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Prieuré Saint-Thomas (La Bloutière)

De Wikimanche

Le prieuré Saint-Thomas [1] est un ancien établissement religieux de l’Ordre de Saint-Augustin, implanté dans la vallée de la Sienne sur la paroisse de La Bloutière.

« La spiritualité la plus grande émane de cette vallée : spiritualité d’ailleurs accessible et sans mysticisme tragique » a écrit Fernand Lechanteur.

Histoire

Au 12e siècle, deux ermites, Hugues et Simon, se retirent aux environs du château de la Bloutière, ils y bâtissent une chapelle dédiée à Thomas Becket récemment canonisé. L'endroit devient le théâtre de nombreux miracles.[2]

En 1199, Richard de Rollos, petit fils d'Hugues d'Avranches convertit l'ermitage en monastère[2]. Le premier contingent de religieux vient du prieuré de Sainte-Barbe-en-Auge (Calvados). Il n’y a plus de religieux en résidence en 1789.

Selon Clermont Clouet, il reste du prieuré dans la seconde moitié du XIXe siècle « l’abbatiale [3] construite au XVIIIe siècle dernier, un tronçon de colonne, une croix cannelée. Abbatiale, couvent et église en bâtière figuraient trois côtés d’un carré dont le quatrième est un simple mur. Le cloître à colonnade de granit s’adossait en appentis à ces quatre côtés et le jardin se trouvait au milieu ».

L’église priorale

L’église priorale, encore en partie debout au milieu du XIXe, selon une gravure romantique, fut entièrement démolie. Le tombeau érigé par le prieur Guillaume Le Gros sur la dépouille de Richard de Rollos n’y a pas survécu [4].

L’église dut être la nécropole des seigneurs et des hobereaux locaux. Il n’y a pas de trace d’ancien cimetière des religieux. La croix qui avait été érigée au devant du logis prioral a été déplacée sur la route de Granville à Fleury.

Le logis prioral

Le logis prioral présente les caractéristiques architecturales du XVIIIe. Il est structuré de deux ailes et d’un avant corps au fronton triangulaire. Notons l’emploi du granit de taille.

La porte principale est mise en valeur par deux pilastres lisses avec bases et chapiteaux simplement galbés et portant un entablement saillant. Le linteau surbaissé de cette porte est millésimé de l’année 1757.

Le fronton triangulaire est orné de l’écu ovoïde de Richard Rollos, fondateur de l’établissement, seigneur de La Bloutière «d’azur, à deux fasces d’or et une lamie de gueules à tête d’argent brochant sur le tout». Il a été bûché.

La pierre disposée au dessous porte cette inscription : « CE BATIMENT FUT COMMENCÉ ET FINIT EN 1760 / PAR LE SECOURS DE LA PROVIDENCE ». Un bandeau plat en relief souligne les limites d’étages. Deux lucarnes rythment la toiture. L’une et l’autre possèdent un épi de faîtage en terre cuite. Deux puissants conduits de cheminée jaillissent au midi de la bâtière.

Situation

Si on est sans hésitations pour dire où est le logis prioral du 18e siècle, la localisation de l'église et du logis qui l'ont précédé est plus problématique. Ils auraient été situés à un peu plus de cinq-cents mètres au nord, dans un méandre très marqué de la Sienne, à proximité de la motte castrale décrite par Charles Duhérissier de Gerville [5].

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Notes et références

  1. Le notariat de La Lande-d'Airou est riche en actes concernant cet établissement (notamment l’inventaire du 28 janvier 1784 en 5 E 17228).
  2. 2,0 et 2,1 Édouard Le Héricher, « Commune de La Bloutière », Avranchin monumental et historique, vol.2, imprim. Tostain, 1867, p.674 (lire en ligne)
  3. L’auteur évoque le logis du prieur et des religieux rebâti entre 1757 et 1760.
  4. L’intendant Foucault, grand amateur d’art et d’histoire, en résidence au château de Hambye, fit faire descriptions et croquis du patrimoine de la généralité. Un dessin du tombeau de Richard de Rollos est conservé à la bibliothèque nationale de Paris.
  5. Charles Duhérissier de Gerville, « Recherches sur les anciens château de la Manche », Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie pp.59-196 (lire en ligne)