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Jean-Marie Giguet-Lefillastre

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Jean-Marie Giguet-Lefillastre, né aux Pieux le 21 août 1762 et mort à Surtainville le 17 novembre 1839 [1] est un chirurgien de la Marine de la Manche.

Biographie

Jean-Marie Giguet-Lefillastre est né de parents pauvres ; ils ne lui laissèrent pour fortune que l’éducation et l’instruction qu'ils lui procurèrent.

Pendant de longues années, il exerce les fonctions de chirurgien dans la Marine, à bord des navires de l’État. Sa retraite étant gagnée, il vient fixer son domicile à Surtainville, n'ayant d'autres ressources que ses économies.

Faisant beaucoup de bien autour de lui, il encourage, en particulier, l’instruction primaire, distribue des récompenses aux élèves les plus méritants, et tente, déjà, de réaliser l’orientation professionnelle. C'est ainsi qu'en 1838, il couronne le jeune Pierre Denis-Dumont, alors âgé de 8 ans, et conseille à son oncle de lui faire poursuivre ses études.

Peu après son arrivée à Surtainville, il avait établi une lingerie pour les pauvres de la paroisse, auxquels il aimait prodiguer gratuitement dans leurs maladies, Ces soins les plus assidus et les plus précieux.

Sur le point de mourir, il ne s’occupa que des pauvres, pour les inciter à devenir ses seuls et propres héritiers ; ce qu'il fit le 17 septembre 1839, dans le testament suivant :

" Actes de dernières volontés, en faveur des pauvres de Surtainville atteints de maladies aiguës ou chroniques :

Je donne et lègue aux dits pauvres de Surtainville, tout mon mobilier pour entretenir à perpétuité la lingerie, que j'ai établi depuis peu, et à laquelle sera ajouté tout mon linge, qui sera jugé propre pour cela. Cela consiste en une rente de 100 francs sur le Sieur Lepetit de Benoistville, et en une rente de 60 francs sur le Sieur Guillaume Racine de Surtainville. Tout l'argent provenant, soit de ma pension de la Marine, soit de mes rentes viagères et de la vente de mes meubles, argenterie, livres, fera les frais de mise à exécution du présent complément de la dite lingerie de Surtainville, de façon à apporter le nombre de chemises à 200, et celui des draps à 30 ou 40 paires, et le surplus, déposé à la Caisse d'Epargne de Cherbourg.

Il sera formé à perpétuité un conseil de bienfaisance de la charité, composé de Monsieur le Maire (Caillot Frédéric), du curé desservant, tuteur civil et religieux des dits pauvres, auxquels s'adjoindra un troisième membre: une maîtresse de maison pour son intelligence en économie domestique. Il se réunira tous les ans pour constater l'état présent des objets et pourvoir à l'entretien et aux remplacements devenus indispensables. Les deux premiers membres auront le droit de déterminer et d'autoriser l'emploi du linge, dont le soin et la garde sera confié à l'institutrice, qui tiendra un registre de sortie et rentrée: on devra en faire une des conditions de son admission, et il lui sera alloué 30 francs par an pour la tenue dudit registre, côté et paragraphé par le maire, et sera renouvelé chaque année.


Monsieur le Maire, en sa qualité de tuteur civil desdits pauvres, devient l'exécuteur temporaire du présent acte, et je le prie instamment de se refermer dans les dispositions suivantes :

Je veux être enterré comme le plus pauvre de la commune, être porté à la terre par les six pères de familles les plus pauvres et les plus chargés d'enfants, il sera donné à chacun six francs. Le dimanche suivant, il sera distribué, par Monsieur le Maire, 100 francs aux autres pauvres. Je veux, en outre, au 'il ne soit sonné au 'un simple glas d'une heure pour annoncer ma mort, et un second pareil, lorsqu’ 'on m'enlèvera pour me porter à la terre.

Fait et écrit de ma main, le 17 septembre 1839,

Giguet-Lefillastre

Je prie instamment Monsieur Dumanoir-Leconte de faire parti très utile et nécessaire du conseil de bienfaisance pendant toute sa vie. »

C'est à ce testament que l'on doit l'installation du bureau de bienfaisance à Surtainville dans les formes légales.

Jean-Marie Giguet-Lefillastre expire le 17 novembre 1839, un mois après la rédaction de son testament.

En reconnaissance de ce bienfait, le conseil municipal vote des remerciements à M. Giguet-Lefillastre. En 1843, il fait ériger en sa mémoire un tombeau, sur le lieu de sa sépulture, au nord de la nef de l'église paroissiale Saint Pierre de Surtainville. Ce tombeau, qui est encore visible aujourd'hui, est composé d'un socle, en pierre de Valognes ou d'Yvetot, de 5 mètres de cotés et de 0,120 mètre de haut ; sur lequel repose un Dé (ou corps du tombeau), en pierre calcaire piquée au fin, de 4,48 mètres de cotés et de 0,36 mètre de haut, lui-même surmonté d'un carré identique au socle et d'une pierre tombale taillée en angle, de 0,27 mètre de hauteur et 1,84 de longueur, sur laquelle est gravé l'épitaphe suivante:

« Monument élevé par l'autorité
et le vœu de tous les habitants
de Surtainville en l'honneur de
M. Giguet-Lefillastre Jean Gme Marie Médecin
né aux Pieux, le 21 août 1761
décédé à Surtainville le 17
novembre 1839. Il a légué
la totalité de sa fortune pour
le soulagement des indigents
de Surtainville.
Reconnaissance éternelle à
sa mémoire. »

Notes et références

  1. AD50, NMD Surtainville, An 1830-1839 (5 Mi 760), page 228/232, acte de décès n° 45 (lire en ligne).