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Buste de Jules Barbey d'Aurevilly (Astruc)

De Wikimanche

Le buste de Jules Barbey d'Aurevilly est une sculpture de la Manche.

Il est réalisé en 1876 par le sculpteur Zacharie Astruc (1835-1907), ami de l'écrivain dont il est le voisin à Paris, rue Rousselet.

Il est en bronze et mesure 82 x 62 x 35 cm.

Historique

Dès avant que le buste soit montré au public, l'écrivain Léon Bloy (1846-1917) fait l'éloge de la sculpture à laquelle il trouve des yeux de méduse, d'où le titre qu'il lui donne, La Méduse-Astruc : « Jamais, sans doute, il [Astruc] ne pourra refaire une beauté, une grandeur, un éclat de vie immortelle comme la Méduse […] Il ne rencontrerait plus, dans notre monde moderne uniformément misérable, une figure de cette noblesse, de cette hauteur sereine et de cet héroïsme ! Il n’entendra plus le cri de la Méduse ! […] ce cri dans les ténèbres de la dernière heure crépusculaire du monde moral expirant, ce cri de l’idéal assassiné, de la Raison violée, de toutes les grandeurs humaines déshonorées, ce cri du Passé jeté contre la Face insolente du monde par ce Passant de Dieu » [1].

L'éloge est si grand que Barbey en est lui-même gêné. Dans une lettre datée de Valognes le 15 septembre 1875, il lui écrit : « Votre interprétation du Buste d’Astruc est une poésie sur une autre poésie. À propos de ce buste vous avez fait une statue ou plutôt vous en avez fait deux, la sienne et la mienne, — énormes toutes deux ! vous avez travaillé dans le colossal. Et voilà le hic ! C’est votre manière de voir, je le sais bien, que de voir énorme. C’est la nature même de votre esprit que de voir grand, quand ce ne serait pas moi que que vous regarderiez ou Astruc, à propos de moi. En bien, comme en mal, vos yeux grandissent et grossissent l’objet. C’est la qualité et le défaut aussi des poëtes, — le dos et la paume de leur puissante main. Vos amis qui ont senti ce qu’il y avait de beau dans votre Méduse y ont (me dites-vous) trouvé trop d’enthousiasme. Il n’y a jamais trop d’enthousiame dans une œuvre et dans une œuvre comme la vôtre (qui est de la poésie en prose, un Rythme oublié.) Mais en disant cela, ils avaient conscience, — conscience obscure, — du manque de proportion qu’il y a en votre manière de concevoir et de rendre les deux modèles que vous avez sculptés à votre tour et la réalité de ces deux modèles, qu’en mon âme et conscience vous avez faits trop grands. » [2].

En 1900, le buste est acheté par l'État pour 5 500 F [3].

Attribué au musée du Luxembourg à Paris en 1901, il reste exposé jusqu'en 1916, avant d'être cédé au musée du Louvre à Paris [3].

En septembre 1959, il est décidé de le confier en dépôt au musée Barbey-d'Aurevilly à Saint-Sauveur-le-Vicomte [3].

En 1986, il est affecté au musée d'Orsay à Paris [3].

Notes et références

  1. Léon Bloy, « La Méduse Astruc », Œuvres, Paris, Mercure de France, 1965, t. 4, p. 32.
  2. « La Méduse-Astruc », lettre de J. Barbey d'Aurevilly, Wikisource (lire en ligne).
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 « Zacharie Astruc - Jules Barbey d'Aurevilly », Musée d'Orsay (lire en ligne).

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