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Moulins de La Bloutière

De Wikimanche

Moulin de l'abbaye.

La Bloutière doit en partie son développement à l’exploitation hydraulique de la rivière, dont le cours était particulièrement favorable.

Les religieux installés sur les bords de Sienne, outre leurs fonctions de gestion des hôpitaux de la région, favorisent le développement de l’utilisation de cette énergie notamment à proximité du prieuré Saint-Thomas au lieu-dit l’abbaye ou le Colombel et à la Halaisière.

Plus tard, des moulins à papier sont élevés au Hamel Plançon, La Ferronnière (deux moulins à papier) (en aval du pont de la Roche) puis à la Halaisière et à la Planche Denis (territoire de La Colombe) (en amont du pont de la Roche).

Moulins de la Halaisière

L’utilisation du site est ancienne.

Guillaume Legros cite dans son inventaire des titres et documents du prieuré une vente datée du 9 septembre 1303 dans laquelle Raoul Halois, de la paroisse de La Bloetière, reconnaît de sa bonne volonté « avoir octroyé, vendu en perpétuel héritage avoir délaissé à hommes religieux le prieur et le convent de La Bloetière la tierce partie du moulin qui est appelé le molin Halois, assis en la paroisse de La Bloutière près le ménage dudit Raoul Halois avec toutes les appartenances, les moutes vertes et sèches et toutes les autres choses » [1] .

Fieffe au profit et bénéfice de Sébastien Brasy de La Colombe, de présent demeurant à La Bloutière, par le sieur Jean Béot, sieur des Rochers, et Jeanne Bertrand, son épouse, demeurant à Cérences le 30 septembre 1787 [2] de la Halaisière consistant en un plant de pommiers sur lequel sont situés quatre corps de bâtiments : la vieille mazure, la boulangerie, une grange et le 4e à usage de moulins : dont un à huile et l’autre à tan. Tous les deux moulins étant en état de marche à La Halaisière, sur la rivière Sienne, à proximité du chemin appelé vulgairement chemin saint Julien. Cette vente comprend : l’île en clos tout autour de la dite rivière, et sept autres portions de terre : le Grand Pré, Le bois taillis, la Petite vallée, La Grande vallée, la vallée St Julien, le petit clos St Julien, le haut jardin ; deux pièces de terre plantées en pommiers, un bois taillis vulgairement appelé bois St julien. 55 livres seront dus au sieur Dufouc, notaire de Percy, héritier du sieur Letellier de la Fresnaye, 5 livres dues à l’abbaye, 6 pots d’huile de lin dus au Prieur et 400 livres aux vendeurs.

Jean-Pierre Brasy, fils de défunt Julien François, vend à Jean Pierre Brasy, fils de défunt Sébastien trois pièces de terre : La Perche, Le Grand Clos, Le pré de la Planche, ce dernier borné de toutes parts par le bieu du moulin dudit acquéreur, pour une valeur de 900 F[3].

François Surirey, fabricant de papier, et Marie Jeanne Boucey († 23.03.1870), son épouse, demeurant ensemble à La Colombe, achètent une maison d’habitation avec cave, étable, et trois autres corps de maisons à usage d’habitation avec trois tournants [4] de moulin à bled, un moulin à huile, un moulin à tan, deux loges à porcs avec cour devant et portion de terrain et légumier derrière et au bout des dits moulins, un jardin à plant, le petit jardin avec autre corps de maison, le grand clos, l’îlet situé près des moulins, sept autres pièces de terre, les droits d’eau et de passages, les brancards, poids et mesures et barres de fer, masses et marteaux étant dans les susdits moulins, moyennant 8 000 francs à Jean-Pierre Brasy [5] le 27 octobre 1825.

Accord en 1834 de droit de passage pour des prés entre François Surirey et Jean Danjou dit les Jardins et François Brasy dit les prés « pré bordant la rive gauche de la rivière Sienne, portion bornée au levant par le bief qui porte l’eau pour la roue qui fait mouvoir une usine à papier appartenant audit sieur Surirey ».

François Surirey est qualifié d’ancien fabricant de papier en 1848.

Donation partage de Marie Jeanne Boucey veuve Surirey en 1863.

Victorine Jeanne Boucey épouse de Louis Alphonse Brégeault († 23 mars 1870).

Testament olographe de François Surirey du 25 février 1863 déposé le 30 mars 1870, après le décès de sa veuve le 23 mars 1870[6]

L’ancienne usine à papier dû être modifiée en 1871 comme l’indique le millésime sur la cheminée.

