Actions

Abbaye de Saint-Fromond

De Wikimanche

L'abbatiale de Saint-Fromond.
Avec l'ancien prieuré.
La nef de l'abbatiale.

L'abbatiale de Saint-Fromond est érigée sur le territoire de la commune de Saint-Fromond, non loin de la Vire.

Histoire

Vers 650, Fromond arrive de Brévands avec quelques compagnons pour fonder un monastère qui portera son nom. Il construit une chapelle et un monastère sur un vaste terrain donné par le seigneur local qui devait être l'ancêtre des barons du Hommet et de la Rivière. Ils eurent pour charge de défricher et mettre en valeur le terrain concédé.

Fromond devient évêque de Coutances à la mort d'Uldéric en 674. Il consacre le 15 août 679 l'église et le monastère du Ham près de Montebourg.

Saint Fromond meurt en 690 et selon son désir, son corps est enseveli dans l'église du monastère qu'il a fondé. Son tombeau devient alors un lieu de pèlerinage et c'est à ce moment que le monastère prend son nom.

En 871, les Normands, venus par la Vire, pillent et détruisent le monastère.

Après l'avoir fait reconstruire, Guillaume, seigneur du Hommet, fonde un prieuré de moines bénédictins dépendant de l'abbaye de Cerisy-la-Forêt. L'église, construite ensuite, est consacrée en 1154 par Richard de Bohon, évêque de Coutances.

Détruite par un incendie, l'église du prieuré est reconstruite à la fin du XVe en style flamboyant tandis que demeure pour les paroissiens la nef romane. En effet, la nef est la partie paroissiale de l'église, tandis que le chœur sert d'église abbatiale et ne concerne que les moines.

La cuve en granite des fonts baptismaux, datant du XVIe siècle, est transformée en bénitier. Les stalles, de la première moitié du XVIe siècle, sont conservées.

Vers 1750, l'église paroissiale est devenue une ruine, faute d'entretien. Le curé de Bahais, en visite à Saint-Fromond, écrit dans son rapport :

« La toiture est tellement délabrée que les jours de pluie le prêtre, pour aller de la sacristie qui se trouvait à l'angle du côté de l'abbaye, à l'autel, était obligé de prendre un parapluie [...] Il a pu constater que dans les fonts baptismaux, il y a plus d'eau tombée de la toiture qu'il n'y en a eu de bénite à la Pentecôte précédente ».

En 1766, le nef du XIIe est démolie et son portail reporté à l'entrée de l'église actuelle, entraînant une diminution de seize mètres. Les offices sont donc désormais célébrés dans l'ancienne partie priorale de l'église.

La Révolution touche aussi l'église de Saint-Fromond. Le 28 décembre 1792, le conseil municipal de Saint-Fromond décide de porter les cloches à Saint-Lô pour en faire des canons. À la voûte de la tour, la figure sculptée des apôtres est mutilée, de même que celle de Jésus-Christ. Le maître-autel et l'un des autels sont endommagés. La vache du sacristain serait entrée dans l'église et aurait lacéré les portraits de Robespierre et de Marat, posés sur les murailles du chœur. Huit angelots de l'oculus sont détruits.

Vers 1818, Charles de Gerville écrit :

« Grande et belle église gothique avec croisée fort vaste, mais à peu près sans nef (L'anc. église paroissiale en servait). Cette égl. peut donner une idée de l'architecture de 1400. Elle fut bâtie par Laurent LE CLERC, abbé de Cerisy, prieur de S. Fromond, qui mourut en 1497. Son prédécesseur, nommé DUBOURG, avoit bâti l'abbaye, et obtenu de Gilles DESCHAMPS, évêque de Coutances [1], la permission de faire porter dans le diocèse la relique du bras de S. FREMOND (sic) et d'y faire une quête qui fut considérable.
La nef, égl. paroissiale, avant que celle [2] de l'abbaye fut appropriée à cet usage vers 1767, était d'architecture normande, autant que j'ai pu juger par une de ses colonnes qui subsiste encor en dehors du portail actuel, fait en 1767. On y a employé des morceaux d'anciens chapiteaux. » [3]

