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Discussion:Élément -ey

De Wikimanche

95 % des îles scandinaves, islandaises et féroïennes, utilisent le suffixe öy (norvégien), ö (suèdois et danois qui laissent tomber le y final), ey (islandais) et oy (féroien). Exemples : Vesteröy (l'île de l'ouest), Elgöya (l'île aux élans - le a final étant l'article), Malöy, Grimsey, Surtsey, Heimaey, etc... On peut reconnaître le mot île d'une langue à l'autre dans toutes les langues nordiques (sauf finnois), ce qui est bien pratique : toutes ces variantes se prononcent pratiquement de la même façon. Toutes ces langues sont issues du norrois, la langue des Normands (Viking n'est pas un mot correct ; un norvégien se dit nordmann et on ne prononce pas le d - rien de plus facile !). Les déformations adoptées selon les pays sont assez récentes puisque le ö suèdois et danois (la chute du y) ne date pas de plus de quelques siècles. La langue qui se rapproche le plus du norrois et de l'ancien norrois est incontestablement l'islandais, qui a très peu modifié sa langue. Et on remarque que le ey islandais ressemble drôlement au ey insulaire manchois. Le eyja dont tu parles Dominique est - si je me souviens bien - l'article antéposé pluriel. J'imagine bien qu'il y a quelques siècles on prononçait (à la française et non en API) chauseuille ou chauseille, alderneille. Je pense que cette ressemblance (ey d'un côté et ey/öy de l'autre) ne peut être de l'ordre de la coïncidence, au vu de notre histoire. Mon argumentation, d'une pauvreté affligeante par rapport à celles de Dominique il est vrai, vous a-t-elle convaincue/convaincus (je sais plus !) ? -sandoven- 17 juillet 2009 à 11:56 (CEST)

Pour ce qui est de eyja, j'avais recueilli cette forme dans le glossaire de l'ouvrage de Stefán Einarsson, Icelandic (grammar, texts, glossary), Baltimore, the Johns Hopkins Press, 1945, p. 330b, au sens d'île (avec la précision : weak feminine, 1st class); je n'avais pas cherché plus loin, mais il est vrai que l'on trouve ey dans celui de Snæbjörn Jónsson (A primer of modern Icelandic, Oxford University Press, London, 1927, repr. 1954, p. 218b), avec le même sens. Si les Islandais eux-mêmes ne sont pas d'accord entre eux à ce sujet, je n'y peux rien !! Mais je vais retoucher le texte en conséquence (d'ailleurs, ça sera plus simple).
En ce qui concerne l'argumentation proprement dite, je suis désolé de ne pas en avoir saisi l'objet : que l'islandais moderne, qui est effectivement la plus conservatrice des langues scandinaves actuelles, ressemble à l'ancien norois [1], nul ne le conteste. Mais on ne peut guère en tirer de conclusions, car, tu le soulignes toi-même, les divergences phonétiques des langues scandinaves modernes sont relativement récentes (même s'il existe déjà des variations dialectales en ancien norois). La forme ancienne ey étant généralement répandue aux 9e / 10e siècles, tout ce que l'on peut dire, c'est que l'élément toponymique de la Manche est d'origine noroise, sans plus… Je n'arrive pas à voir où se situe le problème. Með vinsemd, Dominique Fournier 17 juillet 2009 à 16:33 (CEST).
Il n'y a aucun problème ! Ces discussions étaient l'occasion d'évoquer la linguistique et la phonétique scandinave, ce qui me va fort bien :) Souvenirs d'université... La toponymie est quelque chose de passionnant et je continue à lire tes articles avec grand intérêt. Cordialement, -sandoven- 17 juillet 2009 à 20:29 (CEST)

Dorey et autres patronymes en -ey

Je viens poser une question à la marge: certains prétendent, surtout en Angleterre, que les patronymes en "ey" sur nos côtes pourraient être liés à un toponyme. Ce qui donnerait une perspective pour l'origine du nom Dorey autre que celles de Dauzat et Morlet (dérivé de Théodore ou profession d'orfèvre ou de libraire). Car au 16e il est bien écrit avec "ey" contrairement à tous les noms en "e" ou "é". Merci pour des info de Dominique Fournier en attendant une rubrique sur les patronymes du cru. Gilbertdorey 22 avril 2011 à 08:21 (CEST)

L'orthographe en -ey est effectivement ancienne, mais à mon avis le rapprochement avec l'élément ey est très risqué. Les graphies ei, puis ey et ay apparaissent dès la fin de l'ancien français (dans le lexique aussi bien que dans les noms propres) pour lever l'ambiguïté des mots terminés par -e et prononcés (l'accent aigu n'est introduit qu'au 16e siècle, et reste surtout une pratique de quelques imprimeurs; il ne tend à se généraliser qu'au 17e siècle) [2].
Ainsi, la graphie viscontei relevée en 1333 [cf. Inventaire après décès à Saint-Pierre-d'Arthenay (1333)] évite que l'on ne prononce le mot visconte. Il est courant, du 14e au 16e siècle, de trouver dans le même texte le même mot ou nom écrit indifféremment avec -e, -ei ou -ey. En ce qui concerne le patronyme Doré / Doray / Dorey, on constate les mêmes variations : Willelmus Dore en 1198 (Grands Rôles de l'Échiquier); Eudes Dore la Verriniere en 1420 à Caen (Rôles de Bréquigny); Collin Dore en 1550, Collin Doray en 1551 à Montaigu-la-Brisette (Journal de Gilles de Gouberville; le même nom est orthographié par lui Dorey en 1560); Guillaume Dorey, fils Julien 1637 à Lisieux (Contribution extraordinaire), etc. Le fait que ce patronyme représente plutôt un participe passé en (plutôt qu'un nom de lieu) semble confirmé par l'existence du type Ledoré (par exemple Jullien Le Dorey, thenneur en 1637 à Lisieux (Contribution extraordinaire); la veufve de maitre Pierre Ledorey en 1684 à Lisieux (Rôle de taille), etc.
Pour moi, on ne peut invoquer un toponyme comme origine d'un nom de famille que si l'on en a la preuve formelle. Ainsi, rien n'empêche a priori Dorey de représenter « (originaire) d'Auray » (en Bretagne), ou tout autre nom similaire; mais les attestations anciennes du nom vont dans un autre sens. On pourra changer d'opinion si jamais on rencontre un jour dans un texte médiéval normand un Willelmus de Alrae ou de Alrai, par exemple, prouvant qu'il a bien existé une personne portant ce surnom. Dominique Fournier 22 avril 2011 à 11:32 (CEST).

Très très intéressant pour moi, merci dominique Fournier.Gilbertdorey 22 avril 2011 à 11:55 (CEST)

Notes

  1. Puisque les deux orthographes existent (dès l'ancien français), je préfère celle-ci, qui a l'avantage d'être plus simple.
  2. Dans certaines éditions de textes anciens, l'accent aigu est rajouté par convention pour faciliter la lecture, mais n'existe pas, en principe, avant 1529, date de sa première introduction en France. Ainsi, dans l'édition de la première partie du Journal de Gilles de Gouberville, le choix éditorial a été d'écrire systématiquement je ne bouge de céans, et dans la seconde je ne bougé de céans : le manuscrit ne comporte pas d'accent, et l'ajout est uniquement dû à la manière dont le transcripteur comprend le texte.