Moulins dans la Manche
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Les moulins, à vent et à eau, ont été nombreux dans la Manche, et quelques-uns témoignent encore aujourd'hui de ce riche passé.
Histoire
Le moulin à eau se développe dès le IXe siècle quand disparaît l'esclavage : l'énergie hydraulique permet une production bien supérieure à l'énergie animale ou humaine [1]. Des fouilles archéologiques menées à Colomby ont mis au jour les restes d'un moulin à eau du XIe siècle[1].
Les moulins que l'on connaît aujourd'hui dans la Manche sont construits entre le début du XVIe siècle et la fin du XVIIIIe [2]. Mais il en existait, ici comme ailleurs, dès le XIIe siècle. Le plus ancien moulin à vent de la Manche serait celui de Liesville-sur-Douve, daté de 1180 [2].
Au début du XIXe siècle, la Manche compte plus d'un millier de moulins à eau, auquel s'ajoutait une centaine de moulins à vent [2]. L'étude des cartes des XVIIIe et XIXe siècles permet d'en identifier au moins 800 dans le Cotentin, hydrauliques pour les trois quarts, du fait de l'important réseau hydrographique notamment sur les rivières de Sinope, Saire, Divette, But, et éolien pour 180, en particulier sur les hauteurs de la Côte des Iles et du Plain [3].
Les moulins à marée sont quant à eux rares [3]
En 1848, on dénombre 1 045 moulins dans la Manche.
L'arrivée du chemin de fer, à partir de 1858, en favorisant le transport des marchandises, l'émergence de la machine à vapeur, l'apparition de la force électrique et l'urbanisation provoquent l'abandon progressif des moulins [2].
En 1940, pratiquement tous les moulins de la Manche ont cessé leur activité [2]. Six moulins à eau perdurent à Brécey, à Hamelin, à Martigny, au Ham, au Vicel et à Villedieu-les-Poêles [2].
Types de moulins
On distingue les moulins selon le type de force motrice qu'ils utilisent pour actionner leur mécanisme.
Moulins à vent
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Moulin à vent de Gouville-sur-Mer
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Moulin à vent du Cotentin
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Moulin de Moidrey
Le moulin à vent semble avoir fait son apparition « dès le 12e siècle » [4]. Mais c'est au 16e siècle qu'il connaît son « apogée » [4]. En 1940, « sa disparition était consommée [4].
Ces moulins sont généralement construits en pierre et de type « moulin-tour » [4]. Sauf exception, ils ne servent pas d'habitat au meunier [4]. Ils sont, bien sûr, installés dans des zones où le vent est fréquent et fort, notamment près du littoral [4].
Au milieu du 19e siècle, la Manche compte environ 70 moulins à vent [4].
- voir aussi Liste des moulins à vent
Moulins à eau
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Grand moulin Bertin à Anneville-en-Saire.
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Moulin de Cuves.
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Moulin de Vicquet à Nicorps.
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Moulin de Virey.
« Il n'y avait aucune rivière ou ruisseau sur lequel n'ait été établi un moulin à eau », rappelle Michel Hébert [4].
À la fin du 19e siècle, la Manche compte plus de 1 100 moulins à eau [4] :
- 273 dans l'arrondissement de Saint-Lô
- 257 dans l'arrondissement de Coutances
- 228 dans l'arrondissement de Valognes
- 210 dans l'arrondissement d'Avranches
- 148 dans l'arrondissement de Cherbourg
- voir aussi Liste des moulins à eau
Moulins à marée
On en connaît peu dans la Manche. Il y eut un moulin à marée à Cherbourg, au temps du château, construit au XIVe siècle [5], et plusieurs à Carentan [2].
Moulins à vapeur
Au XIXe siècle sont apparues les premières meuneries à vapeur, appelées minoteries. Les meules sont remplacées par des broyeurs mécaniques en fonte actionnés par des moteurs à vapeur. La vapeur est abandonnée avec l'apparition de l'électricité.
- voir Minoterie Béguin au Val-Saint-Père
Moulins par secteur d'activité
Moulins à farine
Leurs meules réduisent en poudre les grains de céréales (orge,blé ou sarrasin).
Moulins à tan
Ils servent à réduire en poudre l'écorce de chêne pour en faire du tan nécessaire au tannage du cuir. On en a recensé jusqu'à 35 dans la Manche [2].
Moulins à papier
Ils connaissent un certain succès dans la Manche. On en a connu à Saint-Lô, Orval, Saint-Denis-le-Gast, Saint-Senier-de-Beuvron, et notamment dans la vallée de Brouains [2]. Ils disparaissent à la fin du XIXe siècle.
Moulins à huile
Ils permettent de produire de l'huile de consommation en broyant du colza, de l'œillette ou de la noisette et de l'huile à usage industriel ou destinée à l'alimentation du bétail. Ils disparaissent à la fin du Second Empire [2].
Moulins à foulon
Ils permettent de frapper les étoffes récemment tissées imprégnées de terre d'argile pour les rendre moins rêches. On en comptait une bonne cinquantaine dans le département.
Toponymie
Les moulins ont laissé de nombreuses traces dans les noms de lieux :
- La Croix Moulin, Acqueville
- Écalgrain
- Rue du Grand-Moulin, Valognes
- Vallée des Moulins, Fermanville
- Vallée des Moulins, Omonville-la-Rogue
Hydronymie
Les moulins, en particulier ceux à eau, ont servi de marqueur pour les noms des cours d'eau proches :
- Ruisseau du Moulin Richard
- Ruisseau du Moulin du Bois
- Ruisseau du Moulin Chuquet
- Ruisseau du Moulin de Chevry
- Rivière du Moulin
- Ruisseau du Moulin Poisson
- Rivière du Moulin du Pissot
- Ru du Moulin
- Grand Fossé du Moulin
- Ruisseau du Moulin
- Rivière du Moulin
- Ruisseau du Moulin
Bibliographie
- M. F., « Les moulins à papier du Mortainais », Revue de l'Avranchin, n° 254, mars 1968, p. 79-80
Notes et références
- ↑ 1,0 et 1,1 Cyrille Billard (dir.), Archéologies. 10 ans de recherches dans la Manche, Drac de Basse-Normandie, Caen, 2015.
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 2,8 et 2,9 Michel Hébert et Jean-Pierre Lehoussu, La Belle histoire des moulins de la Manche à vent et à eau..., éd. Charles Corlet, 2002.
- ↑ 3,0 et 3,1 Benoît Canu, « Les moulins du Clos du Cotentin : contribution à l’étude d’un facteur et indicateur de l’évolution du territoire et de ses contingences naturelles et anthropiques », In Situ, revue des patrimoines, 2006, n° 7 (lire en ligne).
- ↑ 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 4,6 4,7 et 4,8 Michel Hébert, La Belle histoire des moulins de Normandie à vent et à eau..., éd. Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 2000, pp. 59-64.
- ↑ André Plaisse, « Le moulin à marée de Cherbourg », Cahier des Annales de Normandie, vol. 23, n° 1, 1990, p. 371-383 (lire en ligne).