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Moulin de la Becquetière

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Le moulin de la Becquetière est un ancien moulin de la Manche situé sur la rivière Joigne, dans la commune de Dangy.

Citations

« Il y a quelques siècles, pas plus, le pays environnant le village de la Becquetière (en patois, la Becq'tyire) et le bourg voisin de Dangy, présentait un tout autre aspect. Outre que les bois étaient beaucoup plus nombreux, il y avait dans la contrée plus de terres à céréales que de prairies, ce qui est tout le contraire d'aujourd'hui.
Chaque laboureur cultivait, avec des attelages de bœufs le plus souvent, le lopin de terre à sa disposition. Il récoltait le blé nécessaire et suffisant à la consommation de sa famille, rarement davantage, et, après l'avoir fait moudre au moulin le plus proche, moulin banal ou autre, il utilisait la farine ainsi obtenue pour faire lui-même, dans son four, le pain bis de la semaine.

N'était alors en prés que le terrain avoisinant le logis, autant qu'il en fallait pour les bêtes à cornes, comme on disait, et encore allaient-elles le plus souvent avec les porcs, au pacage et à la glandée sous les futaies des alentours, dans les landes, les friches ou les jachères.

En ce temps-là, le voyageur venu du Pont-Brocard, alors un village d'importance et la plupart du temps gardé militairement, paroisse attitrée avec un curé et un conseil des anciens, et qui se rendait à Saint-Lô par la rue de ce nom très fréquentée par des cavaliers et des piétons pouvait à loisir admirer un site superbe à l'endroit du gué de la Becquetière. Il avait en effet à sa droite, vers l'orient, la perspective par enfilade d'un étroit mais long vallon boiseux, ses deux rives s'élevant en pente rapide, et au fond le cours de la Joigne, passant auprès du Moulinet avant de se mêler aux flux de l'étang de la Becquetière. Si le voyageur était monté à cheval, mulet ou âne, il franchissait la Joigne à gué ; s'il était à pied et au moment des crues, il avait le choix entre les grosses pierres disposées à bonne distance l'une de l'autre dans le lit du ruisseau, ou la passerelle formée de deux poutres jumelées et flanquées d'une perche servait de garde-fou.

Le voyageur venu de Pont-Brocard par La rue de Saint-Lô, surtout parcourue par des commerçants et des gens d'armes, pouvait encore voir et admirer, s'il était doué de quelque sens artistique, le magnifique étang de la Becquetière alimenté à la fois par la Joigne et par le ruisseau de la Rihouyère jadis bordé de touffes d'osier, utilisé par les vanniers ... »[1].

« L'étang de la Becquetière n'avait pas échappé au sort de beaucoup d'autres étangs. Ses eaux étaient utilisées pour faire tourner un moulin, vers la bonde, à l'endroit de son déversoir.

Le constructeur du moulin avait même pris la précaution d'en augmenter le volume en élevant une forte digue vers le couchant, où il demeurait dans une bâtisse agréablement juchée sur une sorte de promontoire dominant l'endroit. Ce moulin, dit de la Becquetière, et vers la fin de sa destinée encore appelé « moulin à Dan » présentait l'avantage appréciable de pouvoir tourner le jour, même par les temps de sécheresse, en se servant de la masse liquide accumulée durant la nuit dans l'étang et s'ajoutant à la réserve formée pendant les périodes pluvieuses... ».[1]

« C'était alors le Moulin à Dan, le moulin d'un homme riche qui s'appelait Dan, d'une ancienne famille du pays aujourd'hui dispersée, et qui eut lui aussi, tout comme son moulin, une fin lamentable... »[1].

« Au temps des vaches grasses, un peuple affairé d'ouvriers s'agitaient autour de cet innovateur imposant, qui avait eu le courage d'installer un ourdissoir, des métiers à tisser et une teinturerie à la place du moulin de la Becquetière... »[1].

« Les maisons du village abritaient des tâcherons dont le travail était assuré, et qui gagnaient un fort salaire à rouir le lin, à tirer la navette ou à apprêter des chaînes de fil. Partout l'aisance amenait une joie secrète de vivre en ce lieu, et tout le monde se trouvait heureux sans vouloir l'avouer, comme c'est l'usage ! Dans toute la région, des tisserands.

Mais vint le temps des vaches maigres. Le succès suscita des imitateurs, car les précurseurs qui réussissent sont toujours suivis sur le chemin de la fortune. Les filatures se multiplièrent, et les plus récentes, les mieux outillées, amenèrent la décadence et la chute des premières édifiées.

Pour l'infortuné Dan, les difficultés s'ajoutèrent aux difficultés... »[1].

«… et le vieil homme ruiné garda son foyer avec une petite rente servie par ses obligés d'autrefois... Enfin le vieux Dan, octogénaire, connut une mort toujours lente … il eut pourtant une tombe décente au cimetière du bourg. »[1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 Fernand Vatin, docteur en droit, Les Moulins de la Joigne, libr. Lemasson, Saint-Lô, 1941.

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