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Aurigny

De Wikimanche

Aurigny vue d'avion.

Aurigny (Alderney en anglais) est une île Anglo-Normande de la Manche, située à l'ouest du Cotentin.

Le drapeau d'Auriginy

Bien que dépendant de la Couronne britannique, depuis le rattachement de la Normandie à la France en 1204, l'île est liée par son histoire à la Normandie, et spécialement au département de la Manche, dont elle est proche, mais séparée par le redoutable courant du raz Blanchard.

Elle mesure 5 km de long sur 3 km de large. Sa population s'élève à 2 400 personnes (les Aurignais). Sa capitale est Sainte-Anne.

Les États d'Aurigny font partie du bailliage de Guernesey. Ils sont jumelés avec Beaumont-Hague.

Géographie

Aurigny est située à l'ouest du Cotentin, à 12 km de Goury. Par beau temps, l'île est parfaitement visible des hauteurs de la Hague.

Elle est entourée par deux courants marins, le Swinge (passage du Singe) qui la sépare à l'ouest de la petite île de Burhou, et le raz Blanchard qui la sépare à l'est du cap de la Hague.

Elle est peuplée de 2 020 habitants (2016).

La faune et la flore y sont très riches : 300 espèces d'oiseaux, phoques, bruyères, palmiers, etc. On recense 7 000 fous de Bassan, soit 2 % de la population mondiale[1].

Histoire

D'abord conquise par les Romains, Aurigny devient normande. Passée sous la tutelle du roi d'Angleterre en 1204, elle est reconquise par les Français pendant la Guerre de Cent Ans, puis déclarée neutre par le pape Sixte IV.

En 1584, Elizabeth d'Angleterre donne l'île à Jean Chamberlain. Le comte d'Essex en prend ensuite possession, puis George Carteret se la voit offrir.

En 1792, plusieurs prêtres de la Manche, inquiétés par la Révolution, se retirent dans l'île.

Le 23 juin 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, sentant l'avancée allemande inéluctable, la population d'Aurigny décide d'évacuer totalement l'île[2]. Chaque habitant, une valise à la main, embarque à bord de six navires à destination de Weymouth en Angleterre[2].

Le 2 juillet, 80 Allemands prennent possession de l'île[2]. Elle est rebaptisée île Adolf par ses occupants[2]. Les Allemands y installent ensuite quatre camps de travail et de concentration[2], pour les besoins du Mur de l'Atlantique. L'un d'entre eux est en fait une "Baubrigade", rattachée au KL Neuengamme ; un autre reçoît surtout, à partir de 1943, des déportés arrêtés par mesure de persécution, qui sont, dans la terminologie nazie, des « demi-juifs », « conjoints d'aryennes ». De nombreux prisonniers trouvent la mort au cours des travaux de renforcement des défenses de l'île[3].

La marine britannique reprend possession de l'île le 16 mai 1945. Le 30 septembre 1945, les Aurignais retrouvent leur île, dévastée.

Aurigny est gouvernée par la famille Le Mesurier.

Administration

Aurigny est sous protection de la Couronne britannique depuis le XIIIe siècle mais garde son statut de bailliage normand du duché de Normandie.

La reine Elizabeth II règne en tant que duchesse de Normandie, titre hérité de Guillaume le Conquérant.

Lieux et monuments

  • Sainte-Anne (capitale) : anciens hôtels particuliers, cottages, ruelles.
  • Chemin de fer (le seul des îles Anglo-Normandes) : les voitures sont d'anciennes rames du métro de Londres.
  • Église remarquable
  • Plages de sable blanc
  • Burhou : îlot
  • Réserve ornithologique

Personnalités liées à l'île

  • Julie Andrews, actrice britannique
  • Elizabeth Beresford, écrivaine anglaise
  • Jon Kay-Mouat (19332010), président des États d'Aurigny

Culture

  • Fête de la mer (mai)
  • Carnaval (août)

Économie

Le tourisme est la principale activité de l'île. L'agriculture tient également une place traditionnelle. La philatélie est une source de rentrées fiscales. L'île dispose d'une compagnie aérienne propre : Aurigny Air Services. Depuis quelques années, elle tire des profits importants en abritant des sites internet de jeu en ligne.

Transports

La liaison maritime avec l'île est assurée par Manche Îles Express à partir de Diélette (55 minutes). Elle est également reliée à Guernesey (1 h 05).

En octobre 2023, la compagnie Alderney Ferry Services annonce la création, au printemps 2024, d'une liaison estivale avec Cherbourg-en-Cotentin en 1 h 30 [4].

Il existait une liaison maritime entre Aurigny et Goury assurée par le Sea Fox, un ancien bâtiment de ravitaillement de plates-formes pétrolières [5].

Aurigny est reliée par avion à Jersey et Guernesey, ce qui permet des connexions faciles avec le monde entier. Aurigny est également reliée à l'Angleterre par des vols directs (en été) : Bournemouth (35 mn), Southampton (40 mn) et Brighton (1 h).

Odonymes

Dans la Manche
En Normandie
  • Rue d'Aurigny, à Barentin (Seine-Maritime).
  • Rue d'Aurigny, à Caen (Calvados).
  • Square d'Aurigny, à Bayeux (Calvados).
En France
  • Allée d'Aurigny, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
  • Impasse d'Aurigny, à Lons (Pyrénées Atlantiques).
Au Canada
  • Rue d'Aurigny, à Sainte-Foy (Québec).

Bibliographie

Livres
  • Jean-Louis Vigia, Histoire d'un camp nazi, l'île d'Aurigny, Alan Sutton, 2002
Articles
  • François Emanuelli, « Le parler populaire de l'île anglo-normande d'Aurigny », Revue de philologie française, n° 20, 1906, p. 136-142.
  • Albert Desile, « J'ai rencontré nos voisins d'Aurigny », La Manche Libre, 23 et 30 mars 1952.
  • Louis Guinet, « Aurigny - Essai d'interprétation étymologique », Revue internationale d'onomastique, n° 3, 1967, p. 179-183.
  • « Aurigny, proche et inconnue », Les Normands de Paris, n° 303-304, juillet-octobre 1969, p. 24-25.
  • Marie-Noëlle Hervé, « Les forts d'Aurigny », Le Monde, 6 juin 1996.
  • Roger-Jean Lebarbenchon, « Les camps allemands d'Aurigny 1940-1944 », Revue de la Manche, n° 187, 2005.
  • Georges Bernage, « Aurigny et Sainte-Anne, sa capitale », Vikland, n° 5, 2013.
  • Georges Bernage, « Sainte-Anne à Aurigny : Victoria Street », Vikland, n° 6, 2013.
  • Éric Barré, « Aurigny, terminal pour un pirate », Revue de la Manche, n° 242, 2018.

Notes et références

  1. Pays de Normandie, hors-série n° 10 « La Normandie côte mer », octobre 2007.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 Ouest-France, site Internet, 23 juin 2015 (lire en ligne).
  3. Fondation pour la mémoire de la déportation
  4. Olivier Clerc, « Des traversées directes entre Cherbourg et Aurigny en 2024 », Ouest-France, site internet, 9 octobre 2023.
  5. « Jon Kay-Mouat (1933-2010) », Bulletin du groupe de recherches archéologiques du Cotentin, n° 14, janvier 2011 (lire en ligne).

Lien interne

Lien externe