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Culture légumière dans le Val de Saire

De Wikimanche

L'emballage des choux.

La culture légumière est une activité agricole traditionnelle du Val de Saire.

Elle s'étend sur 2 900 hectares et fait travailler 150 exploitations [1]. On y cultive principalement le poireau, mais également le chou-fleur, la carotte, le chou vert, le brocoli et le persil [1], sans oublier la pomme de terre (mazurienne, reine des cuisines, bonnotte (ou bounotte), etc.).

Histoire

« Longtemps, le colza fit la richesse de notre arrondissement, du Val-de-Saire surtout. Les huiles minérales lui portèrent un coup fatal.
Les cultivateurs, alors, ensemencèrent leurs champs de pommes de terre. Ce précieux tubercule fut, pendant près de trente ans, une source de richesse pour le pays. Les livraisons étaient cotées à un prix fort élevé; elles le furent ensuite à un prix moindre; depuis quelques années, le commerce est de moins en moins fructueux, aussi bien pour les exportateurs que pour les cultivateurs.
Ceux-ci doivent tourner une partie de leur activité ailleurs, chercher un autre rendement. C'est chose facile, la terre étant toujours aussi riche et aussi bien artificiellement fertilisée. » [2]

La culture maraîchère est introduite à Tourlaville vers 1845 par les frères Basile Lemoigne de la Moignerie et Jean-Baptiste Lemoigne de la Moignerie [3]. Les deux frères développent aussi la culture de l'artichaut, de la pomme de terre et du persil [3]. Une partie de la production est expédiée principalement à Paris et à Londres (Angleterre) par le bateau de Southampton, mais également à Rouen, Le Havre, Caen et Lisieux [3]. Jusqu'en 1932, les maraîchers exportent aussi leur production en Allemagne [4]. La culture s'étend sur trois cents hectares Quand exactement ? [3].


En 1930, Le Phosphate relève que :

« Ces cultures épuisantes ne sont possible qu'à grand renfort des engrais et, suivant le Bulletin des Engrais, on a remplacé les vidanges, très employées pendant longtemps, par du fumier et des engrais chimiques.
On utilise chaque année, sur tout le terrain, 20 mètres cubes à la vergée de fumier, transporté au cours du mois d'août, et disposé en tas d'un demi-mètre cube environ, tous les 5 à 6 mètres, à l'aide d'une fourche appelée "havet".
Chaque cultivateur fait ensuite le mélange de "chimique" qui lui convient. En général, on utilise une formule comprenant moitié de "super-os", un quart de sulfate d'ammoniaque et un quart de nitrate de soude, et ce "complet" sans potasse est utilisé pour le chou nouveau à la dose de 5.000 kilogr. à l'hectare, soit 2.500 kilogr. d'engrais azoté par vergée de 20 ares, ce qui donne, avec une moyenne de 10.000 choux à la vergée, 50 grammes d'engrais azoté par chou. » [5]

Le géographe Armand Frémont note en 1977 : « En bordure du Val de Saire, [la culture légumière] se développe à partir du noyau traditionnel de Réville-Montfarville-Barfleur, au point de grouper maintenant plus de 800 producteurs sur 2 000 hectares principalement occupés par des plantations de carottes (40 % des surfaces) et aussi de choux-fleurs, de pommes de terre de primeur et d'artichauts » [6].

Une vingtaine d'années plus tard, en 1996, la plupart des producteurs de choux-fleurs, ayant pris conscience des ravages provoqués par vingt-cinq années de mono-culture, décident de réduire l'utilisation des engrais et des pesticides, de replanter des haies et de rétablir la rotation des cultures [7]. Ce programme agro-environnemental signé pour cinq ans est soutenu par la Communauté européenne à hauteur de soixante millions de francs, le Conseil régional de Basse-Normandie pour quinze millions et l'État pour quinze autres millions [7]. Il concerne 143 maraîchers sur 170, soit 4 000 hectares [7]. La diminution des engrais chimiques sera partiellement compensée par l'apport de compost fourni par la Communauté urbaine de Cherbourg [7]. La rotation des cultures implique de consacrer deux années aux légumes et la troisième année aux céréales ou aux graminées fourragères [7]. Une vingtaine de kilomètres de haies doit également être replantée pour réduire l'érosion [7].

Entre les années 1990 et les années 2010, la production de chou-fleur régresse de 16 millions de têtes à 6,5 millions [1].

Bibliographie

  • A. Briard, Le Val de Saire : évolution d'une région légumière depuis 25 ans, Mémoire de maîtrise de géographie, Université de Caen, 158 p., 1990.

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 « Terre féconde, mer nourricière : un pays au naturel», Au fil de la Normandie, n° 30, été 2011.
  2. L'Impartial, 14 janvier 1899.
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 F. Point, « La culture maraîchère à Tourlaville », Cherbourg et le Cotentin, Impr. Émile Le Maout, 1905, pp. 413-432.
  4. La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, 1er mars 1932.
  5. « Les engrais dans le Val de Saire », Le Phosphate, 15 janvier 1930.
  6. Armand Frémont, Atlas et géographie de la Normandie, éd. Flammarion, 1977.
  7. 7,0 7,1 7,2 7,3 7,4 et 7,5 « Le Val de Saire met ses légumes au régime allégé », Basse-Normandie notre région, n° 27, juin 1997.

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