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Histoire de l'agriculture dans la Manche

De Wikimanche

Ancien Régime et Révolution française

À l'époque de la monarchie absolue, les terres appartiennent exclusivement, à l'exception de quelques marchands laboureurs propriétaires, aux seigneurs qui les louent en fermage à quelques exploitants qui font appel son leurs besoins aux journaliers agricoles [1].

La production a uniquement une visée vivrière voire autarcique. La ferme est petite, avec un potager et une basse cour de quelques bêtes (volailles, cochons, moutons). Les céréales occupent la majorité des champs, avec un rendement de 20 ares de blé par jour pour un cultivateur. L'élevage bovin et équin se concentre dans les zones non labourables comme les marais, tandis que la vaine pâture dans les landes est dédiée aux moutons. Les terres cultivables peuvent être gérées de trois manières : l'assolement triennal, l'assolement quadriennal, ou le pâtis [1]. Au XVIIe siècle, l'ancien prieur de Toul exilé au Mesnil-Garnier décrit les paysans du sud du diocèse de Coutances, cultivant des céréales, puis devenant bûcherons ou charbonniers à l'automne, artisans lors des jours hivernaux les plus rudes (chaudrons en cuivre, tamis en crin de cheval) [2].

L'abolition des droits seigneuriaux en 1789 n'implique qu'à la marge une acquisition des terres par les cultivateurs, trop pauvres pour prétendre acheter des terres de plus d'un hectare. Nobles et notables bourgeois se partagent l'essentiel des campagnes, de quelques agriculteurs aisés[1].

XIXe siècle : entre modernisation et exode

Paysans qui bêchent, Jean-François Millet.

L'Empire organise la vie rurale par le Code rural de 1801 et le Code civil qui impose en 1804 l'égalité de partage dans les héritages, entrainant le morcellement des parcelles dont les limites et les propriétaires sont recensés par le cadastre à partir de 1807 [1].

En parallèle, les campagnes voient pousser d'une petite industrie : la filature du Vast compte jusqu'à 600 ouvriers, la métallurgie à Brouains profite du courant de la Sée pour actionner ses moulins... [1]

Quatrième démographie départementale française avec 611 000 habitants en 1826, rurale au trois quarts, la Manche doit produire plus pour nourrir une population urbaine et rurale grandissante. On défriche davantage de terres pour atteindre le labourage de 80% de la surface agricole, et on en améliore le rendement par l'amendement et les engrais naturels[1], principalement du guano de la côte pacifique sud-américaine utilisés dès les années 1840 [3].

À l'approche des années 1850, les méthodes évoluent : la première tarare annonce la mécanisation de l'agriculture, les sociétés d'agriculture diffusent les bonnes pratiques dans les exploitations, les comices agricoles valorise l'excellence, de nouvelles plantes fourragères sont cultivées et la faucille laisse rapidement sa place à la faux. L'agronomie progresse aussi par le truchement des « gentlemen farmers » français que sont les grands nobles propriétaires terriens, tel Alexandre du Moncel à Martinvast, le comte de Kergorlay à Canisy, le comte de Sesmaisons à Flamanville, le marquis Verdun de la Crenne ou encore le comte César de Moré de Pontgibaud, qui expérimentent dans leurs fermes modèles de nouveaux types d'assolement, s'essayent aux innovations agraires, tentent de réorganiser l'espace agricole [1]. L'Association normande pour le progrès de l'agriculture, animée notamment par Eugène d'Halwin de Piennes, contribue au développement de l'agriculture et de l'élevage local.

L'industrie agroalimentaire fait ses premiers pas également avec les fabriques de beurres, qui collectent le lait pour fabriquer le beurre qu'elles exportent, à l'image de Bretel Frères à Valognes et Lepelletier à Carentan. Ces entreprises profitent des nouvelles voies de communication qui ouvrent la Manche à la France et au monde : Carentan-Brighton en 1851, ligne Paris-Cherbourg en 1858, ligne Paris-Granville en 1870, ligne Sottevast-Coutances en 1884, ligne Carentan-Carteret à partir de 1889. Au commerce du beurre s'ajoute celui de la viande salée, du cidre et des pommes de terre. La baisse des revenus dus à concurrence des nouveaux pays sur les céréales, et le profit qu'offre l'élevage incitent les agriculteurs à s'y consacrer. Ainsi, 30 % de terres labourées deviennent des herbages en vingt ans [1].

Prévus en 1892 pour protéger le marché intérieur des produits à bas coûts étrangers, le relèvement des droits de douanes prévus dans les tarifs Méline de 1892, freinent l'exportation outre-Manche du beurre [4].

