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Michel-Jean-Jérome Lefrançois de Lalande

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Michel-Jean-Jérome Lefrançois de Lalande, né à Courcy le 21 avril 1766 [1] et mort à Paris le 8 avril 1839, est une personnalité scientifique de la Manche, astronome de profession.

Biographie

C'est le parent et neveu adoptif du célèbre astronome Joseph Lefrançois de Lalande (1732-1807). Appelé à Paris, chez son oncle adoptif, où tout le monde doit faire de l'astronomie, ses études sont dirigées de bonne heure vers cette science. Dès sa quinzième année, il a déjà commencé à faire des observations qu'il continuera pendant plus de vingt ans avec autant de courage, de zèle et de dextérité que d'intelligence.

On lui doit un grand nombre d'observations et de calculs de tout genre, et quelques catalogues d'étoiles qui ont été insérés successivement dans les volumes de la Connaissance des temps. Il assiste Delambre en 1792 dans la mesure de la méridienne de France autour de Paris, mesure qui ne peut s'effectuer en ces temps difficiles (la Révolution !) qu'en surmontant avec courage des embarras sans cesse renaissants. La planète Mars est alors la seule dont les tables sont encore en erreur d'une à deux minutes. Lefrançois-Lalande calcule, vers 1799, toutes les oppositions et quadratures observées exactement jusqu'alors et en déduit les éléments de l'orbite de Mars. Avec sa théorie du mouvement elliptique et les perturbations calculées par Burckhardt, il forme de nouvelles tables de Mars, bien supérieures aux anciennes. Il les présente à l'institut, et elles sont publiées en 1801 dans la Connaissance des temps pour l'an XII.

Ses divers travaux l'avaient fait appeler, comme astronome adjoint, au Bureau des longitudes lors de la création de cet établissement à la fin de 1795. Cela lui ouvre les portes de l'Institut, où il est nommé le 26 décembre 1801 en remplacement de Bory. Après la mort de Joseph Lalande, (son oncle adoptif), survenue le 4 avril 1807, Buckhardt est élu membre par le Bureau des longitudes, qui, en présentant cette élection à l'approbation du souverain, demande en même temps le titre et les émoluments de membre pour Lefrançois-Lalande. Mais l'empereur, voulant conserver le souvenir des grands services de son oncle, lui donne son neveu pour successeur immédiat, par un décret du 6 juin 1807.

Lefrançois-Lalande fait ses observations parfois au collège de France et le plus souvent à l'école militaire où il dispose de plus grands instruments. L'observatoire bâti en 1768 à l'école militaire pour Jeaurat est démoli en 1786, par suite d'un changement de destination. Lalande jouit d'assez de crédit pour obtenir du maréchal de Ségur, alors ministre de la guerre, la construction d'un nouvel observatoire plus grand, plus solide et mieux placé. Il sera terminé en 1788.

En 1786, il fait acheter par le gouvernement le quart de cercle mural de sept pieds et demi qu'à sa sollicitation Bergeret, receveur des finances et amateur d'astronomie, avait fait construire à Londres par le célèbre Bird. Il a été placé dans l'école militaire en 1778. En 1789, cet observatoire est encore doté d'une lunette méridienne de Lenoir d'une longueur d'environ 1 mètre et d'une ouverture de huit centimètres, et d'une bonne pendule astronomique de Lapaute.

C'est dans cet observatoire restauré et avec ces bons instruments que Lefrançois-Lalande entreprend l'exploration de toute la partie du ciel étoilé visible sur l'horizon de Paris. Le quart de cercle de Bird est d'abord tourné du côté du nord où l'on connaissait peu d'étoiles et ensuite du côté du midi, à l'aide d'un mécanisme qui permet de le déplacer facilement à l'est et à l'ouest du mur de pierres de taille qui le supporte. Le ciel a été partagé en zones de deux degrés. Il passe les nuits à marquer le temps des passages et les distances au zénith des étoiles qui traversent la lunette du quart de cercle mural de Bird. Il suffit de deux ou trois étoiles connues dans chaque zone pour obtenir les ascensions droites de toutes les étoiles observées dans la même nuit. Quand le temps est beau, il les observe par centaines depuis le crépuscule jusqu'à l'aurore.

Dans cette grande entreprise, commencée le 5 août 1789, et continuée avec courage jusqu'en 1800, Lefrançois-Lalande a observé cinquante mille étoiles disséminées sur toutes les parties du ciel, depuis le pôle boréal jusqu'à deux ou trois degrés au-dessous du tropique du Capricorne. Ce sont autant de points de repère, de points fixes, auxquels on peut rapporter les autres astres.

Toutes ces observations ont été consignées dans l'Histoire céleste française, 1 vol. in-4°, publié en 1801 Ce recueil d'observations, le plus considérable jamais formé jusque là, est le fruit de douze années de travail. Il a été d'un grand secours pour les astronomes, qui le consultent sans cesse quand ils veulent suivre dans le ciel la route apparente des comètes et des petites planètes que l'on compare toujours aux étoiles qui se trouvent dans leur voisinage. Delambre, rendant compte de cet immense travail à l'Institut, affirmera que "les astronomes à venir le citeront plus souvent et avec plus d'éloges que les contemporains de l'auteur".

Ce travail d'une si grande importance pour l'astronomie stellaire est le premier qui ait été entrepris dans le monde sur une si grande échelle. Il a été imité depuis en Allemagne par le célèbre Bessel, par Argelander, Lhomon, etc., qui ont entrepris de la même manière l'exploration systématique du ciel par deux degrés.

En 1837, des savants anglais (the British association for the advancement of science)entreprennent et font exécuter à grands frais la réduction de ces observations pour former un catalogue où l'on trouve l'ascension droite et la déclinaison des étoiles de Lefrançais-Lalande, pour le 1er janvier 1800. L'ouvrage a pour titre ; A catalogue of those in the histoire céleste française, reduced at the expense of the British association for the advancement of science, printed at the expense of her majesty's government, London, 1847, grand in-8° de 1 208 pages.

Sous cette forme simple et commode, qui a entraîné des dépenses considérables pour les réductions et l'impression, on a pour le commencement du XIXe siècle le tableau fidèle d'une grande partie du ciel étoilé.

Source

Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, A.Troisnier Desplaces, éditeur, Paris, 1843.

Hommage

Notes et références

Articles connexes