisonnement correctionnel d'un an et au-dessous » [1].

La construction de la maison d'arrêt est décidée en 1843 mais elle n'accueille ses premiers détenus qu'en 1848. Transformée en prison maritime en 1870, elle cesse définitivement son activité en 1954. Des prisons similaires existaient à Brest, Lorient, Rochefort et Toulon.

Situation et description

« La prison maritime est située dans l'enceinte des fortifications, en dehors de l'Arsenal et à deux cents mètres environ de la porte du Midi, dans le voisinage immédiat de l'ancienne Majorité Générale (aujourd'hui bureaux de la première Brigade de Marine) où sont installés les tribunaux maritimes. Elle comprend deux corps de bâtiments de quarante mètres de longueur sur huit mètres de largeur, à deux étages, attenants l'un à l'autre par une extrémité et leurs façades formant un angle droit. »

Ajoutons que la prison est située immédiatement au nord du bastion VII et de la rue Militaire et au sud de la rue de la Majorité.

Avant 1870, la prison compte un total de 201 places :

  • au rez-de-chaussée, 43 places en chambres et 10 dans les cachots, cellules et secrets, soit 53 places.
  • au premier étage, 58 places en chambres et 19 dans les cachots, cellules et secrets, soit 75 places.
  • au deuxième étage, 65 places en chambres et 8 dans les cachots, cellules et secrets, soit 73 places.


Après 1870, la prison maritime a un étage et une centaine de places (le rez-de-chaussée et le premier étage sont agrandis) en plus et est divisée en trois, comme à Brest et Toulon [2] :

  • La maison d'arrêt en tant que telle n'occupe que le rez-de-chaussée du bâtiment (dans lequel se trouvent en 1859 le logement et la cuisine du concierge, la salle d'écrou, la cuisine des prisonniers et la cambuse (situées jusqu'en 1906 dans le sous-sol de l'aile Nord), le cachot, les salles de détenus disciplinaires et de prévenus, des cellules de correction, une cellule d'observation (infirmerie, installée avant 1895) et la latrine des prisonniers) et la partie du premier étage située à l'Est de l'escalier central. Dans la configuration nouvelle de la prison maritime, elle offre 116 places réparties en 25 locaux (16 chambres d'une contenance moyenne de 6 à 7 hommes : 95 hommes et 9 cachots et cellules pour 21 hommes). En juillet 1896, la maison d'arrêt ne comptait pourtant que 19 détenus. Son entrée est transférée sur la rue militaire, à côté du corps de garde.
  • La maison de justice occupe toute la portion de l'aile A (au premier étage) située à l'ouest du grand escalier. Elle offre en 1870 36 places et 10 locaux : des salles de détenus disciplinaires et condamnés (apprentis), l'atelier pour la fabrication des étoupes et deux cachots. En juillet 1896, elle abrite 10 détenus.
  • La maison de correction se trouve aux deuxième et troisième étages et comprend la salle d'instruction, le magasin pour les effets des prisonniers, la chapelle, deux cachots et des salles ordinaires pour détenus disciplinaires et condamnés. La maison de correction offre 148 places (166 maximum) réparties en 34 locaux à partir de 1870. En juillet 1896, elle ne compte que 32 détenus.
  • Les combles servent de magasins et de séchoirs pour les étoupes que les prisonniers travaillent pour le compte du service de la direction des constructions navales.


Par la suite, la salle d'instruction sera déménagée dans la chambre n°43 du deuxième étage tandis que la cuisine et la cambuse des prisonniers seront transférées dans l'ancienne salle d'instruction du deuxième étage, où elles bénéficieront d'un meilleur éclairage (trois fenêtres) et d'une meilleure ventilation (3 mètres 75 de hauteur sous plafond) et permettront des économies conséquentes de gaz. On mettra les caves des surveillants à la place des cuisines et l'infirmerie des exclus sera installée en 1895 dans l'aile Est du rez-de-chaussée.

  • Dans la maison d'arrêt et dans les cachots des trois maisons, le couchage réglementaire sera le lit de camp ; des hamacs ne sont délivrés qu'aux hommes dont la détention doit dépasser la durée d'un mois. Le lit de camp tenant lieu de banc pendant le jour formera avec la planche à pain l'ameublement des locaux qui en seront pourvus.
  • Dans la maison de correction et la maison de justice, le couchage réglementaire sera le hamac ; à cet effet, des crocs seront scellés dans les murs en nombre suffisant, une planche à pain et un banc fixe en chêne complètera l'ameublement de chaque chambre.