L'auteur complète sa description :

« Pour bien comprendre cette grande église à peu près sans nef, il faut savoir que l'église paroissiale autrefois, détruite aujourd'hui, formoit prolongement d'environ 80 pieds vers le couchant, ce qui, ajouté au petit espace qui est entre la croisée et le portail actuel, formoit une nef assez considérable. Celle-ci, autant que j'en ai pu juger par les deux piliers Normands qui subsistent à l'extérieur du portail actuel, étoit d'une architecture plus ancienne d'environ quatre siècles que l'église actuelle qui fut bâtie vers le milieu du 15e siècle par Laurent LE CLERC, abbé de Cerisy et auparavant prieur de St-Fromond, mort en 1497.
La croisée qui a environ cent pieds de longueur, est presqu'au bas de l'église. Elle est calculée pour un plus grand édifice. La nef actuelle n'a pas plus de 12 pieds de long. Le portail qui a un cintre normand sans moulures, fut refait en 1767. L'église abbatiale dut alors convertie en paroissiale et comme elle étoit encore trop grande, on laissa tomber en ruines l'ancienne égl. de la paroisse.
Cette grande église, toute bâtie en carreau et avec beaucoup de soin, est un bel échantillon de l'architecture du 15e siècle.
Le chœur a deux collatérales séparées par des murs. Dans celle à droite nommée la Chapelle du Calvaire ou du Prieur est le tombeau d'un Prieur du nom de MATHAN, mort en 1687. Ce tombeau, mutilé durant la révolution, étoit d'une grande pierre platte. Une inscription murale donne une longue épitaphe de ce prieur sur une assez belle tablette de marbre bleu.
Le portail semble fait avec d'anciens matériaux, dont en auroit gratté les moulures et cintre. » [3]

Les combats de Libération, entre le 9 juin et le 7 juillet 1944, mettent le bâtiment en péril : ardoises volatilisées, charpente atteinte, murs troués, vitraux pulvérisés et clocher menaçant. Sans l'acharnement du curé de l'époque, l'abbé Morel, l'église aurait été rasée.

De l'antique église ne subsiste que la forme cylindrique de l'abside essentiellement romane comme l'arcade encastrée dans le mur de cette abside et le portail roman de l'ancienne nef.

L'église et son cimetière sont inscrits monuments historiques depuis 2004 [4].

Près de l'édifice, une maison imposante et stylée est ce qui reste du prieuré devenu propriété privée.

Trésors

  • Les stalles, qui datent de 1490, œuvre des huchiers de Cerisy-la-Forêt, classées à titre d'objet aux monuments historiques en 1905 [5]
  • La Vierge à l'enfant en pierre calcaire en polychromie du XVe.
  • La pierre tombale en calcaire gravée au trait et martelée du prieur Joachim de Mathan (1637) et l'épitaphe en marbre noir du même de Mathan.
  • Deux confessionnaux en pierre calcaire du XIXe.
  • Des fonts baptismaux du XVe.
  • Deux tables d'autel en pierre calcaire chanfreinée de 1490.

Situation

Brouillard sur l'abbatiale de Saint-Fromond
Chargement de la carte...

Bibliographie

  • Lucien Musset, « Église abbatiale de Saint-Fromond », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Saint-Lô, 1998, pp. 55-56

Notes et références

  1. Évêque de 1408 à 1413.
  2. Comprendre : avant que l'église de l'abbaye ...
  3. 3,0 et 3,1 Charles de Gerville in Michel Guibert, Voyage archéologique dans la Manche (1818-1820), vol. II, Arrondissement de Saint-Lô, Saint-Lô, Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, 2000, pp. 222-224.
  4. « Notice n°PA50000030 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  5. « Notice n°PM50000964 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.

Liens internes

Liens externes