La mutation d'une agriculture locale vers l'élevage bovin et laitier se confirme dans des prairies artificielles de trèfle, luzerne et tremaine. Les engrais industriels prennent leur place, à l'instar de ceux produits par les usines Dior, la formation s'améliore avec la loi de 1879 sur l'enseignement départemental et communal de l'agriculture et la création de l'école départementale d'agriculture et de laiterie de Coigny en 1886, le cheptel s'améliore par la création du « herd book » et de la race normande, l'achat de machines agricoles comme l'écrémeuse fait naître de nouveaux établissements tel que Simon Frères à Cherbourg, et les agriculteurs se rassemblent au sein du Syndicat des agriculteurs de la Manche, fondé à Coutances en 1886 [1], puis du Syndicat départemental de la Manche constitué à Saint-Lô en 1906 [4].

En 1880, on dénombre dans le département : 290 750 bovins, 252 400 moutons, 114 700 porcs, 94 680 chevaux, 1 950 ânes, 1 950 chèvres et 1 900 mulets. On y récolte la même année : 1 849 174 hl de pommes de terre, 799 320 hl d'orge, 702 790 hl de sarrasin, 402 933 hl d'avoine, 190 390 quintaux de betteraves, 21 515 quintaux de lin et 5 287 quintaux de chanvre [5].

En 1883, on récolte 1 574 934 hl de froment, 107 200 hl de méteil et 75 536 hl de seigle [5].

« Entre 1880 et 1930, les deux tiers des labours vont disparaître au profit de l'herbage [6] ». Dans la même période, les superficies d'exploitation progressent, le nombre d'exploitations de moins de 10 ha passant de 92 % en 1892 à 71 % en 1929 [4].

Les premières coopératives apparaissent, qu'elles soient laitières, bancaires (Caisse régionale de Crédit agricole mutuel de la Manche en 1907), d'assurances, ou d'approvisionnement (Casam en 1912) [4].

1914-1944 :

L'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne signifie des dizaines de milliers d'hommes en moins pour travailler les champs, des chevaux réquisitionnés, et des usines d'engrais ou de matériels agricoles réorientées vers la confection d'armement [1]. Les producteurs doivent faire face à une hausse des salaires et des loyers mais profitent de celle des prix agricoles [4].

L'exode rural s'accentue dans ses années-là, alors que l'agriculture locale emploie moins de main d'œuvre du fait de sa spécialisation dans l'élevage bovin [1]. La mobilisation et les morts ne font qu'accentuer la dépopulation des campagnes depuis la moitié du XIXe siècle. Face à l'attrait de la ville, de ses emplois industriels, commerciaux et administratifs, la population agricole masculine passant de 128 000 hommes en 1851 à 78 000 en 1921 [4].

Les pouvoirs publics tentent d'enrayer l'hémorragie en facilitant l'accession à la propriété des agriculteurs par un prêt à 1 % sur 25 ans en 1918 et en réduisant le taux d'imposition (5% des revenus des agriculteurs en 1929). Grâce à cela, et aux aides aux anciens combattants, les agriculteurs se désendettent largement durant l'entre-deux-guerres, et acquièrent des terres [1].

L'arrivée de l'électricité dans les campagnes doit également réduire l'attirance vers le monde urbain, et permet de compenser la baisse du nombre d'ouvriers agricoles. En 1924, 77 communes sont raccordées au réseau ; en 1939, elles sont 550. L'eau courante reste en revanche rare dans les fermes [4].

En 1925, les terres labourables couvrent 154 850 ha, les herbages 335 750 ha et les cultures maraîchères 2 500 ha. On dénombre 407 360 bovins (197 340 vaches, 3 630 taureaux, 13 070 bœufs) et 35 000 chevaux. Les vaches donnent en moyenne 9 litres de lait par jour, 657 millions d'hectolitres en production cumulée annuelle. Ces vaches donnent également naissance à 100 000 veaux chaque année [7].

Au milieu des années 1920, la Manche organise 80 grandes foires au cours desquelles sont vendus 80 000 animaux (chevaux et bovins)[7]. En 1939, il existe soixante-quinze marchés et cinquante-neuf foires [4].

En 1929, les prés du département nourrissent 546 800 bovins (dont 280 860 vaches laitières) contre 356 900 dix ans plus tôt, 138 000 moutons (un record) et 75 000 chevaux (dont 17 000 poulinières). Avec 3 445 000 arbres recensés cette même année, les pommiers à cidre deviennent un paysage traditionnel [1].

Le machinisme ne passe pas encore par les tracteurs, seulement 39 cette même année, mais les moissonneuses-lieuses apparaissent. Le progrès, c'est également la fée électricité, produite par l'usine hydraulique de la Roche qui Boit de la Société des forces motrices de la Sélune et installée dans 551 communes en 1939, contre 77 en 1922 [1].