Les trois catégories de détenus disposent d'un petit préau, établi dans la cour. Ils s'y rendent à des heures différentes et ne s'y trouvent jamais à plus de trente. Les surveillants ont leur propre préau de l'autre côté de la cour. Chaque préau a un lavoir couvert et un corps de latrines.

Histoire

Les premiers plans sont réalisés dès 1843 et les fondations sont faites en 1845-1846.

Une chapelle est demandée dès 1848 par l'abbé Regnet, chanoine honoraire de Coutances nommé aumônier de la marine [3]. Elle est installée en 1851 au deuxième étage de la prison et est pourvue d'un autel simple en bois de sapin, d'une petite chaire semblable à celle des professeurs ainsi que des ornements nécessaires. L'adjonction d'une tribune dans les combles fournit 140 places en gradins, ce qui n'est pas suffisant pour l'ensemble des détenus. Il y a donc deux services le dimanche et les jours fériés.

Le nom de pénitencier maritime est adopté en 1852 : « Le but qu'on se propose dans l'organisation d'un pénitencier maritime étant de rendre à la flotte après l'expiation de délits peu graves, des hommes dont la Marine peut encore espérer de bons services puisque n'ayant passé que peu de temps dans les prisons de l'intérieur, d'où ils seront rappelés, ils n'auront pu se gâter entièrement au contact des réclusionnaires et des malfaiteurs qu'elles recèlent ; il doit paraître rationnel de ne pas chercher à leur appliquer un système coercitif à l'excès. Il importe cependant d'arriver à leur réforme morale par des moyens justes et sévères et de veiller soigneusement à ce que les détenus de cette espèce soient toujours entourés de plus de précaution que ceux qui subissent des peines disciplinaires de une année au plus. »

En 1857, la maison d'arrêt ne possède aucun système de chauffage ; le séjour en est très pénible pendant l'hiver. Le bâtiment, formé de deux ailes, a une profondeur de 8 mètres 50 et présente une superficie de 635 mètres carrés. Une seule des deux ailes renferme des caves ; ces caves ont 2 mètres 80 de hauteur sur 5 mètres environ de largeur. Elles sont au nombre de quatre : deux sont petites, mais les deux autres ont 7 à 8 mètres de longueur et peuvent être utilisées. Elles ne sont pas voûtées. La hauteur jusqu'à la corniche est de douze mètres. Il y a trois étages Pas clair  : la distribution intérieure est la même à chaque étage. Les chambres des détenus sont éclairées par les fenêtres de la façade intérieure (façade donnant sur le préau) ; les portes de ces chambres s'ouvrent un corridor qui s'étend dans toute la longueur du bâtiment et est éclairé par de petites fenêtres percées dans le mur extérieur. Le renouvellement de l'air des chambres se fait au moyen de petites ouvertures percées dans l'épaisseur du mur au-dessus des fenêtres et qui mettent l'air intérieur de la chambre en communication avec l'air extérieur. Mais les détenus, placés en trop grand nombre dans les salles, ne se trouvent pas dans des conditions satisfaisantes de salubrité. Des odeurs « désagréables et nauséabondes » se dégagent de certaines chambres, parce que « le nombre de détenus est trop considérable pour la capacité cubique des chambres de détention ».

