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Château du Mesnil-Garnier

De Wikimanche

figure 1. Carte postale ancienne montrant le bâti subsistant du château du Mesnil-Garnier. Le terme de "donjon" est particulièrement inapproprié !

Le Château du Mesnil-Garnier est une demeure historique de la Manche, situé sur le territoire de la commune du Mesnil-Garnier.

Description

Figure 2. Plan du Château du Mesnil-Garnier en relation avec le Bourg et le couvent. Les dimensions sont prises sur le cadastre de 2022, sur lequel on a superposé le cadastre napoléonien de 1826.

Le château se trouve à quatre cents mètres à l'est du centre bourg actuel. Il est actuellement constitué d'un unique bâtiment situé à l'angle sud-est d'un très beau jardin à la française[1] . Ce jardin est de plan presque carré (110 m x 94 m).

Sur la figure 2, on a superposé le cadastre de 2022 et le cadastre de 1826[2]. Les bâtiments existants en 2022 sont colorés en jaune, le jardin à la française en vert. On a surligné en bleu les parcelles de 1826 où des aménagements paysagers avaient été manifestement réalisés pour le château, au long d'un axe quasi nord-sud, sur une longueur bien plus grande que ce qu'il en reste. Au sud on a surligné en rouge le lieu-dit « Le Couvent ».

Difficile d'imaginer à quoi ressemblait le château du 17e. Si on a bien deux descriptions anciennes[3], elles sont malheureusement confuses voire fantaisistes : des pavillons de quarante mètres de haut ! C'est la hauteur d'un immeuble douze étages… Tout au plus peut-on en déduire qu'il devait affecter en plan la forme d'un "U" ouvert vers le sud, dont les trois côtés étaient calés sur les limites de l'actuel jardin.

Si ces descriptions sont farfelues à propos du bâti, on peut par contre recouper ce qu'elles disent du paysage avec ce que nous montre le cadastre ancien :

«  un large espace séparait le château des colombiers, entre lesquels s'élevait la grille d'entrée dont les piliers sont encore intacts. Enfin, autour d'un rond-point, se dressaient des chênes séculaires et une magnifique avenue de hêtres aujourd'hui abattus. Cinq autres avenues donnaient accès au château, d'où dépendaient plusieurs belles futaies[4]. »

On retrouve effectivement le rond point et l'avenue menant au couvent sur le parcellaire de 1823.

Un pavillon dont on a la photo (voir figure 3) a cependant été construit au centre du jardin carré. À le voir, il s'agit soit d'une construction intégrale du 19e (il figure sur le cadastre de 1826), soit d'un bâtiment fortement remanié à la même période ou plutôt à la fin du siècle, voire début 20e. Ce pavillon est toujours présent sur la photo aérienne de 1947[5] où il n'y a aucune trace du jardin à la française, ce qui fait penser que ce jardin est une invention récente.

En tout cas, il ne reste plus pierre sur pierre de ce pavillon central. On a presque envie de dire tant mieux, tant il apparaît disgracieux, doté des détails boursouflés chers à l'époque Non neutre . Il a d'ailleurs été décrié assez tôt :

« Avec les débris de la démolition, on éleva au milieu de l'enceinte du château, une habitation moderne sans style, ni caractère[4]. »
Figure 3. Carte postale ancienne montrant le pavillon central du parc, construit avant 1826, démoli après 1947

Ne subsistent donc du 17e que le magnifique Pavillon au sud-est du carré (figure 1), un « rempart » symbolique muni de deux tours d'angle, dont l'une n'a plus de couverture qui seraient les deux pigeonniers Pas clair , et un jeu très savant de plusieurs avenues perpendiculaires entre elles, gage d'un paysage précieux.

Au passage on constate qu'en 1823 il n'y a tout simplement pas de bourg, mais seulement l'église paroissiale. L'actuelle rue qui la relie au château est bien une des cinq avenues qui structurent le parc : nous avons donc un domaine paysager d'un kilomètre nord-sud en incluant le couvent, par sept cents mètres est-ouest en allant jusqu'à l'église.

Histoire

Charles Duhérissier de Gerville suppose qu'il y a eu au Mesnil-Garnier un château fort, probablement du 13e siècle, sans savoir toutefois où il se situait [6].

Ce premier château aurait été construit par une famille de Thieuville. Par héritage, le fief passe dans la famille de Matignon avant 1470, puis au 17e siècle dans la famille Morant. Les Morant font du fief une baronnie, puis un marquisat. C'est dans cette période qu'est érigé l'actuel château, dont il ne reste manifestement plus grand-chose. À nouveau la propriété change de mains pour passer dans la Famille Poilvilain « comtes de Cresnay ». Ce qui n'est pas une bonne chose : le bâtiment n'est plus entretenu et se délite doucement. Curieusement, un couvent des dominicains qui deviendra un « hospice d'aliénés » est cependant bâti à proximité par ladite famille, pendant qu'elle laisse le château tomber en ruine[7]. On remarque d'ailleurs le lieu-dit « Le Couvent » à 700 m au sud du château sur le cadastre de 1826[2].

Les quatre cinquièmes du château auraient été finalement détruits en 1795, faute d'entretien[4].

La basse-cour ?

Reste que le cadastre de 1826 signale un lieu-dit « La Basse cour » à l'est du château. Ce qui est quand même nettement un vocabulaire moyenâgeux, modérément en rapport avec un château 17e. On y trouve une ferme ancienne, bien calée dans la trame urbaine du château, qui s'est vue adjoindre un hangar agricole (une stabulation ?), miraculeusement lui aussi calé dans la trame. On connaît hélas la piètre qualité architecturale de ces hangars, au moins celui-ci n'est il pas posé à la va-vite et n'importe où.

Le terme « Basse cour » nous fait penser que l'ancien château fort était tout simplement au même endroit, ou à proximité. Après tout, le domaine est assez vaste pour construire un château de plaisance à côté d'un château fort, avant de détruire ce dernier, voire même qu'on utilise les matériaux du vieux château pour en construire un nouveau.

Situation

On a repéré sur cette carte le château, l'église paroissiale et le couvent.

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Bibliographie

Notes et références

  1. Photo aérienne de 2019 (voir en ligne).
  2. 2,0 et 2,1 Cadastre napoléonien (lire en ligne)
  3. « Revue Héraldique », Tome XXII. N* 2, 1906, page 87 - et Albert Bruas, « Généalogie de la famille de Morant » (lire en ligne sur Geneawiki).
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Albert Bruas, Les de Morant, barons et marquis du Mesnil-Garnier, recherches historiques et généalogiques sur une famille normande aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 18 (lire en ligne).
  5. Photo aérienne de 1947, Géoportail, (voir en ligne)
  6. Charles Duhérissier de Gerville, « Second mémoire sur les anciens château de la Manche (deuxième partie) », Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie pp. 183 et suivantes (lire en ligne)
  7. Jean Frémin, « L'histoire du couvent dominicain du Mesnil-Garnier, dans le Cotentin », Annales de Normandie, 45e année n°4, 1995. (lire en ligne).

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