Succession de Joséphine Boucey en faveur de Victor Jean Leforgeais († 31 mars 1908) et Eugénie Augustine Briens son épouse.

Vente le 2 novembre 1911 consentie à Émile Constant Brégeault et à Florimond Eugène Baisnée[7] demeurant au village de la Halaisière et Célestine Victorine Jores son épouse, par Valentin Eugène Ernest Leforgeais[8], meunier et son épouse Émilia Désirée Lebrun, son épouse, demeurant ensemble au moulin de la Halaisière et Mme Eugénie Augustine Briens, veuve de Victor Jean Leforgeais, demeurant à Villedieu-les-Poêles : premièrement à M. Brégeault, un corps de bâtiment comprenant un moulin à trois tournants [4] avec tous les ustensiles servant à son exploitation, tel que rouets, pignons, bluteries, balances avec ses plateaux et poids, une écurie, une maison d’habitation (salle au rez-de-chaussée, deux chambres à l’étage et grenier au dessus), une charreterie sur poteaux au devant du moulin, cour et terrain devant et derrière ces bâtiments, environ 6 ares 55 centiares (634, 641, 642, 643 de la section A) ; ils sont bornés vers le levant par le bief et l’arrière bief, 2e un corps de bâtiment autrefois à usage de moulin, aujourd’hui à usage de cave, un jardin légumier derrière ce bâtiment (644 et 646), 3e bief et arrière bief, déversoir, carreaux de décharges, élides, vannes et portiers, 4e un jardin, et trois corps de bâtiments : porcherie, boulangerie,grange et étable [9].

Propriété actuellement de M. Jean Cadet et de Jacqueline Cadet, épouse Villeneuve.

Organisation du site

Le vannage du canal d’amenée (canal ou bief d’amont) se trouve à une centaine de mètres desdits moulins. Il ne subsiste plus qu’à l’état d’épaves. Le canal d’amenée a lui-même été comblé. Trois bâtiments conservent des vestiges des ouvertures de moyeux de roues : un 1er (à partir de l’amont) à l’appareil de briques aux ouvertures disposait de trois tournants [4] (deux cages déplacées, en granit de taille subsistent), le second (correspondant aujourd’hui à l’habitation) est le bâtiment le plus ancien. Les structures semblent révéler un bâtiment existant en partie du moins depuis le moyen-âge. Il était pourvu de deux tournants. Le 3e bâtiment (en aval des deux premiers) était la fabrique de papier à un tournant. Le même canal (ou bief) alimentait les trois bâtiments (ce qui ne signifie pas qu’ils aient fonctionné en même temps, compte tenu de la spécificité du travail de chacun d’eux : blé, huile, tan, papier). Le canal de fuite (ou bief d’aval) a été lui aussi comblé. Trois petits bâtiments sont dispersés, l’un était la boulangerie. Un autre est millésimé de 1801. Aucun mécanisme n’a survécu. Par contre l’ancienne usine à papier a conservé une exceptionnelle charpente de séchoir ou d’étendoir à papier de la 1ère moitié du XIXe. Les arbalétriers et les poinçons sont pourvus de petites consoles de bois, régulièrement réparties. Elles étaient destinées à recevoir et à caler des pièces de bois destinées à bloquer les cordes d’étendage des papiers mis à sécher. Les poinçons prennent appui sur une sablière et une structure de charpente calée et disposée sur les murs. Les lattes verticales, régulièrement disposées, ont permis à l’origine, soit de fixer des lambris aérés ou plus probablement de tendre une toile suffisamment aérée pour la circulation d’air. Cette toile limitait l’effet courant d’air, ennemi du bon séchage du papier. Cette charpente est rare et exceptionnellement conservée en ce lieu. Il ne subsiste plus aucune pile. L’un des petits bâtiments pourrait avoir servi de pourrissoir.

Moulins de l’abbaye ou de Colombel

Une première vente d’un moulin à blé à trois tournants[4], au Colombel, a lieu le 12 juillet 1791[10] à Antoine Lemoine, meunier. La vente comprend les poids et ustensiles attachés, les prises, pierrées, essiaux et biez (bief) en dépendant ainsi que le terrain d’appui.

Seconde vente le 26 décembre 1816 d’un moulin à trois tournants[4] par Guillaume Haupais, propriétaire et meunier, au sieur Antoine Lemoine[11].