L'ingénieur propose de chauffer les chambres « par l'air de ventilation chauffé lui-même dans un canal situé près des cellules et renfermant des tuyaux à eau chaude ou à vapeur » et « par la circulation de l'air des cellules autour d'une partie limitée des tuyaux ». L'air sortira de chaque cellule par un tuyau pratiqué dans l'épaisseur des murs, à la hauteur du plancher, et se rendra dans un canal creusé dans le sol et de là dans une cheminée d'appel placée à côté des fourneaux destinés au chauffage. Les appareils de chauffage seront placés dans les caves qui existent sous la moitié du bâtiment. On pourra percer des jours sur le préau et installer dans ces caves les chaudières et les fourneaux destinés à chauffer l'eau contenue dans les chaudières. L'eau chaude sera ensuite conduite via un tube d'ascension à des vases d'expansion placés au point le plus élevé du bâtiment. Ces vases seront mis en communication par des tubes de distribution avec les appareils de chauffage placés à chaque étage. Ces appareils consisteront dans un caniveau, parcourront toute l'étendue du corridor dans lequel ils seront placés et renfermeront des tuyaux. Ces tuyaux faisant suite aux tubes de distribution seront parcourus par le courant d'eau chaude, qui passant ensuite dans des tubes de retour d'eaux, ira aboutir à la partie inférieure de la chaudière pour remonter de là dans le vase d'expansion ... Les caniveaux placés à chaque étage recevront par une prise d'air l'air extérieur qui circulera autour des tuyaux d'eau chaude, s'échauffera par ce courant d'eau chaude et s'écoulera ensuite dans la chambre des détenus au moyen de canaux pratiqués dans l'épaisseur des murs et débouchant à un ou deux mètres de hauteur. L'air sortira des chambres par des orifices percés près du plancher et se rendra par des tuyaux dans un canal situé sous le bâtiment et aboutissant soit à une cheminée d'appel placée à côté des fourneaux destinée au chauffage, soit dans le cendrier des fourneaux.

Un état des lieux de 1859 fait ressortir que la maison d'arrêt peut héberger 195 détenus, cachots et cellules d'apprentis compris, sur une base de 10 à 11 mètres cubes d'air par homme. Si l'on passait à 12 mètres cubes, le nombres de détenus serait réduit à 158.

Le projet de transformation de la maison d'arrêt du port de Cherbourg en prison maritime est approuvé le 7 avril 1870. La guerre franco-allemande empêche momentanément l'exécution des travaux mais 97 places nouvelles de détenus sont créées, portant la contenance de la prison à 300 places, pouvant exceptionnellement aller jusqu'à 336.

L'installation d'un atelier de photographie dans le local n°45, projetée en 1871, est terminée dans la journée du 14 février 1872.

On ouvre une section cellulaire pour l'emprisonnement des condamnés indisciplinés en 1874 dans le coin nord-est de la prison, derrière le poste de surveillant. Les condamnés y sont dans un isolement absolu et sans aucun moyen de communication direct ou indirect avec leurs voisins de prison ou avec l'extérieur. Une barre de justice et un tour destiné à la délivrance quotidienne de pain et d'eau sont installés à l'intérieur, de façon que le condamné ne puisse pas voir le surveillant qui lui apporte sa nourriture.

En 1883, le ministre de la marine approuve un projet consistant :

« à transférer dans la partie ouest des bâtiments de la prison, les gardiens installés dans la partie sud de ces bâtiments, et à transformer les locaux qu'occupaient les gardiens en salles de détention ; à mettre les caves affectées aux surveillants à la place de la cuisine des détenus et réciproquement ; à installer dans le chemin de ronde intérieur, un lavoir à l'usage des surveillants. »

En 1886, un projet de construction d'un préau (promenoir couvert) et d'une toiture sur le lavoir est à l'étude. Les baquets à déjection en bois sont remplacés par des bailles [4] inodores métalliques par autorisation du ministre Aube.

Un filtre Chamberland est installé en 1892 dans la cour Ouest, près de la borne-fontaine, sur demande du médecin chargé de la prison maritime. Les prisonniers ne consomment à cette époque que de l'eau et un litre d'eau par homme et par 24 heures est nécessaire.

Les exclus de l'armée sont internés à la prison à partir de 1895. C'est le début de la répression des idées antimilitaristes, communistes, des idéaux de paix et de liberté, qui se poursuivra encore durant la Seconde Guerre mondiale. Des hommes comme Georges Wallet, élu du Cher [5], Paul Paouty, René Fouquet, Pierre Cadiou, résistants, y séjourneront.

De nombreuses évasions et révoltes ont lieu, comme celle de 1910 à l'issue de laquelle un certain nombre d'insurgés sont écroués dans les cachots des navires de l'Arsenal [6].

La prison ayant fermé ses portes en 1954, le bâtiment accueille désormais le poste de protection et de sécurité de défense et le service de surveillance radiologique.

