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Pierre François Trigan

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Mention des noms et fonctions de Pierre François Trigan au bas de l'acte de mariage de son (futur) beau-frère : « Le ch[evali]er Trigan, off[ici]er de marine retraité, ch[evali]er des ordres royaux de St Louis et de la légion d'honneur, maire de Nouainville ».

Pierre François Trigan, dit le chevalier Trigan, né à Cherbourg le 9 novembre 1775, mort à Nouainville le 20 janvier 1847 [1], est un marin et homme politique de la Manche.

Il est principalement connu pour avoir sauvé une quarantaine de personnes de la catastrophe de la Batterie Napoléon à Cherbourg lors de la tempête du 12 février 1808.

Biographie

Pierre François est le fils de Charles François (1741-1813) et Bernardine Laurence Truffer (estimé 1743-1810). À noter, son grand-père paternel est désigné comme « sieur de la Fosse ».

Il est novice puis matelot dans la marine dès 1791, aide timonier en 1796, maître timonier en 1800, capitaine au long-cours en 1801 et nommé « conducteur de travaux » sur la rade de Cherbourg le 3 septembre 1803 [2].

Ses exploits en tant que sauveteur sont peut-être racontés au plus juste dans une lettre de recommandation écrite par Charles César de Faÿ de La Tour-Maubourg, à destination du grand chancelier de la Légion d'honneur. On peut en citer les principaux extraits.

Plan projet de la rade de Cherbourg en 1805. La Batterie Napoléon a le repère «D», exactement au bout de la flèche indiquant le nord. Elle a été remplacée par le «Fort du Centre»
« Votre excellence, malgré la simplicité de ce rapport ne manquera pas d'affirmer
que dès dix heures du matin, moment de la plus grande fureur de la tempête, M. Trigan
rassure ses malheureux compagnons, les console, leur donne quelque espérance de salut et se
Jette à la mer pour en assurer les moyens. Parvenu à l'embarcation avec un seul militaire il
travaille jusqu'à onze heures à épuiser l'eau dont elle est remplie. À onze heures, au lieu de gagner
seul avec son compagnon le port de Cherbourg, il affronte le danger de briser son bâtiment sur la
digue, danger imminent auquel il n'a échappé que par son habileté et son courage. Il reste cinq heures
dans cette position dangereuse pour recueillir tous ceux qui respiroient encore, et ne revient qu'après
s'être assuré qu'il ne laissoit derrière lui aucun être vivant, cet acte de courage n'est point un élan
de quelques instants, c'est le résultat d'un sentiment d'humanité réfléchi et soutenu qui fait
mépriser sa propre conservation pour sauver ses semblables. Au milieu des bénédictions de
tous ceux qu'il a sauvé du [---?] et du chef et de l'admiration générale, M. Trigan
est le seul qui croit n'avoir fait que son devoir » [2].

Au total, ce seraient 202 personnes qui périrent dans cette catastrophe, dont des enfants qui travaillaient sur le chantier.

Tout ceci se passe le 12 février 1808. Détail étonnant Pierre François a signé son contrat de mariage le 9 à Équeurdreville et se marie à Marie Joséphine Cresté (1787-1825) en mairie de Cherbourg le 16 [3].

La semaine a pu lui paraître un tantinet mouvementée…

L'affaire va vite, le 23 février, « l'empereur et roi » [sic] lui octroie la qualité de chevalier de la légion d'honneur [2], ce qui lui vaudra très certainement son surnom.

Il reprend cependant la mer de 1810 à 1816.

Enfin, on le retrouve maire de Nouainville de 1821 à 1830, muni de son surnom de « Chevalier Trigan » [4]. Veuf en 1825, il se remarie en 1833 avec Rose Clémentine Normand (1786-1879).

Hommage

  • Son nom est donné au bâtiment construit rue de l'Abbaye pour les cadres célibataires de la Marine [5].

Bibliographie

  • Julien Gilles Travers, Annuaire du département de la Manche, Volume 21, page 533, Élie fils impr., Saint-Lô, 1849 (lire en ligne). -- L'accident a fait plus de deux cents morts selon cette source.
  • Louis-Augustin Le Carpentier-Delavallée, « Journal des événemens les plus remarquables arrivés dans Coutances et même dans le département de la Manche autant qu’ils nous seront connus. Commencé le 1er thermidor an 4 de la République françoise ou 19 juillet 1796, vieux stile », Revue de l’Avranchin, tome 30, pp. 644-645. -- Cette fois, ce sont 400 décès qui sont dénombrés.
  • Yves Murie, Ouragan sur la digue, éd. Isoète, 2003

Notes et références

  1. Naissance : Archives de la Manche ­— (BMS) Cherbourg 1771-1775 (E28) — Vue : 353 . Décès : Archives de la Manche ­— (NMD) Nouainville 1843-1855 (3E 382/4) — Vue : 34 .
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Base Léonore (lire en ligne).
  3. Mariage : Archives de la Manche ­— (NMD) Cherbourg 1808 (3E 129/20) — Vue : 17 .
  4. Voir la mention de ses noms et fonctions au bas de l'acte de mariage de son (futur) beau-frère : « Le ch[evali]er Trigan, officier de marine retraité, ch[evali]er des ordres royaux de St Louis et de la légion d'honneur, maire de Nouainville » Archives de la Manche ­— (M) Cherbourg 1829 (3E 129/83) — Vue : 48 .
  5. Davy Delmotte, « Cherbourg. Ils quittent l'arsenal : des logements pour les officiers de la Marine près du centre-ville », Tendance Ouest, site internet, 20 juin 2023.

Articles connexes

Liens externes

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