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Cheminée de l'ancienne abbaye du Voeu

De Wikimanche

La cheminée.
Manteau de la cheminée par Édelestan Jardin.

La cheminée de l'Abbaye du Vœu est un monument historique de la Manche.

Historique

Cette cheminée monumentale en pierre, taillée, peinte et dorée, a été réalisée au XVIe siècle, dans un style Renaissance, pour le logis de l'abbé de l'abbaye cherbourgeoise. Les parties en retour, sur les côtés, ont été refaites[1].

La grande cheminée était placée dans la grande salle du logis abbatial, affectée ensuite au logement du directeur de l'artillerie de terre, bâtiment G de l'arsenal. Elle est décrite in situ par M. Plivart, chef d'escadron d'artillerie, dans le Guide du voyageur à Cherbourg et son emplacement croqué dans un dessin de la maison abbatiale du 1er avril 1841, paru dans l'Histoire de l'abbaye Notre-Dame du Voeu d'Édelestan Jardin. Éclairés par quatre fenêtres, les trois mètres de large de la cheminée occupent l'une des deux longueurs de la salle dont les dix-sept mètres initiaux avaient été ramenés à douze par l'installation de deux escaliers et un corridor.

Le ministère de la Guerre décide la destruction du bâtiment menaçant ruine, provoquant dans la presse une inquiétude quant à la sauvegarde de la cheminée. Le maire se rend sur place avec Thomas Henry et l'architecte de la ville pour étudier la possibilité de l'installer dans le vestibule du musée des beaux-arts. La mairie l'acquiert et l'expose pendant plus de dix ans dans la cour de l'hôtel de ville. Théodose du Moncel l'examine pour son rapport sur les monuments de l'arrondissement pour la Société française pour la conservation des monuments en juillet 1841. Victor Le Sens publie une notice dans Le Phare de la Manche en 1848, reprise dans l'Annuaire de la Manche de 1850, dans laquelle il demande à ce qu'elle ne soit plus exposée aux intempéries, qui ont fait disparaître les polychromies. Il note alors « les figures et les objets en reliefs composant les tableaux de la cheminée étaient peints. L'or, le pourpre et l'azur étaient les couleurs dominantes »[2].

On nettoie la cheminée en novembre 1852 et on lui adjoint deux bas-reliefs sur les joues du manteau, au niveau du premier registre. Elle est ensuite entièrement repeinte en 1857 pour entrer dans la grande salle de la bibliothèque en 1858 en préparation de la visite de Napoléon III[2].

Protégée au titre des monuments historiques comme objet depuis le 1er avril 1905, elle est exposée dans la salle du conseil de l'Hôtel de ville de Cherbourg-Octeville[1]. Un petit morceau de sculpture a été ôté lors des bombardements de juillet 1941[1]

Description

La cheminée mesure aujourd'hui 1,9 mètre de haut sur 2,5 mètres de large[1].

Elle est sculptée de bas relief taillés dans le calcaire.

Le manteau est occupé par deux niveaux séparés par un bandeau de 25 cm orné de dragons, d'un escargot à visage humain et de personnages autour d'un tonneau. La hotte est couronné d'un motif de ruban enroulé autour d'une tige ébranchée[2].

Sur le panneau supérieur, de 90 cm, l'Annonciation à Marie, dédicataire de l'abbaye, met en scène l'ange Gabriel, genou fléchi, désignant de la main droite une colombe venue dans un faisceau lumineux du nuage, derrière l'archange, dans lequel apparaît le Père, et tenant de l'autre main une baguette mystique. A droite, face à Gabriel, séparée de lui par un phylactère où est inscrit AVE MARIA, la Vierge est surprise dans sa lecture, agenouillée sur un prie-dieu dont le coussin porte une croix de Malte. Sa chambre, avec fenêtre, lit, lutrin aux armes de l'abbaye), apparaît à sa droite. Derrière Gabriel et Dieu, des anges sont présentés au pied du palais céleste. Les trois éléments symbolise ainsi la rencontre par l'Annonciation, du Ciel et de la Terre. Ce niveau supérieur comprend à chacune de ses angles arrondis l'archange saint Michel à gauche, terrassant le Dragon, et saint Hubert, à droite, richement vêtu, la main dans la gueule d'un chien[2].

Le niveau inférieur, de 50 cm, a donné matière à de nombreuses explications. Là où Berruyer, du Moncel et Le Sens voient une scène des croisades avec un chevalier normand partant pour Jérusalem[2].

Selon Alain Prévet, les panneaux latéraux représentent à gauche un homme corpulent, bourse à la ceinture, comptant sur ses doigts, qui serait saint Augustin, patron de l'ordre des chanoines de l'abbaye, et à droite, un homme bénissant qui pourrait être l'abbé commendataire, peut-être Jean Hubert. Sur chaque panneau, un phylactère aujourd'hui nu sur lequel était inscrit AVE MARIS STELLA à gauche et AVE VIRGO à droite[2].

Le manteau porte l'écu abbatial porté par deux angelots[1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 « Notice n°PM50000235 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture..
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 Alain Prévet, « La Cheminée de l'ancienne abbaye du Vœu », Nédélequeries, Société d'archéologie de la Manche, 1994.