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Louis-Hector de Callières

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Louis-Hector de Callières.

Louis-Hector de Callières ou Callière[1], né à Torigni-sur-Vire le 12 novembre 1648 et mort à Québec (Canada), le 26 mai 1703 [2], est une personnalité militaire de la Manche.

Gouverneur général de la Nouvelle-France

Né au château des comtes de Torigni, la famille Goyon de Matignon, Louis-Hector de Callières est le fils de Jacques de Callières, maréchal de camp et gouverneur de Cherbourg, et Madeleine Potier, fille du seigneur de Courcy. La noblesse de la famille Callières de Normandie est contestée par certains généalogistes qui n'en trouvent pas trace dans les registres [3]. Pourtant, elle décrite comme issue des Callières originaires de l'Angoumois, où sont reconnus en 1490 les titres de noblesse de Jehan de Callières. Celui ci devient par son mariage en 1492 avec Perrette Du Fort, seigneur de Clérac, domaine du Saintonge où s'établit la famille[2] et qui échoit plus tard au frère aîné de Jacques, Alain [3].

Signature.

Il grandit dans un environnement cultivé, son père écrivant plusieurs ouvrages et participant à la fondation de l'Académie de Caen. Son frère aîné, François, deviendra académicien et secrétaire général du Roi [3].

Entré dans l’armée vers 1664, il est capitaine des vaisseaux du roi, et participe aux dernières campagnes de Colbert. Ses affectations durant les vingt années au sein des armées du Roi sont méconnues. Il a été selon ses écrits inspecteur des troupes et a commandé plusieurs places et aurait été capitaine du régiment de Piémont, voir à sa tête quand il est nommé gouverneur de Montréal le 10 avril 1684, en remplacement de François-Marie Perrot [3].

Il embarque à La Rochelle pour une traversée de l'Atlantique d'un mois et arrive à Montréal à l'automne en remontant le Saint-Laurent en barque depuis Québec. Il trouve une ville d'un millier d'habitants, sale, ou la contrebande sévit, et menacée par les attaques des Iroquois [3]. Dès son arrivée, il prend des mesures draconiennes, interdisant la vente d’alcool et organisant des milices [4].

Le gouverneur de la Nouvelle-France Brisay de Denonville lui adjoint les rives nord et sud du Saint-Laurent, jusqu’au lac Saint-Pierre et sollicite la nomination de Callière comme son second, ce que le ministre de la Marine accepte en 1687 [2].

La même année, il mène l'arrière garde formée de volontaires, voyageurs et d'Amérindiens lors d'une attaque dirigée par Denonville vers le fort Frontenac (auj. Kingston, Ontario) où sont capturés 50 Tsonnontouans. Alerté par ses éclaireurs, il informe Denonville de la présence à quelques lieues au sud du lac Ontario de 600 Iroquois auxquels ils livrent bataille et qui se retirent rapidement. Les vainqueurs, conservant ainsi le contrôle du commerce des fourrures par la France sur ce territoire, incendient champs et villages lors de leur repli [3].

Carte de Ville-Marie (Montréal) en 1761, par Murray

Face aux menaces des Cinq-Nations, attisées par cette attaque, et des Anglais, Callières qui écrit dès octobre 1685 que « pour pourvoir à la sûreté de tout le pays, il faut commencer par établir celle de cette île qui garde les avenues du fleuve Saint-Laurent », protège Montréal par une palissade rectangulaire de 2,8 km en pieux de cèdre de 5 m de long par 35 cm de diamètre. Elle est dotée de cinq portes et défendue par huit fronts et des guérites. Dans chaque seigneurie, des redoutes de pieux de 13 à 14 pieds offrent un refuge à la population. 28 forts sont construits ou renforcés selon Gédéon de Catalogne [3].

New York, détenu par les Anglais, qui arment les Iroquois, est pour Callières en enjeu stratégique. Après avoir proposé de racheter la ville quand la France et l'Angleterre sont en paix, il va à Versailles en 1688 pour soumettre au roi le projet de conquête de la ville et réclame deux frégates et 2 000 hommes[3]. Louis XIV accepte après quelques modifications du plan et lui promet le poste de gouverneur de la place gagnée. Mais l'opération doit finalement être abandonnée du fait du retard des frégates au large de la colonie britannique [2]

Début octobre 1690, Callières gagne Québec assiégé par les Bostoniens. Arrivé le 16, à la tête de 800 hommes recrutés sur le chemin, il apporte son concours à Frontenac, obligeant à la fin de mois la flotte du commandant anglais Phipps à se replier [3].

Il poursuit l'amélioration de la défense de la région. En 1791, il complète les fortifications par le creusement d'un fossé à leurs pieds. Il contre une attaque anglaise contre Montréal en campant à La Prairie avec 800 hommes. En 1793, il planifie l'attaque de villages iroquois près d'Albany, et il fortifie le moulin du coteau Saint-Louis, et envisage la mise en œuvre d'un système d'écluses permettant d'inonder les terres en cas d'invasions iroquoises [3].

