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Pierre-Aimable Lansot

De Wikimanche

Pierre-Aimable Lansot, né à Saussey le 10 février 1808 et mort en 1870, est une personnalité de la Manche.

L’erreur de Marcel Pagnol

Dans le quatrième chapitre de La Gloire de mon père, Marcel Pagnol écrit à propos de son grand-père maternel : « Celui-là était né à Coutances, vers 1845, et il s’appelait Guillaume Lansot. Normand de pure race, il était venu à Marseille en faisant son tour de France. Ma grand-mère marseillaise lui plut : il y resta (…) Comme il savait bien son métier, et que la mer ne lui faisait pas peur, on l’envoya un jour à Rio-de-Janeiro pour dépanner un navire à vapeur (…) Il arriva dans ce pays encore sauvage, sans vaccin d’aucune sorte. Il vit des gens qui mouraient de la fièvre jaune, et tout bêtement, il fit comme eux… ». Les lecteurs de Marcel Pagnol apprennent donc depuis 1957 que le grand-père de l’écrivain était Coutançais.

Faux, archi-faux ! L’auteur de Topaze et de Marius a tout bonnement confondu son grand-père, qui ne se prénomme même pas Guillaume mais Auguste, avec son arrière-grand-père, Pierre-Aimable Auguste Lansot, né au village de la Belletière, à Saussey. Son erreur a été relevée par quelques généalogistes parmi lesquels il faut citer le Coutançais Raymond Deslandes qui a consacré en 1990 une intéressante étude aux origines manchoises de Pagnol dans Viridovix, le bulletin du Cercle de généalogie et d’histoire locale de la cité épiscopale. Le grand-père maternel de Pagnol, s’il est bien mort assez jeune à Rio-de-Janeiro, était né à Lorient où son propre père s’était fixé lors de son tour de France.

« N’empêche, écrit Raymond Deslandes, que ces deux Lansot, l’un à Lorient, l’autre à Marseille, n’avaient été que des gens de passage et s’étaient expatriés avec leur sang normand qui s’est donc, en partie, transmis au jeune Pagnol par sa mère. Et celui-ci, loin d’oublier cette origine, sur ses vieux jours, rêve de ce grand-père qu’il n’a pas connu et qui meurt jeune à Rio-de-Janeiro où, mécanicien de la marine, il est envoyé en mission ».

Marcel Pagnol se trompe donc d’une génération quand il raconte encore : « Je pense à mon grand-père de vingt quatre ans qui mourut sans lunettes, avec toutes ses dents, sous une épaisse chevelure dorée, et je m’étonne d’être le si vieux petit-fils d’un grand jeune homme de Coutances. » Cela précisé, Marcel Pagnol le Marseillais a bien des origines coutançaises par sa mère Augustine. Tous ses ancêtres maternels étaient en effet originaires de Saussey et du Pont-de-Soulles où, depuis le début du XVIIe siècle, ils étaient cultivateurs et laboureurs.

Selon Raymond Deslandes, le premier Lansot répertorié se prénomme Jacques et vit dans les faubourgs de Coutances dans la seconde moitié du XVIe siècle. Fort de ce constat, le généalogiste coutançais a écrit non sans quelque amertume : « Quand on a eu, par sa mère, une si longue succession d’aïeux coutançais et que l’on s’est acquis une renommée nationale, voire internationale, cela mériterait, croyons-nous, d’avoir son nom inscrit sur quelque édifice municipal de « la petite ville ». Hélas, « Pagnol », ce n’est pas un patronyme d’ici, cela ne sentait pas le terroir. De plus, l’intéressé, à notre connaissance, ne joue pas de la trompette, ce qui lui aurait peut-être attiré quelque révérence de la part des fervents du Jazz sous les pommiers. La commission culturelle, souveraine, a donc décidé que le théâtre pouvait se passer d’un tel parrain (…) Cela ne manquera pas à sa gloire d’avoir été rejeté par la ville à laquelle il avait pourtant fait l’honneur de la désigner nommément comme le berceau de son ascendance maternelle… » Mais il n’est peut-être jamais trop tard pour bien faire ! Même s’il est vrai qu’une « Fanny » coutançaise peut surprendre un peu !

Bibliographie

Source

Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 2, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ISBN 2914541147