Actions

Compagnie générale transatlantique

De Wikimanche

La Compagnie générale maritime puis Compagnie générale transatlantique (ou Transat) est une entreprise de transport maritime liée à la Manche.

Historique

En 1853, les Granvillais François Théroulde et Jacques Le Campion s'associent dans la maison d'armement La Terre-Neuvienne, spécialisée dans la pêche à la morue et le transport maritime. Les 24 et 25 février 1855, les frères Péreire, banquiers fondateurs de la Société générale du crédit immobilier à Paris en 1852, créent à Granville la Compagnie générale maritime (CGM), qu'approuve le 2 mai suivant Napoléon III[1].

Sans navires ni expérience, les financiers parisiens rachètent aux armateurs granvillais La Terre-Neuvienne, qui apporte dans sa dot 80 bateaux et des immeubles à Granville et aux Antilles[1]. Actionnaires, Le Campion est administrateur de la nouvelle entreprise, Théroulde le directeur de 1855 à 1861.

La CGM reprend les activités de La Terre-Neuvienne : pêche à Terre-Neuve et fret maritime vers les Antilles, les Indes, la Californie et la Réunion. L'hôtel granvillais Le Campion et Theroulde (aujourd'hui au 14 rue Le Campion) est vendu en 1857 pour cent dix-mille francs à la Compagnie générale maritime qui en fait son siège social jusqu'en 1873. Celle-ci renouvelle en 1858 la convention, initialement signée par l'oncle et le neveu, avec le ministre de la Marine, pour l'introduction de 3 000 Indiens par an en Guadeloupe et Martinique jusqu'en 1862[2].

En 1860, à l'instar de la Royal Mail Steam Packet Company au Royaume-Uni, la CGM reçoit du gouvernement impérial une subvention de 18 millions pour ouvrir via les Antilles, des liaisons postales entre Saint-Nazaire et Vera Cruz et entre Le Havre et New York. Après avoir investi dans un chantier naval de Saint-Nazaire, la société, devenue Compagnie générale transatlantique (CGT) en 1861, commande au chantier écossais de Greenock les paquebots à vapeur le Washington, le Lafayette et l’Europe. La liaison mexicaine est inaugurée en 1862, la liaison américaine par le Washington le 15 juin 1864[1].

La CGT oublie sa naissance manchoise, et choisit lors de l'épopée transatlantique de la première moitié du XXe siècle, Le Havre comme port français des Amériques alors que Cherbourg est le port d'escales des compagnies américaines, britaniques ou allemandes. Cependant, au début de 1925, la CGT étudie la possibilité de faire partir ses paquebots fonctionnant au mazout du port du Cotentin, l'essentiel de sa flotte demeurant au Havre. Le projet n'aboutit pas, et Cherbourg voit dans les années qui suivent la fin de la Première Guerre mondiale, le passage régulier du Pologne, du Virginie et du Niagara. Le De Grasse accoste sur le tout nouveau quai de France en décembre 1932, le mythique Normandie fait une escale forcée en décembre 1936 le temps que la grève de l'équipage du Champlain, qui occupe le quai havrais qui lui est promis, soit levée, et le Paris relâche en 1938[1]. Un artiste granvillais, Léon Carré, est sollicité pour la décoration de l' Île-deFrance en 1927.

Après la Seconde Guerre mondiale, l' Île-deFrance est le premier transatlantique à partir de Cherbourg. Entre le 19 et le 21 juin 1974, la fièrté nationale qu'est le France est à son tour contrainte à une escale dans la rade de Cherbourg par une grève, celle des remorqueurs havrais. Les 850 passagers débarquent pour prendre le train vers Paris et plus de mille passagers embarquent pour New York. Une nouvelle fois, la Transat, en quête d'économie de carburant, pense à faire de Cherbourg sa tête de ligne estivale. Mais cette présence du France clot la présence de la CGT à Cherbourg, qui fusionne l'année suivante avec la Compagnie des messageries maritimes (MM) pour redevenir la Compagnie générale maritime, puis la CGA-CGM. Le 24 septembre, la star s'offre un rappel dans la rade de Saint-Vaast-la-Hougue : occupé par les marins qui veulent contrer son désarmement, il est contraint par la tempête de mouiller au large du Val de Saire jusqu'au 8 octobre. Vendu, il réapparait à Cherbourg, sous le nom du Norway, en juillet et septembre 1998 puis en septembre 1999, à l'occasion de croisières européennes[1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 Frédéric Patard, Cherbourg, port du Titanic et des transatlantiques, La Presse de la Manche, 2011.
  2. Christian Schnakenbourg, Histoire de l'industrie sucrière en Guadeloupe aux XIXe et XXe siècles : La transition post-esclavagiste, 1848-1883, L'Harmattan, 2007.