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Geoffroy d'Harcourt

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Geoffroy d'Harcourt, aussi Godefroy de Harcourt, né en 1300 ou 1309, mort près de Coutances en 1356 (novembre), est une personnalité militaire de la Manche.

Biographie

Geoffroy d’Harcourt est le fils cadet de Jean III d'Harcourt (1271-1329), vicomte de Châtellerault et de Saint-Sauveur-le-Vicomte, et d'Alix de Brabant (1271-1326), petite-fille du duc Henri III de Brabant (1230-1261) et nièce de la reine Marie de Brabant (1254-1322), épouse du roi de France Philippe III le Hardi (1245-1285). Il a deux frères, Jean IV d'Harcourt (?-1346), comte d'Harcourt à la mort de son père et Louis, vicomte de Saint-Sauveur-le-Vicomte.

Le chevalier boiteux

Geoffroy d’Harcourt, seigneur de Saint-Sauveur-le-Vicomte, est sans conteste une des grandes figures historiques du Cotentin. Mais une figure fort ambigüe bien que, dans ses célèbres Chroniques, Froissart décrive ce héros de la guerre de Cent Ans comme un « chevalier de grand courage et moult vaillant de conseil et d’armes » dont la « haine coûta depuis si grossement au royaume de France, et par especial au Pays de Normandie, que les traces en parurent cent ans après ». Ce descendant d’une vieille famille normande des environs de Brionne a en effet été regardé comme un traître par nombre d’historiens. D’autres, comme Fernand Lechanteur, Jean Mabire et Marcel Lelégard, ont, au contraire, vu en lui un héros de l’irrédentisme normand contre le pouvoir central et un ardent défenseur des franchises et libertés normandes.

L’histoire de celui qui est passé à la postérité sous le surnom du « chevalier boiteux » est longue et tumultueuse. Geoffroy, armé chevalier en 1326, commence la guerre de Cent Ans au service du roi de France, Philippe de Valois, lors des guerres de Flandres (1339), et participe à l'organisation d'une invasion avortée de l'Angleterre depuis le Cotentin [1]. Mais, à la suite d'une tentative échouée de mariage avec une riche héritière du Bessin, Jeanne Bacon du Molay, il affronte la famille des Bertrand de Bricquebec, ce qui le contraint à l'exil en 1343. Il met alors son épée au service du roi d’Angleterre, Henri III, prétendant au trône de France [1].

Dénoncés par un Anglais, le comte de Salisburg, alors qu'ils servent en Bretagne, dans l'armée du roi de France, ses soutiens, Jean de la Roche-Tesson, Guillaume Bacon et Richard de Percy, sont poursuivis pour crime de lèse-majesté et condamnés à mort par la haute-cour de justice, au château de Saint-Christophe-en-Halatte (aujourd'hui Oise), le 31 mars 1344, en présence du roi Philippe de Valois, de son fils Jean, duc de Normandie, et du comte de Blois [1]. La veille de Pâques, le 3 avril, les condamnés sont traînés du Châtelet aux halles, où le bourreau les décapite. Leurs corps sont pendus au gibet de Montfaucon puis leurs têtes envoyées à Saint-Lô, où elles sont mises sur une roue, en plein marché, et exposées sur les trois portes de la ville [2],[3].

En 1345, il reconquiert Guernesey pour le compte de son protecteur et, le 12 juillet de l’année suivante, il est à ses côtés quand les troupes anglaises débarquent à Saint-Vaast-la-Hougue avant de ravager tout le Cotentin [1].

Il est toujours du côté anglais à la bataille de Crécy au cours de laquelle est tué son frère Jean qui combat sous les couleurs françaises [1]. Il change de camp suite à cet événement, trahit Henri III et rentre en grâce auprès de Philippe de Valois qui lui restitue ses biens. Geoffroy n’a cependant pas abandonné son ambition de devenir un jour duc de Normandie [1].

Après la mort de Philippe, il prend le parti des Navarrais, trempe en 1354 dans l’assassinat du Connétable de France, La Cerda à L’Aigle (aujourd'hui Orne), et refuse de faire hommage au dauphin Charles [1]. En 1356, pour la seconde fois, il est banni du royaume de France, mais il n’a pas le temps de s’exiler [1]. La même année, il trouve la mort dans un engagement avec des troupes françaises dans les marais de Brévands selon les uns [4], aux environs de La Feuillie selon les autres [5]. Philippe de Navarre fait transporter son corps en l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte [1].

Un des ses lointains descendants voit le jour en 1743 au château d’Écausseville. Il s’agit du marquis Charles d’Harcourt, qui se distingue en adhérant aux idées de la Révolution et qui refuse d’émigrer. Sous l’Empire, il est conseiller général de la Seine. Rallié à Louis XVIII dès les premiers jours de la Restauration, il est nommé maréchal de camp puis lieutenant-général. Il fait partie de ceux qui votent pour la mort lors du procès du maréchal Ney. Louis XVIII le fait pair de France et lui accorde le droit d’ajouter une fleur de lys à ses armes.

Cette famille illustre donne nombre d’hommes de premier rang dont un ambassadeur, un académicien et un grand chef d’orchestre.

Ascendance

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 et 1,8 René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1.
  2. Hippolyte Sauvage, Les capitaines et gouverneurs du château de Saint-Lô pendant la guerre de Cent ans, de 1337 à 1453, impr. de A. Jacqueline (Saint-Lô), 1902 .
  3. Guillaume Sorel, Petit guide du Nord-Cotentin, II. Le Moyen Âge, éd. Heimdal, 1977, p. 11, situe l'exécution à Saint-Lô, en 1343.
  4. La France 1900, éd. Florilège, 1994, p. 98.
  5. « La Feuillie », Annuaire du département de la Manche, Impr. d'Élie fils, Saint-Lô, vol. 33, 1861, pp. 33-34.

Bibliographie

  • Jean Mabire, La Saga de Godefroy le boiteux, 1980, réédité sous le titre Godefroy de Harcourt, seigneur normand, Les Éditions du Lore, 2008.

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