Louis Baudry achètera le moulin à Antoine Lemoine le 15 IXbre 1826[12].

Louis Baudry, docteur en médecine à Villedieu-les-Poêles, inventeur d’un procédé de façonnage de casseroles, sera propriétaire d’une usine qu’il construit au lieu-dit entre 1826 et 1834.

Les biens du docteur Baudry seront cédés à Firmin Louis Thierry, entrepreneur de serrurerie demeurant à Paris au 31 de la rue d’Angoulême, le 23 mai 1834[13]. Cette vente comprendra : l’usine de l’abbaye ou de Colombel, les quatre (?) moulins à blé, le petit légumier dépendant, une portion de pré, une de jardin à plant, l’atelier pour la fabrication de casseroles en cuivre, le brevet d’invention, tous les outils et les matériaux nécessaires à la fabrication existant dans ladite usine. Le docteur Baudry sera au cours du temps mandataire de M. Thierry.

La destination des bâtiments industriels dut évoluer car il est fait mention en 1891 d’une minoterie, propriété de M. Baudry, située à l’abbaye de La Bloutière. Le pont et l’aqueduc conduisant au chemin de la Roche sont entièrement reconstruits par le sieur Baudry en 1860 et partiellement financés par les deux communes riveraines. La rupture en 1891 du pont nécessite une procédure entre les deux communes pour le financement des travaux [14]

L’île des moulins de l’abbaye ou du Colombel

L’île du Colombel, adossée à l’ancienne clôture du prieuré saint Thomas, appartient à ce jour à M. et Mme René Lefranc demeurant à Villedieu-les-Poêles.

Il constitue un ensemble hydraulique du plus grand intérêt dans cette vallée de la Sienne.

Le barrage (pierrée) force le cours d’eau à la retenue. La pierrée est dotée d’un vannage pour maîtriser et contrôler le débit. Une échelle à poissons a été créée. On remarque les deux entrées des canaux d’amenée voûtés en pierres de taille permettaient d’alimenter les tournants [4] des 5 moulins. Plus loin une impressionnante cage en garnit de taille attend le retour d’une roue au diamètre et largeur importants.

La densité du réseau de canalisations est inconnue. Les canaux de fuite se rejoignent un peu plus loin pour ne former qu’un seul et même bief d’aval. Des investigations permettront de mieux en connaître les répartitions.

Le pionnier de la fabrication du papier 

Jacques Antoine Robert Piel, juge de paix du canton de Gavray, fut le premier à financer la construction d’un moulin à papier à La Goupillière. L’inauguration en 1796 fut ensanglantée. On constate en effet que deux personnes furent tuées ce soir-là par des chouans armés [15].

Les maîtres papetiers ou fabricants de papier qui se fixèrent à La Bloutière sont :

  • Guillaume Lemoine ; domicilié au bourg de La Bloutière ;
  • François Suriray ; domicilié au Hamel Plançon ;
  • Jean-Gabriel Suriray, successeur de Piel La Ferronière ;
  • Charles Jouault ; domicilié au lieu-dit les vallées.

Situation

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Notes et références

  1. Cartulaire de La Bloutière.
  2. 5 E 18570 Me Hue Cérences 30 IX 1787.
  3. 5 E 16435
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 et 4,5 Roue hydraulique
  5. 5 E 16801.
  6. Chez Lefebure notaire à Villedieu-les-Poêles reçu le 21 mars 1870.
  7. Grand-père maternel de Jacqueline et Jean Cadet.
  8. Fils de Victor Jean, seul héritier
  9. 5 E 22351.
  10. Vente des biens nationaux par les administrateurs du district d’Avranches (pas d’acte au tribunal civil)
  11. Transport de rente entre Guillaume Haupais, ancien meunier, de présent laboureur, demeurant à La Colombe, Pierre Haupais, son fils, meunier à La Luzerne, et le sieur Antoine Le Moine, meunier à Villedieu-les-Poêles le 22 mars 1825.
  12. Vente sous seing privé.
  13. Archives notariales Villedieu : 5 E 16811.
  14. Dossier Z 712 aux archives départementales de la sous-préfecture d’Avranches.
  15. Sarot évoque l’année 1794. Les décès sont constatés pour le 1er (Jacques Guillaume Mauviel) tué sur le coup le 2 floréal an IV et les deux autres (François et Georges Legentil) décédés des suites de leurs blessures le 5 floréal an IV (5 MI 1312).

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