La crise internationale de 1929 entraine pourtant un effondrement des marchés agricoles, avec une baisse de pouvoir d'achat estimé à 25% par rapport à 1914 par le Syndicat des agriculteurs de la Manche. L'exode rural ralentit, même si désormais, la France compte plus d'urbains que de ruraux (ce qui n'est pas le cas dans la Manche), la mécanisation est stoppée net, et la subsistance redevient le fondement de l'organisation agricole [1]. À cette époque, les bouilleurs de cru se mobilisent.

De la subsistance, on arrive à l'autoconsommation, qui double entre 1940 et 1944 en France. L'occupant allemand fait évacuer la côte de la Manche pour construire le Mur de l'Atlantique à partir de 1941. Pour autant, le régime de Vichy s'appuie sur le monde rural pour construire sa « Révolution nationale ». Il édicte la loi sur le remembrement en 1941 [1].

Trentes Glorieuses

Lors du recensement général de l'agriculture, la Manche est le département normand qui compte la plus forte population agricole : 79 500 personnes, contre 46 710 dans le Calvados, 45 420 dans l'Orne, 44 790 en Seine-Maritime et 29 820 dans l'Eure [8].

1980-2000 : l'agriculture européanisée

2000-... : mutations

Globalement, le revenu agricole par exploitation est faible. En 2005, le revenu annuel moyen par actif familial n’atteignait que 11 000 €, plaçant la Manche au 67e rang des départements de métropole. Depuis 1999 il évolue en dents de scie avec une tendance globale à la stagnation. La dépendance à l'encadrement communautaire de la production agricole est importante puisque la part des aides dans le revenu net manchois atteint 85 %, proche de la moyenne nationale (86 %) [9].

Dans la décennie 2000, la restructuration des exploitations agricoles se poursuit. Les arrêts d’exploitations professionnelles sont passés de 640 par an dans les années soixante-dix à 450 par an entre 1988 et 2000, puis 150 par an entre 2000 et 2005 [9]. En 2007, la Manche compte 5 892 exploitations professionnelles [10].

Corollaire de cette réduction du nombre d’exploitation, la taille moyenne des exploitations augmente. Elle a doublé entre 1988 et 2005, passant de 30 à 60 ha, se rapprochant ainsi de la moyenne nationale (65 ha) [9]. En 2007, elle atteint 66 ha[10]. Les exploitations de plus de 100 ha représentent désormais 12,5 % des exploitations professionnelles, alors qu'elles étaient quasi inexistantes en 1988 (0,4 % du total). Le nombre d'aides à l'installation de jeunes agriculteurs, qui était de 190 par an dans les années 1990, a fléchi (184 en 2000, 147 en 2001, 111 en 2002, 112 en 2003, 125 en 2004, 156 en 2005, 117 en 2006, 142 en 2007, 147 en 2008 et 100 en 2009) [9].

Autre évolution constatée dans l’agriculture manchoise : la part croissante de l’emploi salarié. En 2005, les exploitations emploient 1 550 salariés permanents. La croissance rapide de la taille moyenne des exploitations ainsi que la disparition de la main-d’œuvre familiale (épouses et aides familiaux) expliquent ce nouveau besoin de main-d’œuvre. Calculé en UTA, le travail agricole était assuré en 2005 à 68,5 % par les chefs d'exploitation et leurs coexploitants, à 17,4 % par la main-d’œuvre familiale et à 14,1 % par les salariés agricoles - dont seulement 1 % par les coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) et les entreprises de travaux agricoles (ETA) [9].

La politique d’aménagement foncier menée depuis de nombreuses années se poursuit. Au 31 décembre 2005 le bilan est le suivant : 271 communes remembrées, représentant 243 000 hectares et 54 % de la surface agricole utile. De 10 000 ha par an au début des années 1990, on est passé à 7 000 à 8 000 ha par an actuellement. On peut noter qu’à eux seuls, les remembrements induits par la réalisation de l’A84 ont représenté 17 000 ha. Le contournement est d’Avranches, la mise en voie express de l’axe Pontaubault-Pontorson, la mise aux normes autoroutières de la RN 13, l'aménagement des axes Coutances-Granville-Avranches et Saint-Lô-Coutances, vont également se traduire par des aménagements fonciers dans bon nombre de communes [9].

L’agriculture manchoise s’est par ailleurs lancée dans une vaste opération de mise en conformité des bâtiments d’élevage afin d’améliorer la qualité des eaux des rivières et, au-delà celle des eaux littorales. Elle a aussi des effets bénéfiques sur le plan économique en relançant l’investissement agricole et en soutenant l’activité dans le secteur du bâtiment [9].

Pour préserver sa richesse agricole, la Manche mise sur la qualité de ses productions, qui va dans le sens des attentes des consommateurs. Elle a aussi besoin de trouver de nouvelles voies de diversification (agrotourisme, agriculture biologique, …) tout en confortant celles déjà engagées, mais en s’assurant de leur équilibre économique [9].

