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Carnaval de Granville

De Wikimanche

Pluie de confettis (2013).

Le carnaval de Granville est une manifestation festive de la Manche, qui a lieu à Granville.

Elle se répète chaque année lors du dernier week-end avant le début du carême.

Historique

Publicité de 1953.

Dès 1867, des jeunes gens organisent une grande calvacade de la Mi-Carême à Granville au bénéfice des pauvres [1].

Le carnaval est créé en 1872 : il s'agissait d'une grande fête montée en honneur des terre-neuvas, qui partaient pour de longs mois loin de leur famille [2].

Auguste de Martini, directeur du casino à partir de 1896, relance le carnaval qui est en train de s'essouffler à cause du déclin de la grande pêche. Il investit dans la réclame : 150 affiches envoyées dans 35 villes de la Manche et dans les îles Anglo-Normandes en 1898. Il ne s'arrête pas là et offre à Granville son premier « roi carnaval ». Le géant de huit mètres devient dès lors le clou du défilé [3]. L'investisseur obtient des contreparties : des soirées dansantes ont lieu dans son casino et on peut lire sur le programme du carnaval « Fêtes de la Ville et du Casino » [3].

La manifestation s'interrompt pendant la Première Guerre mondiale. Elle reprend en 1920 pour s'interrompre à nouveau de 1940 à 1946 [4].

En 1923, Adolphe Willette et des représentants de la République de Montmartre sont invités par Auguste Berthelot, nommé pour l’occasion Ministre des réjouissances [5].

En 1946, l'ambiance n'est pas encore à la fête, mais un groupe de carnavaliers édite un recueil de chansons intitulé Chantons quand même et déambule dans les cafés en entonnant son répertoire [6]. Raymond Blier, François Gros et quelques amis relancent le carnaval qui reprend vraiment en 1947, avec un char américain dans le défilé [6].

En 1991, il est annulé par crainte d'actes terroristes liés à la Guerre du Golfe [6].

Ouest-France, 1er décembre 2016.

Le 30 novembre 2016, le carnaval de Granville est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, dans la catégorie « Chants, rituels, célébrations et savoir-faire traditionnels » [7].

L'édition de 2021 est annulée en raison de l'épidémie de Covid-19 [8] ; mais, le comité d'organisation met en place une exposition de décors et personnages de carnaval en différents lieux de la ville. Pour la même raison, l'édition de 2022 subit le même sort [9].

Présentation

À l'époque de sa création, le carnaval de Granville était une fête donnée pour les terre-neuvas. « C'était un défouloir avant de partir en pêche, rappelle Yvan Guiton, président du comité organisateur. Aujourd'hui, c'est comme un "break", au milieu de l'hiver, pour souffler un grand coup. » [10].

Comme son nom l'indique, il s'agit essentiellement d'un défilé de chars, et de fanfares, le plus souvent lié à un thème d'actualité, qui a lieu traditionnellement le dimanche. Ces chars sont fabriqués longtemps à l'avance par des habitants regroupés par quartiers. Le soir du défilé, la population se prête aux « intrigues » : « Masqué et costumé, explique Yvan Guiton, l'intrigant va voir des personnes qu'il connaît et leur donne des informations sur eux, sur leur vie... Le but est de ne pas être reconnu » [10].

Le programme des festivités prévoit de nombreuses animations : cavalcades, bals, concerts et animations musicale et pyrotechnique. Une grande fête foraine s'installe pour une semaine place de la Fontaine-Bedeau et place Pierre-Semard.

À la fin de la dernière journée de carnaval, le mardi, après une nouvelle cavalcade, le Roi du Carnaval est jugé avant d'être brûlé sur une barge au milieu du bassin à flot du port (autrefois sur la plage du Plat-Gousset). La fête se termine par une grande bataille de confettis, suivie, dès la nuit tombée des intrigues  : des groupes déguisés de pied en cap, toujours masqués, mains et cheveux cachés, partent à la rencontre de connaissances, chez l'habitant, dans les rues ou les bars, avec pour objectif d'être reconnus peu à peu[11].

C'est la plus importante et la plus ancienne manifestation de ce type dans le département. Il s'agit, en 2016, de sa 142e édition.

Comité d'Organisation du Carnaval de Granville

Le comité organisation du carnaval de Granville est constitué exclusivement de bénévoles, autour d'un conseil d'administration composé d'une vingtaine de membres et présidé depuis 2017 par Antonina Julienne.

Présidents

Chiffres clés

Le carnaval ne serait pas possible sans une importante mobilisation collective. Quelque 2 000 bénévoles y travaillent [12]. La cavalcade carnavalière s'étire sur 4 km, c'est selon Manche Mag' « la plus longue d'Europe » [12]. L'édition 2011 regroupera 39 chars et 13 groupes musicaux [12].

Fréquentation

En 2009, selon les organisateurs, la manifestation attire 90 000 personnes le dimanche pour le défilé et 140 000 personnes sur l'ensemble des cinq jours de festivités [10]. En 2014, les organisateurs revendiquent 80 000 spectateurs pour la cavalcade (40 000, selon la gendarmerie) [13].

Budget

En 2010, le budget est de 120 000 €, selon les organisateurs [14].

Rois du carnaval

Econtax 1e
roi du carnaval de Granville en 2014.

Le roi du carnaval est un géant de papier mâché, renouvelé chaque année, dont le règne ne dure que cinq jours. À l'ouverture des festivités, le maire lui remet les clefs de la ville jusqu'à son jugement et sa mise à feu. Son nom reflète les tensions dans l'actualité granvillaise ou nationale.