Organisation

À leur entrée dans la maison d'arrêt, les détenus sont fouillés : tous les objets susceptibles de compromettre la police et la sécurité de l'établissement leur sont retirés. Il en est de même des rasoirs ou de tous les instruments tranchants ainsi que les ustensiles propres à allumer un feu. Ces objets restent sous la garde du concierge, qui doit les inscrire avec détail au nom de chaque détenu sur le registre d'inventaire. Il les leur remet à leur sortie. Chaque détenu reçoit une cuiller en fer, dont il est responsable de la conservation [7].

Le personnel surveillant

Le concierge a un rôle central dans le fonctionnement de la prison. Nommé par le préfet maritime sur proposition du commissaire général de la Marine, il a sous ses ordres un certain nombre de guichetiers. Il a dans ses attributions le service intérieur de la maison d'arrêt et prison, la police, la surveillance, la garde des détenus et les soins de propreté. Constamment en uniforme, c'est lui qui accueille, fouille et habille (pour les condamnés à plus de deux mois) les détenus à leur arrivée à la prison, lui encore qui tient l'inventaire de leurs effets et qui remet un livret sur lequel est porté cet inventaire aux hommes condamnés à plus d'un mois de détention. Muni lui-même d'un livret de vaguemestre, le concierge est chargé d'aller recevoir à la poste les lettres et valeurs adressées aux détenus. Par ailleurs, il doit s'assurer que ces derniers ont toujours la barbe rasée, les cheveux coupés court et la chemise changée le dimanche. Il est présent lors des visites au parloir (toujours aux heures de préau), doit s'assurer de la bonne conservation des vivres et inscrit les consommations à chaque repas. Le concierge effectue en outre les travaux de balayage et de propreté des édifices, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des bâtiments. La nuit, il effectue des rondes intérieures avec ses guichetiers et les officiers de ronde dans les corridors éclairés par des réverbères fermant à clef.

La loge du concierge se trouve à l'entrée de la prison, en face de la salle d'écrou. Un seul guichetier est logé dans la prison, au deuxième étage du bâtiment du concierge. Les autres guichetiers surveillants ont leur logement en ville, mais ils sont astreints à un service de nuit.

Au fil du temps, le surveillant principal semble prendre plus d'importance au détriment du concierge.

Il est interdit aux employés d'élever aucun animal de basse-cour, de manger ou boire avec les détenus, de faire du commerce avec eux, de les tutoyer, de les battre ou de les injurier.

Les détenus

Ils sont répartis en six sous-catégories :

  • Prévenus
  • Destinés à la compagnie des disciplines
  • Condamnés à un an de prison et au-dessous
  • Condamnés à plus d'un an, travaux publics et boulet
  • Condamnés à la réclusion, aux fers ou aux travaux forcés
  • Condamnés à mort (au cachot)

Et en trois catégories :

  • 1ère catégorie : sous-officiers
  • 2e catégorie : mousses, apprentis marins, enfants de troupe
  • 3e catégorie : matelots, soldats, ouvriers, agents.

La promenade dans les préaux a lieu par catégorie.

Les détenus doivent se coucher à six heures du 1er novembre au 1er avril et à huit heures du 1er avril au 1er novembre. Ils se lèvent à l'heure de la cloche d'entrée dans l'Arsenal, se lavent la figure, les oreilles, le cou, les mains et les pieds. Ils se rasent et, une heure après le lever, nettoient les salles, corridors, escaliers et vidangent les bailles. Ils sont tenus de travailler, notamment à la confection de l'étoupe dans l'atelier dédié, ou aux différents chantiers de l'Arsenal, où ils se procurent parfois des outils, cachés par des complices dans des briquettes de charbon [6]. Cependant, la journée de travail semble rapporter dans l'ensemble moins que ce qu'elle coûte à l'administration [8]. Ils mangent le matin à 11 heures et le soir à 16 heures en hiver ou 18 heures en été. Il leur est défendu de fumer ailleurs que dans les préaux, de jouer à des jeux de hasard, de crier ou de chanter bruyamment. S'ils contreviennent au règlement, ils s'exposent à des sanctions qui sont la privation de promenade de un à trois jours et le cachot de un à trois-quatre jours.

Scandale à la prison maritime de Cherbourg (Le Petit journal illustré).

