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Catherine Deneuve et Cherbourg

De Wikimanche

Affiches des Parapluies de Cherbourg.

Catherine Deneuve, pour l'état-civil Catherine Dorléac, née à Paris le 22 octobre 1943, est une actrice de cinéma liée à la Manche.

Elle est l'héroïne principale du film de Jacques Demy Les Parapluies de Cherbourg, tourné à Cherbourg au cours de l'été 1963.

Les Parapluies de Cherbourg

Autographe (1963).

Catherine Deneuve est Geneviève Émery dans Les Parapluies de Cherbourg, une jeune fille amoureuse d'un jeune garagiste, Guy, qui la met enceinte avant de partir faire la guerre d'Algérie. N'ayant plus de nouvelles de son amoureux, elle décide, sur l'insistance de sa mère, et pour éviter le scandale de devenir « fille-mère », de se marier avec un diamantaire.

Elle n'a que 19 ans au moment du tournage. Elle a alors une relation avec le metteur en scène Roger Vadim dont elle vient d'avoir un enfant, Christian Vadim, né deux mois plus tôt, le 16 juin. Roger Vadim vient la voir à plusieurs reprises à Cherbourg pendant le tournage. Ils effectuent ensemble une balade à Aurigny à bord du chalutier Notre-Dame-du-Sacré-Cœur [1].

Elle tourne de nouveau avec Jacques Demy Les Demoiselles de Rochefort (1967), ainsi qu'avec des réalisateurs prestigieux : Roman Polanski (Répulsion, 1965), Luis Bunuel (Belle de jour, 1967, Tristana, 1970), François Truffaut (La Sirène du Mississipi, 1969, Le Dernier métro, 1980), Dino Risi, Terence Young, Marco Ferreri, André Téchiné...

L'importance du film

Les Parapluies de Cherbourg revêt une importance particulière dans la carrière de Catherine Deneuve. Elle y trouve son premier rôle important. C'est le film qui la lance véritablement [2]. L'actrice le dit elle-même : « Ce film a décidé fondamentalement de ma carrière. Sans lui, et malgré les quelques expériences qui précédaient, je ne suis pas sure que j'aurais embrassé cette carrière. » [3].

Elle y revient plus longuement en 2018 : « C'est un film qui fait partie de ma vie, une expérience qui m’a complètement transportée. Les Parapluies de Cherbourg a été très important pour moi, le film est très présent dans ma mémoire. Au-delà de son succès, la rencontre avec Jacques Demy a été déterminante. On est restés très liés après le tournage. Je ne sais pas si j’aurais continué à faire du cinéma si nos chemins ne s’étaient pas croisés. Tourner un film en musique, avec cette mise en scène tellement lyrique, ces grands travellings, cela a constitué une expérience inoubliable. Déjà, lors de l’enregistrement de la musique auquel j’avais assisté – j’avais appris mon rôle en play-back –, je me souviens à quel point tout le monde était bouleversé avant même que ne commence le tournage. Le film est une tragédie musicale, un opéra tragique, et Michel Legrand est l’auteur de la moitié des Parapluies. Jacques Demy et lui étaient en osmose, il composait les paroles, Michel la musique… Leur collaboration était incroyable. » [4].

Impressions de tournage

  • « II est impossible, rétrospectivement, d'exprimer quelle aventure extraordinaire a été ce film. Le nombre de problèmes techniques qu'il posait était assez incroyable, avec ces musiques pré-enregistrées, ce travail en play-back et la minutie dans la préparation et la réalisation qu'impliquait tout cela. J'ai toujours pensé que le résultat tenait du miracle. Il s'est passé durant le tournage une sorte de phénomène curieux, comme un état de grâce ressenti par tous. Encore aujourd'hui, je connais le film par cœur. En apprenant mon rôle, durant deux mois chaque jour, il m'est entré dans la mémoire au point que si j'entends le disque, tout me revient et je le récite ou chante automatiquement. » (Cinéma, 1981)
  • « Ce fut passionnant, excusez-moi de le répéter. Mais les difficultés étaient telles, la loi du chronomètre si forte, qu'il nous fallait travailler en équipe, très étroitement. Et puis nous inventions. Nous n'avions, pour la plupart, pas d'expérience à faire valoir. Ce côté-là aussi, d'avoir à inventer, était excitant. Nous vivions tous immergés dans le film, à Cherbourg, avec l'aimable complicité des gens de là-bas, et ce, durant deux mois, au point que la réalité ne pouvait, lorsqu'elle interférait, venir à bout de notre passion. Car, autour de nous, la vie suivait son cours… » (Cinéma, 1981)
  • « L'image qu'a imposée de moi "Les Parapluies" correspond quelque part à une vérité de moi-même. » (Cinéma 1981)
  • « Je crois que je n'aurais pas supporté la vie d'actrice s'il n'y avait pas eu "Les Parapluies de Cherbourg". Avec Demy, j'ai découvert ma vocation. C'était un film très dur et magique, on travaillait sur la musique de Michel Legrand. On devait répéter les dialogues tous les jours. C'est ainsi que je sais encore les dialogues, tous les dialogues de tous les personnages par cœur. C'était exaltant, lyrique. » (Elle, 1982)
  • « Le tournage a été extraordinaire. Il y avait une production formidable, Mag Bodard, qui avait fait ça à la force du poignet. Elle avait les moyens de faire le film, mais dans des conditions justes ; c'était trop particulier pour qu'on se dise que quelqu'un avait signé un chèque en blanc au départ. Mais trop d'argent nuit aux films, en général ; le manque d'argent peut être un atout, pour la nervosité, l'envie, l'imagination dont il fallait faire preuve. » (Les Cahiers du cinéma, 1990).

Notes et références

  1. Guy Mabire, « Les Parapluies de Cherbourg : ils se souviennent », La Presse de la Manche, 18 août 1988.
  2. Marc Esposito, « Autopsie d'une star : Catherine Deneuve », Première, n° 56, novembre 1981.
  3. Cinéma, 1981.
  4. Alexis Duval, « La chanson d'amour de Catherine Deneuve : “Les Parapluies de Cherbourg”, de Michel Legrand », Le Monde, 16 juillet 2018.

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