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Accident du Granville-Paris à Paris (1895)

De Wikimanche

La locomotive et son tender ont travseré la façade.

Accident du Granville-Paris à Paris (1895)

Le mardi 22 octobre 1895, le train Paris-Granville ne s’arrête pas, comme prévu, à son terminus en gare Montparnasse. Son conducteur ayant freiné trop tard, l’express pulvérise son butoir, traverse le hall, défonce la façade de la gare et sa locomotive termine sa course sur la place.

L’accident est l’un des plus spectaculaires de toute l’histoire ferroviaire. Il fait un mort, une marchande de journaux, et une dizaine de blessés, dont cinq graves.

Les circonstances

L’express n° 56, tracté par la locomotive n° 721 de type 120, est parti de Granville à 8 h 45, l’horaire prévu [1]. En cours de trajet, il prend une dizaine de minutes de retard [1]. Son conducteur, Guillaume Marie Pellerin, 35 ans, qui travaille depuis dix-neuf ans pour les chemins de fer, se met en tête d’arriver quand même à l’heure.

Le convoi est composé d’un tender, d’un wagon de bagages et d’un wagon postal, accrochés derrière la locomotive, suivis de huit wagons de voyageurs et d’un dernier wagon de bagages. Il a 131 passagers à son bord [1], dont trois députés.

Un peu avant 16 h, le train arrive en vue de la gare Montparnasse. Le conducteur veut encore rattraper quelques secondes. Son train roule à une vitesse comprise entre 40 km/h à 60 km/h, très excessive pour l’endroit [2]. À l'arrivée, le mécanicien actionne bien ses freins, mais trop tard, à moins qu’ils ne fonctionnent pas, selon ses premières déclarations [3]. Le chef de train Albert Mariette tente désespérément d’utiliser le frein d’urgence, mais ce dernier ne répond pas. Le mécanicien et son chauffeur, Garnier, réussissent à sauteur du train juste avant la collision [3]. À 16 h précises [4], le heurtoir qui doit servir d’ultime butée est emporté comme un fétu de paille. Le train, qui roule encore, dit-on, « à 40 km/h » [5] traverse les halls au milieu des voyageurs effarés et défonce la façade de la gare. La locomotive et son tender terminent leur folle course sur la place de Rennes, tombant sur une station de tramway située dix mètres en contrebas [2].

La tenancière de la buvette de la gare raconte : « Tout le monde ici a cru son dernier moment arrivé, et lorsque nous avons entendu ce bruit infernal, tous, instinctivement, nous avons courbé la tête, croyant que la gare s’écroulait sur nous. ».[3].

L’étonnant spectacle attire très vite la foule. Pour tenter de la contenir, la police barrent les rues menant à la gare. « Quatre cents gardiens de la paix, 200 gardes municipaux et 20 gardiens à cheval » sont mobilisés [3]. La locomotive reste quatre jours en place avant qu’on ne réussisse à la dégager. Les curieux continuent d’affluer. « Depuis le matin jusqu'au soir une procession s'est organisée : les gens prenaient leurs billets, passaient auprès des wagons des postes du train de Granville, stationnaient le plus longtemps qu'ils pouvaient et redescendaient dans la cour de la gare, sans avoir pris le train. » [6].

Une tuée, cinq blessés graves

Toutes les voitures étant restées en gare, l’accident a moins de conséquences humaines directes qu’on n’aurait pu le craindre. Cinq personnes sont plus ou moins grièvement blessées : deux voyageurs, un pompier et les deux conducteurs, et cinq autres plus légèrement. Malheureusement, la locomotive est tombée sur un kiosque à journaux, tuant en la coupant en deux Marie-Augustine Aguillard, 39 ans [3]. La kiosquière est tuée, non pas par la locomotive, qui lui passe au-dessus de la tête, mais par un morceau de maçonnerie qui s’est détaché de la façade de la gare, sous l'impact [2].

Son mari témoigne : « Elle est morte, tuée sur le coup. Elle tricotait, assise sur les marches de la buvette. Et me voilà seul avec mes deux petits garçons[7]. Les Chemins de fer de l’Ouest paieront son enterrement et verseront une rentre à ses deux enfants.

Justice

Le conducteur est condamné à deux mois de prison et 50 F d’amende et le chef de train à 25 F d’amende.

Dans la presse

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Communiqué de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, 22 octobre 1895.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 L’Illustration, 26 octobre 1895.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 « Extraordinaire accident à la gare Montparnasse », Le Petit Journal, 23 octobre 1895.
  4. Les deux grosses horloges de la gare situées à proximité de l’accident se sont bloquées par le choc.
  5. « L’accident de la gare Montparnasse », Le Petit Journal, 24 octobre 1895.
  6. Le Petit Parisien.
  7. Laurence Laurendon et Gilles Laurendon, Paris catastrophes, Parigramme, 1997, p. 103.

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