Actions

Jacques Debout

De Wikimanche

Jacques Debout, pour l'état civil René Roblot, né à Rauville-la-Place le 12 décembre 1872 et mort à Paris le 1er février 1939, est une personnalité catholique de la Manche.

Biographie

Il est né dans un milieu mêlant bourgeoisie de robe, agriculteurs et institutrice publique à Rauville-la-Place, où Mgr Anger-Billards, chapelain de Notre-Dame de la Délivrance de 1874 à 1906, sera à l'origine de sa vocation religieuse et de son admiration pour l'écrivain Jules Barbey d'Aurevilly.

Il reçoit une éducation profondément chrétienne. Il est élève au collège d'Agneaux, où ses talents et sa distraction font fureur, puis vient à Paris préparer des études de droit. C'est alors qu'il a la vocation religieuse. Il entre au grand séminaire de Coutances [1], puis est ordonné prêtre le 21 décembre 1895 [2]. Il est vicaire à Carentan [2].

Abbé démocrate, Jacques Debout s'engage dans le mouvement naissant des Cercles d'études sociales et des instituts populaires, fonde la revue L'Espérance et apporte sa contribution en 1896 au congrès de la Démocratie chrétienne ; il côtoie Marc Sangnier.

Jacques Debout sur son lit de mort.

Aumônier militaire et infirmier pendant la guerre de 1914-1918, il remporte en 1919 le Grand prix de poésie de l'Académie française avec « Les Morts fécondes ».

Il crée en 1919 la revue Les Cahiers catholiques, qu'il dirigera jusqu'à sa mort, puis en 1922 les Journées d'art religieux (conférences, expositions, concerts, représentations théâtrales, rencontres,...).

Auteur de nombreux ouvrages à grand retentissement et orateur de talent, enseignant aux Ateliers d'art sacré fondés par Maurice Denis et George Desvallières, puis dirigés par Henry de Maistre (les ateliers sont une section de la Société de Saint Jean pour le développement de l'art chrétien), il meurt au 6, rue Coëtlogon, dans le VIe arrondissement de Paris. Ses obsèques sont célébrées le 3 février en l'église Saint-Sulpice, sous le présidence de Mgr Beaussart [2]. Il est inhumé le lendemain à Rauville-la-Place [2]. Il était chanoine honoraire de Meaux.

Militant de la doctrine sociale de l'Église

Après l'Encyclique Rerum novarum du 15 mai 1891, le 16 février 1892, la lettre encyclique du pape Léon XIII encourage le grand mouvement de la démocratie chrétienne. Encore séminariste et n'ayant pas vingt ans, René Roblot organise déjà le congrès de Cherbourg des Jeunes catholiques et fonde en 1895 L'Espérance dont le manifeste est : « Pousser la jeunesse ouvrière à l'étude et à la défense de sa foi religieuse. Lui fournir des convictions sociales raisonnées qui la mettent à l'abri des sophismes révolutionnaires et lui permettent d'exercer une action efficace sur son milieu ».

Dès 1896, au congrès de la Démocratie chrétienne, L'Espérance apporte sa contribution par un rapport ; et René Roblot devient aumônier de l'Institut populaire du Marais "Entre Ciel et Terre".

Portrait de Jacques Debout par Georges Hoog : « Sous une allure un peu bohème, une âme de saint prêtre dont le christianisme se faisait volontiers virulent pour fustiger les égoïsmes, les hypocrisies et les médiocrités satisfaites d'elles-mêmes ; un cœur de poète qui, dès sa jeunesse, s'attendrissait sur la misère des pauvres gens. ».

René Roblot croise ainsi Marc Sangnier et publie Les Nouvelles semailles, Marc Sangnier et le Sillon.

Ses talents oratoires l'amènent à tenir de très nombreuses « réunions contradictoires » d'abord dans des cafés de quartier populaire, puis dans toute la France ; cette expérience, l'écrivain Jacques Debout la publiera dans Le Monde des Vivants, dans Fantoches rouges et bonshommes gris.

Et pour ses conférences de Carême au Canada, Jacques Debout choisit le thème Le Christianisme, c'est la vie portée à son maximum.