Cette adaptation / diversification s’avère d’autant plus nécessaire que la conjoncture à court terme est défavorable (dans l’ensemble les prix des produits agricoles stagnent ou baissent, inflation déduite), et qu’à long terme rien ne permet d’affirmer que le montant des aides européennes à l’agriculture se maintiendra [9].

La réforme de la politique agricole commune (PAC) aura des conséquences difficilement mesurables sur l’agriculture manchoise. La principale mesure concerne le « découplage » des aides européennes et de la production. Ce découplage a commencé en 2005 et se poursuit. Depuis janvier 2005, 25 % seulement de la production céréalière continue de recevoir des subventions communautaires. Du côté de l'élevage aussi, les subventions cessent d'être proportionnelles aux volumes de production. Ce découplage atteint les ovins à 50 % et les bovins selon des modalités complexes. Une part croissante des aides européennes directes aux exploitations est affectée à l’environnement et à l'aménagement des campagnes : 3 % en 2003, puis 5 % de 2007 à 2013 [9].

À moyen terme, les experts prévoient une baisse de 5 % de la production de viande bovine et de la surface de céréales, oléagineux et protéagineux. Car cette réforme va décourager la production intensive de taurillons, favoriser l’extensification de la production bovine et, partant, le retour à la prairie de surfaces actuellement cultivées en céréales, notamment en maïs ensilage. Ces mêmes experts estiment que le nombre d’heures travaillées en agriculture devrait diminuer de 5 %. Non pas que chaque agriculteur fasse moins d’heures, mais il y aura moins de paysans et globalement moins de travail fourni. Les experts craignent surtout que le découplage n’instaure une agriculture duale, l’une continuera de produire en visant les rendements, l’autre se contentera de préserver le statut d’exploitant pour toucher les primes [9].

Ce contexte nouveau ne peut qu’accélérer les mutations de l’agriculture manchoise - stagnation du revenu des agriculteurs, réduction du nombre d’exploitants (pyramide des ages aidant), augmentation de la surface moyenne des exploitations, développement de l’agriculture extensive… - et rendre encore plus difficile la reprise des exploitations. Les multiples incertitudes qui pèsent actuellement sur l’agriculture ne peuvent qu’aggraver la crise des vocations dans une activité déjà peu attractive [9].

Face à cet enjeu, le conseil général adopte le 17 juin 2003, une série de propositions destinées à favoriser le maintien d'un nombre élevé d'actifs agricoles, grâce à une politique incitative d'installation de jeunes agriculteurs et à une politique raisonnée d'agrandissement garante de la compétitivité des exploitations existantes. L'objectif est d'aboutir à des installations réussies, à la fois sur le plan économique et en terme de conditions de vie [9].

Filmographie

  • Autour des clochers à bâtière, réalisé par André Boizard, 1954-1962
  • Y'a pus d'saisons ! Chronique de la vie paysanne dans le bocage, 1950-1960, réalisé par Thierry Durand, 2009
  • La saga des paysans de la Manche de 1945 à nos jours, réalisé par Thierry Durand, 2010

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 et 1,15 Grands traits de l’évolution de l’agriculture dans le manche de 1789 à 2000, CPIE du Cotentin.
  2. Jean Frémin, « L'histoire du couvent dominicain du Mesnil-Garnier, dans le Cotentin », Annales de Normandie, 45e année n°4, 1995. (lire en ligne).
  3. Les Dior avant Dior. Saga d’une famille granvillaise, Catalogue de l’exposition, Archives départementales de la Manche, 2005.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 4,6 et 4,7 Livret d’exposition Y’a pus d’saisons - Chronique de la vie rurale dans la Manche de 1900 à 1960, Conseil général de la Manche, 2007.
  5. 5,0 et 5,1 Adolphe Jeanne, Géographie de la Manche, Hachette et Cie, 1884.
  6. La Manche au passé et au présent, éd. Manche-Tourisme, 1984, p. 232.
  7. 7,0 et 7,1 Statistiques de 1925 du ministère de l'Agriculture citées par Émile Damecour dans L'Illustration économique et financière, numéro spécial « La Manche », 28 août 1926, p. 10-11.
  8. Bernard Beck, L'Économie de la région Normandie, édition Marketing, 1975.
  9. 9,00 9,01 9,02 9,03 9,04 9,05 9,06 9,07 9,08 9,09 9,10 9,11 et 9,12 « B - L'agriculture : 4 - Un paysage agricole en pleine mutation », Manche - Carte d'identité, op. cit.'.'.
  10. 10,0 et 10,1 2009 : L’année agricole dans la Manche, Chambre d'agriculture de la Manche, 2010.