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Monument de l'Assomption (Cherbourg)

De Wikimanche

Le monument de l'Assomption est un ancien monument de Cherbourg.

Il est réalisé par Jean Aubert et mis en service en 1466 [1] [2]. Il résulte d'un vœu fait par les Cherbourgeois. En 1450, ces derniers jurent qu'ils érigeront un monument en l'honneur de la Vierge si l'armée de Charles VII qui assiège la cité réussit à les débarrasser de l'occupant anglais [2].

Le premier spectacle y est donné le 14 août 1470 [3].

La machine se trouve dans la basilique Sainte-Trinité. Placée en face du portail de l'ouest, elle occupe « tout l'espace vertical qui se trouve à l'aboutissement de la voûte de la grande nef » [2]. Elle mesure vraisemblablement 18 pieds de hauteur (5,832 m) sur environ 12 pieds de largeur (3,888 m) [2]. Elle peut être fermée par deux grandes portes formant une demi-sphère [2].

La partie inférieure représente le paradis terrestre avec Adam et Ève au milieu d'arbres [2]. La partie supérieure, la plus grande, est circulaire. On y voit au premier plan de petits anges en cercle, qui montent et descendent au moyen de rouages [2]. Plus loin, se trouve la Vierge « toute rayonnante dans son Assomption », entourée de petits chérubins, qui peut s'élever dans les airs selon un mécanisme savant [2].

Le monument est si bien conçu que les spectateurs placés sur les gradins ou dans les nefs ne voient aucun des mouvements du mécanisme et ont « l'illusion de voir s'envoler dans le ciel des personnages réels » [2].

Le spectacle attire à chaque représentation une foule importante, dont certains visiteurs éminents, parfois venus de l'étranger, comme le prince Georges d'Autriche ou le cardinal-archevêque de Valence [2]. François Ier lui-même se fait présenter le spectacle lors de sa venue en avril 1532 [2]. Le diable est ajouté en 1560, selon le journal de Gilles de Gouberville.

Une première inscription mentionne que « cet ouvrage a été fait en l'honneur de la Sainte Vierge par un vœu solennel des bourgeois pour être délivrés de la domination des Anglais qui sortirent de cette ville le 12 août 1450. » [2]. Une deuxième inscription indique : « En l'an 1466, cet ouvrage étant achevé fut mis par délibération aux mains de douze des principaux bourgeois de cette ville pour en avoir le soin ce qui fait l'Établissement de la confrérie de Notre-Dame-Montée telle qu'elle encore de présent. » [2]. Une troisième et dernière inscription mentionne : « En la présente année 1680, il a été enrichi et décoré de nouveau par les bourgeois et confrères de Notre-Dame-Montée pour continuer la piété et dévotion de nos ancêtres. » [2].

Peinture remplaçant le monument dans la nef de la basilique Sainte-Trinité de Cherbourg.

Le spectacle est donné pour la dernière fois le 15 août 1701 après qu'une femme y soit blessée lors d'un mouvement de foule [3]. Le mécanisme continue cependant à fonctionner, « mais assez rarement » [3].

Le Mercure de France donne ces éléments en 1743 : « C'est une grande Boëtte attachée à la voûte sur l'entrée du chœur. Elle renferme plusieurs figures mouvantes, qui moyennant des ressorts cachés représentent l'Assomption de N.D. On ouvre la Boëtte dans les bonnes fêtes & on fait mouvoir les figures. L'inscription qu'on y lit, autant que je puis m'en souvenir, que cette machine, qu'on nomme vulgairement la Gripée ou Grimpée, existoit dès le tems du siège de Cherbourg par les Anglois, dont il est parlé ci-dessus. Dans le siècle passé l'église fut interdite, à cause du sang qui y fut répandu dans une foule prodigieuse de de peuple assemblé pour voir ce spectacle, qui ne se donnoit alors que le jour même de l'Assomption. Depuis ce malheur il n'y a plus eu de jour marqué. On m'a dit qu'une des merveilles, qui frape le plus dans cette même machine, c'est qu'un ange automate va rallumer très adroitement les cierges qui y sont, à mesure qu'ils s'éteignent &c. » [4]

Le monument est détruit le 19 janvier 1794 lors des troubles révolutionnaires.

Une peinture représentant l'Assomption de la Vierge a été placée en haut de la nef pour rappeler le monument [2]. Elle est offerte par l'entrepreneur qui restaure l'église entre 1862 et 1864 [3]. On peut y lire la mention suivante : « Vœu solennel des habitants de Cherbourg en 1450 délivrés de la domination étrangère. » [3].

Notes et références

  1. Voisin La Hougue, Histoire de la ville de Cherbourg (continuée de 1728 jusqu'à 1835 par Vérusmor), Boulanger, 1835, p. 86-91.
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 2,12 2,13 et 2,14 Gustave Mouty, « Église Sainte-Trinité : monument de l'Assomption et confrérie de Notre-Dame-Montée », Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. XXIII, 1942, p. 133-145.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 Jean Le Jeune, Documents historiques sur le vieux Cherbourg, éd. La Dépêche, 1981, p. 120-123.
  4. Mercure de France, 1er mars 1743.