Écrivain militant et écrivain du terroir

Né au cœur du pays des inspirations de Barbey d'Aurevilly, où il reçut « ses premières impressions ineffaçables », le petit René Roblot voit entrer dans sa vie quelques mois après sa naissance le chanoine Anger-Billards, forte personnalité et ami de Barbey (leur correspondance a été publiée). Jules Barbey d'Aurevilly, Mgr Auguste Alexandre Anger-Billards et le futur Jacques Debout forment une généalogie spirituelle et littéraire fondée sur des valeurs partagées d'attachement au terroir, de patriotisme, d'intrépidité dans le combat intellectuel et de foi catholique. Lors de l'inauguration du Musée Barbey d'Aurevilly à Saint-Sauveur-le-Vicomte, Jacques Debout lut un poème où il rendit hommage à « ce haut enlumineur de nos vieilles légendes ».

Le 27 novembre 1919, Jacques Debout se voit - lauréat à l'unanimité du concours de poésie - remettre le prix sous la coupole de l'Académie française après une lecture par Maurice Donnay ; l'ouvrage sera préfacé par Maurice Barrès.

Intellectuel engagé pour un art chrétien renouvelé

Jacques Debout fonde le 5 juin 1919 Les Cahiers catholiques, puis, en 1922, les Journées d'art religieux.

Publications

  • Apostolat social et culturel:
    • Revue L'Espérance, 1895
    • Lettres d'un militant, 1900.
    • Le Monde des vivants, 1900.
    • Les Nouvelles semailles, Marc Sangnier et le Sillon, 1904.
    • Journal L'Appel, 1905
    • Revue Les Cahiers catholiques - 1919-1939
    • Les Quinze mystères de la bienheureuse Vierge, 1920.
    • Les Nouvelles lettres d'un militant, 1921.
    • Et par omissions, 1926.
    • D'après les paraboles, 1927.
    • Le Chanoine Broussillard à Ninive, 1928.
    • Les Assassins comme il faut, 1929.
    • La Femmes aux douze étoiles, 1930.
    • Passiflore des Alpes, Alice de Jésus, 1931.
    • Fantoches rouges et bonshommes gris, 1932.
    • Le Chanoine Broussillard dans la brousse, 1933.
    • Plaies Égypte et Terre Promise, 1934.
    • Jean Quelconque et le Pater, 1934. Prix de l'Académie française
    • La Mort est morte, 1935.
Théâtre
    • Le Mystère de Noël, 1901.
    • Le Mystère de la Miséricorde, 1908.
    • Les Voix de Jeanne d'Arc, 1920.
    • Lumière à l'offrande, 1926.
    • Les Disciples de Verdun, 1927.
    • Les Trois contre l'Autel, 1928.
    • L'Enfer contre l'Autel, 1930.
    • Les Trois visites de Sœur Thérèse, 1930.
    • Un Dieu sur la paille, 1931.
    • Job, maître d'école libre, 1932.
    • La Princesse à l'hostie, 1934.
    • Julie Postel, femme forte, 1936.
    • L'Événement, 1938.
Poésie
    • Les Morts fécondes, 1919. Grand prix de poésie de l'Académie française
    • L'Âme du feu, 1922
Divers
    • Les Victoires de l'âme française recueil de conférences et de discours, 1915.
    • L'Église et la valeur humaine, Carême de Montréal, 1928.

Hommages

  • Un vitrail signé du maître verrier Paul Bony honore sa mémoire dans l'église Saint-Laurent de Rauville-la-Place, au-dessus de la cuve baptismale.
  • Le 26 juillet 1961, une stèle est inaugurée dans sa commune natale, prés de la chapelle de la Délivrance, en présence du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, primat des Gaules [3].

Notes et références

  1. Le Temps, 2 février 1939.
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 « M. le chanoine Roblot », Journal de Valognes, 4 février 1939.
  3. « Le chanoine Roblot (Jacques Debout) a été honoré hier dans son pays natal : Rauville-la-Place », Ouest-France, 27 juillet 1961.