Les détenus reproduisent ce système de peines dans des simulacres de procès lors de bizutages dont on trouve des traces à partir de 1906 :

« Chaque salle possède son conseil de guerre : un président, choisi parmi les pires sujets, s'entoure d'assesseurs complaisants ou soumis. Les places de choix sont réservées, bien entendu, aux hommes les plus punis, et l'assemblée se réunit pour juger les nouveaux entrants. Les peines sont variées : donner du tabac ou du savon, laver du linge, chanter des chansons ou dire des monologues, enfin danser le cake-walk après s'être déshabillé. » [9]

Le plus connu est celui qui, en 1908 dans la salle 40, a vu le marin Brisset subir le supplice du « Toréador » (le prévenu est mis à nu, ligoté puis brûlé au moyen de journaux enflammés) devant une assistance composée des marins Suzanne, Kérambrun, Bonin, Vallet, Messent et Gosselin. Brisset avait été brûlé au deuxième degré, ce qui avait provoqué l'émoi de la presse locale puis nationale.

Les exclus

Au terme de la circulaire du 23 octobre 1895 (justice maritime), les exclus ne doivent pas être casernés dans les prisons maritimes et, ayant subi les peines qui les ont fait exclure de l'armée, être confondus avec les prisonniers. L'absence des locaux nécessaires a cependant obligé la Marine à loger ces hommes dans certaines parties des prisons maritimes qu'il serait indispensable de séparer d'une manière bien nette de ces établissements.

Ces exclus semblent être essentiellement des déserteurs et des antimilitaristes.

En 1895, décision est prise de transformer les logements des surveillants de la prison maritime en salles destinées aux exclus de l'armée. Sept surveillants et leur famille déménagent dans des locaux vacants de la caserne de la gendarmerie maritime toute proche. Les exclus (50 au plus) doivent être isolés des autres détenus de la prison et coucher dans des hamacs et non des lits de camp. On leur installe une infirmerie dans la chambre n°16 du rez-de-chaussée, où sont installés trois lits. Les exclus sont par ailleurs obligés de travailler et à partir de 1896, ils sont affectés d'office aux services de l'Arsenal, proportionnellement au nombre d'ouvriers desdits services. La plupart travaillent donc constructions navales et quelques-uns servent dans l'artillerie, aux travaux hydrauliques ou encore aux subsistances et à la gestion directe.

En 1896 est établi un projet de cantine à leur usage. Après étude, il résulte que « les seuls locaux qui puissent convenir sont [...] la partie du sous-sol affectée en ce moment aux caves des surveillants et au dépôt du combustible, et dont l'accès se trouve précisément dans la partie de la prison occupée par les exclus. Ces deux locaux ont justement un sol en asphalte et ils sont éclairés suffisamment pendant le jour, par 3 soupiraux ». Un des exclus remplit les fonctions de cuisinier.

L'entrée de la caserne des exclus se faisait par le corridor ouest du rez-de-chaussée, qui s'ouvre droit immédiatement après avoir franchi la deuxième porte qui indique l'entrée de la partie ouest du bâtiment, exclusivement affectée aux exclus, qui ont aussi leur préau attitré, « le moins grand », qu'ils partagent avec les surveillants.

Source

Dossiers sur la prison maritime conservés au Service historique de la Défense (cote 3K 238 : inv. 70 1848-1935)

Notes et références

  1. Article premier du règlement des maisons d'arrêt et prisons des ports et arsenaux.
  2. La France militaire, 11 février 1889.
  3. Le journal de Cherbourg et du département de la Manche, 4 mai 1848.
  4. Les détenus s'en servent pour produire des sons et communiquer entre eux.
  5. L'Humanité, 14 février 1923.
  6. 6,0 et 6,1 « Comment à la prison maritime de Cherbourg s'organisait une tentative d'évasion générale », L'Ouest-Éclair, 28 avril 1910.
  7. Comme on s'en doute, ces cuillers seront utilisées par les détenus pour fabriquer des outils, notamment des pinces-monseigneur
  8. Journal officiel de la République française (Annexes), 1er février 1885.
  9. « Le "Toréador" : les scandales de la prison de Cherbourg », L'Éclair, 22 septembre 1908.