  • 1925 : Marsoucrève XIX, roi des Martiens et des Lunatiques [15]
  • (...)
  • 1932 : Harry-Stide, roi du Bocage
  • (...)
  • 1949 : Ma-ko-ko
  • (...)
  • 1952 : Œil-de-Bœuf
  • 1953 : Lavatorix, Ier, chef des Gaulois
  • (...)
  • 1961 : Kart Ier, roi du Kart-naval
  • 1962 : ...
  • 1963 : ...
  • 1964 : ...
  • 1965 : Darius Morenus Ier
  • 1966 : Nasus Ier, roi des nez rouges
  • 1967 : Roc Al'ix Ier
  • 1968 : Michou Ier
  • 1969 : Omar IX
  • 1970 : Flétansec
  • 1971 : Riboul Dingue Ier
  • 1972 : Yram Endoris Ier
  • 1973 : Khan Même Ier
  • 1974 : Jerry Khan Ier
  • 1975 : Tunel Avor Thé Ier
  • 1976 : Mélanie Cotine Ier
  • 1977 : Émir K. Rahm Barre
  • 1978 : Roi Tatouille Ier
  • 1979 : L'Oto Ier
  • 1980 : ...
  • 1981 : Khan Dida Dindon Ier
  • 1982 : ...
  • 1983 : Richard Anacrehusse Ier
  • 1984 : Mac Un Ier
  • 1985 : ...
  • 1986 : ...
  • 1987 : Qui Ly Ier
  • 1988 : Télé Magot Ier
  • 1989 : Guillotin Ier
  • 1990 : ...
  • 1991 : ...
  • 1992 : Pin's Ier
  • 1993 : ...
  • 1994 : Gattman Ier
  • 1995 : ...
  • 1996 : ...
  • 1997 : ...
  • 1998 : Sir Tom Ier
  • 1999 : Logo Ier
  • 2000 : Millenium Ier
  • 2001 : ...
  • 2002 : Presqu'île Ier
  • 2003 : ...
  • 2004 : D'Aymar 1 Mari I er
  • 2005 : Port Épique Ier
  • 2006 : Oh mer, oh dit c'est noir Ier
  • 2007 : Port Ier
  • 2008 : Raki Ier
  • 2009 : Ortie Colle Ier
  • 2010 : Porpafé Ier
  • 2011 : Batard'eau Ier
  • 2012 : Marre du quai Ier
  • 2013 : Sire Culoupas Ier
  • 2014 : Écontax Ier
  • 2015 : Ô'Tocard Ier
  • 2016 : GranYlle Ier
  • 2017 : Baudrodateur Ier, roi des parkings payants et de la tirelire municipale
  • 2018 : Hippo Campe Ier, roi de carreau du bassin granvillais
  • 2019 : Charbonique Ier, roi de la Résistance, des saucisses au gaz et de l'huile sur le feu
  • 2020 : Gémof Trône Ier, roi de la grande roue municipale, de la place chaude et de la brocante aux élus
  • 2021 : Covidus Horribilus Ier (il se contente de trôner devant la mairie)
  • 2022 : Vaccinus III (aussi devant la mairie)
  • 2023 : Collec'tif Ier, roi des Goélands, de la voie douce et des pochoirs à vélo, de la démocratie participative et des nœuds dans la tête
  • 2024 : San Treville Ier et sa cour Tisane, Jonville, Chartier, Roi des résidences secondaires, du Saint Paul concept store, Seigneur des anneaux parisiens et des granvillais expatriés

Bibliographie

  • Claude Hurel, « Carnaval et ses refrains », Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. 77, 2000, pp.57-61.
  • Jacques Bougeard, Jean-Louis Goëlau, Jean-Marc Santier, Granville. Mémoires de carnaval, éd. Eurocibles, 2003.
  • Claire Cartier, « Le carnaval de Granville entre à l’UNESCO », Patrimoine normand, n° 100, 2017.
  • Jacques Bougeard, Jean-Louis Goëlau, Granville, un carnaval à l'Unesco, éd. Eurocibles, 2020.

Notes et références

  1. « L'ami carême à Granville en 1867 », imr. de Noël Got, 1867 (lire en ligne).
  2. Christiane Lablancherie et Thierry Seni, Ce petit chemin... en Normandie. 50 promenades à pied, éd. Ouest-France, Rennes, 2008.
  3. 3,0 et 3,1 « Un cadeau royal de M. de Martini pour le carnaval de Granville », La Manche Libre, site internet, 26 février 2011 (lire en ligne).
  4. Site officiel
  5. « Hommage à Auguste Berthelot », blog d'Yves Lebrec, consulté le 25 février 2020 (lire en ligne).
  6. 6,0 6,1 et 6,2 « Carnaval annulé : la cause sanitaire est une première », Ouest-France, 2 novembre 2020.
  7. « Carnaval de Granville à l'Unesco : cette fois, c'est vraiment fait !  », Ouest-France, site internet, 30 novembre 2016 (lire en ligne).
  8. « Covid-19. Le 147e carnaval de Granville n’aura pas lieu en 2021 », Ouest-France, site internet, 31 octobre 2020.
  9. Alexandra Huctin, « Carnaval de Granville : l'édition 2022 annulée à cause de la situation sanitaire », France 3 Normandie, site internet, 15 janvier 2022.
  10. 10,0 10,1 et 10,2 interview de Benjamin Séze, Ouest-France, 11 février 2010.
  11. « Quand Jacques Gamblin intriguait au carnaval », Ouest-France, 25 février 2020.
  12. 12,0 12,1 et 12,2 Manche Mag', n° 19, janvier-février 2011.
  13. Ouest-France, 5 mars 2014.
  14. Ouest-France, 13-14 février 2010.
  15. L'Ouest-Éclair, 21 février 1925

Lien interne

Liens externes