En 1694, un an après sa création, il reçoit la croix de chevalier de l'Ordre militaire Saint-Louis dont il est le premier membre de Nouvelle-France, grâce probablement aux louages du gouverneur général Frontenac, décoré en 1697, et à l'influence de son frère auprès du Roi [3].

Avec Frontenac et Champigny, il conteste la décision prise à Versailles en 1696 d'abandonner la traite des fourrures dans l'ouest. À la fin juillet, afin d'éviter une alliance entre Iroquois et Outaouais, il mène avec Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France, et Ramezay, gouverneur des Trois-Rivières, une troupe de 2 000 soldats de la marine, miliciens et Indiens, qui débarque sur la rive méridionale du lac Ontario et ravage les territoires des Onontagués et des Onneiouts[2]. Fort de cette victoire, et tandis que les Iroquois sont affaiblis par les années de guerre et les maladies, Callières mène plusieurs négociations de paix à partir de 1696 [3].

Quand Frontenac meurt, le 28 novembre 1698, Callières devient gouverneur général de la Nouvelle-France par intérim, puis titulaire le 14 septembre 1699, après avoir écarté son rival, Vaudreuil, grâce à la rapidité de son émissaire, Augustin Le Gardeur de Courtemanche, à gagner Versailles, et à la proximité de son frère, François de Callières, du Roi [2].

Copie de la Grande paix de Montréal de 1701

Conscient que seule la paix peut sauver la position française en Amérique, il s'attèle à négocier durablement avec les Nations indiennes, tout en posant ses conditions : la libération de tous les prisonniers français et alliés, et la signature de toutes les peuples indiens[3]. Après un premier traité réunissant treize signatures, dont les cinq nations iroquoises, Callières organise du 23 juillet au 8 août 1701 une conférence qui réunit 1300 Amérindiens. Les délégations aboutissent à la signature de la Grande paix de Montréal le 4 août 1701, qui acte la fin des agressions indiennes et la neutralité des Iroquois dans les conflits franco-anglais [2].

Durant ces années, il doit également faire respecter la fin du commerce des peaux de castors décrété par le Roi et gérer l'implantation de nouveaux établissements à Détroit et en Louisiane. Durant la guerre de Succession espagnole, à partir de 1702, il organise la stratégie française alliant paix de la colonie de New York avec les Iroquois et attaques de la Nouvelle-Angleterre par les Abénaquis [2].

Il est atteint durant la messe du jour de l’Ascension de 1703 en la cathédrale de Québec, d'une hémorragie subite[2]. D'autres sources le disent mort de ses gouttes, ou de la petite vérole. Il meurt le 26 mai, laissant 1 200 livres aux Récollets pour la construction de leur couvent, dans la chapelle duquel il est inhumé à sa demande. Son secrétaire, son maître d'hôtel et son valet de chambre se partagent la vaisselle d'argent, le reste de ses bien allant à son frère, François [3].

« C'était un homme qui avait des vues droites et désintéressées, assure Voisin La Hougue. On admirait également sa conduite et son intrépidité ; il était sans préjugé, sans passion ; il avait beaucoup de probité et de valeur, un grand sens et une fermeté toujours d'accord avec la raison. Enfin, il avait toutes les bonnes qualités requises dans un homme qui occupe une place telle qu'était la sienne. » [5].

Les cendres de cet illustre Manchois reposent dans les caveaux de la cathédrale de Québec [4].

Hommages

Son nom demeure attaché au site originel de Montréal, appelé Pointe-à-Callière (aujourd'hui Pointe Saint-Charles) et qui a donné son nom au musée d'archéologie qui y est érigé. Le long de l'ancien emplacement de son château, disparu dans les années 1760, court la rue Callière.

Vers 1840, son nom est donné à une rue de Cherbourg [6].

Distinction

Il est chevalier de Saint-Louis.

Notes et références

  1. Il signait en omettant le « s ».
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 et 2,8 Yves F. Zoltvany, « Callière, Louis-Hector, de », Dictionnaire biographique du Canada en ligne, université de Toronton/Laval, 2000 (lire en ligne) ».
  3. 3,00 3,01 3,02 3,03 3,04 3,05 3,06 3,07 3,08 3,09 3,10 3,11 3,12 et 3,13 Musée d'archéologie de Pointe-à-Callière, Louis-Hector de Callières : homme de guerre, homme de paix, Cap-Rouge, Presses Inter Universitaires, Montréal, 2001.
  4. 4,0 et 4,1 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 2, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, éditions Eurocibles, Marigny.
  5. Voisin La Hougue, Histoire de la ville de Cherbourg (continuée de 1728 jusqu'à 1835 par Vérusmor), impr. Boulanger, 1835, p. 124-125.
  6. René Le Tenneur, Les Normands et les origines du Canada français, éd. Ocep, 1973, pp. 214-215.

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