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Ernest Hemingway dans la Manche (1944)

De Wikimanche

L'écrivain américain Ernest Hemingway (1899-1961) suit, comme correspondant de guerre, la libération de la Manche au cours de l'été 1944.

Dans l'Auberge de la Mère Poulard.

Ernest Hemingway est avec les troupes américaines qui débarquent en Normandie le 6 juin 1944. Journaliste, alors âgé de 44 ans, il assiste, pour l'hebdomadaire Collier's, aux opérations militaires, sur une péniche, au large d'Omaha Beach (Calvados) [1]. Il ne rejoint la terre que lorsque les plages sont complètement contrôlées par l'armée américaine. Il retourne peu après en Angleterre, où la RAF lui fait effectuer quelques survols de la bataille.

Correspondant de guerre.

Revenu en Normandie, il arrive à Cherbourg le 26 juin avec les troupes qui libèrent la ville. Le 27, il y rencontre Bill Walton, correspondant de guerre de Time-Life, qu'il a connu à Londres le mois précédent [2]. Il passe une semaine dans le port normand [2]. Il séjourne quelques jours au château de Tocqueville, s'appropriant le sextant du général allemand qui occupait les lieux pendant la Seconde Guerre mondiale [3]. Le 28 juillet, dans une ferme du Mesnil-Herman, il rencontre le colonel Charles « Buck » Lanham, commandant du 22e régiment d'infanterie, qui accepte de le prendre avec lui [1]. Il est victime d'un accident en jeep [2].

Avec Charles Lanham (à droite).

Le 31 juillet, il commence une longue lettre à Villebaudon, qu'il poursuit et termine le lendemain à Hambye [2]. Elle est destinée à Mary Welsh (1908-1986), connue à Londres deux mois deux mois plus tôt, qu'il épousera en mars 1946 à Cuba. « Juste à l'instant, écrit-il, des gens sont arrivés dans le champ où nous venons juste de nous établir et ils sont en train de bombarder la colline. » [2]. Il explique que, s'ennuyant, il a obtenu d'être affecté à la 4e division d'infanterie américaine et qu'il en est « très heureux » [2]. Il participe à l'Opération Cobra. « Nous avons passé de chics durs moments et ça fait huit jours que nous attaquons sans arrêt. » [2]. Il note au détour qu'il se trouve dans une « jolie campagne », « même très belle » [2]. Il raconte qu'il a pris à l'ennemi « une moto avec side-car », qu'il utilise, ainsi qu'une Mercedes Benz d'état-major décapotable, qu'il fait remettre en état et repeindre [2].

Il suit l'armée américaine jusqu'à Rennes (Ill-et-Vilaine). Mais, attiré par le prestige du lieu, il s'offre le 6 août une excursion au Mont-Saint-Michel, libéré quelques jours auparavant [2] [4]. Accompagné de nouveau de Bill Walton et par le photographe Robert Capa, il y déguste la fameuse omelette de la Mère Poulard dans l'auberge du même nom, à la table de ses propriétaires, M. et Mme Chevalier [2].

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 European Theater Opérations (1944-1945), 2009.
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 et 2,10 Ernest Hemingway, Nouvelles complètes, éd. Gallimard, 1999, p. 1116-1120 et 1173.
  3. « Secrets de châteaux et manoirs », La Presse de la Manche, hors-série, 2018, p. 33.
  4. John G. Morris, « Quelque part en France à l'été 1944 », L'Histoire, 21 août 2013 (lire en ligne). ; Atelier des archives (voir en ligne).