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AS Cherbourg Football 1960-1967 (Division 2)

De Wikimanche

L'AS Cherbourg dispute le championnat professionnel de division 2 (aujourd'hui Ligue 2) de 1960 à 1967, soit pendant sept saisons consécutives.

L'AS Cherbourg obtient son meilleur classement, 9e sur 18, lors de sa dernière saison, en 1966-1967.

Dans ce championnat, l'AS Cherbourg dispute 242 matches, qui se soldent par 69 victoires, 74 nuls et 99 défaites [1]. Elle marque 319 buts et en encaisse 400 [1].

Bilan saison par saison

Saison Classement Points Joués Gagnés Nuls Perdus Buts pour Buts contre Coupe de France
1960-1961 13e sur 19 29 36 10 9 17 45 58 16e finale
1961-1962 15e sur 19 29 36 11 7 18 47 64 32e finale
1962-1963 16e sur 19 27 36 7 13 16 46 62 6e tour
1963-1964 13e sur 18 28 34 8 12 14 55 69 8e finale
1964-1965 11e sur 16 29 30 9 11 10 40 45 8e finale
1965-1966 11e sur 19 35 36 12 11 13 39 50 1/4 finale
1966-1967 9e sur 18 35 34 12 11 11 47 52 32e finale


Histoire

Création

En mai 1960, l'AS Cherbourg pose officiellement sa candidature auprès de la Fédération française de football (FFF) pour participer au championnat de France professionnel de division 2. Plusieurs clubs sont en concurrence avec elle. La Ligue professionnel de football (LFP) hésite, le club cherbourgeois ne lui paraît pas offrir toutes les garanties financières indispensables. Un dirigeant, Bernard Longmann, s'active en coulisses pour monter le dossier. Son initiative, si elle fait rêver, suscite également des réserves dans une partie du club. Plusieurs autres dirigeants estiment que l'AS Cherbourg n'a pas les moyens financiers de cette ambition. Des experts ont calculé qu'il faut, au bas mot, 120 000 nouveaux francs par an pour faire vivre une équipe professionnelle [2]. Le conseil municipal partage d'ailleurs cet avis : le 8 juin, il refuse à une voix près la demande de subvention de 70 000 nouveaux francs présentée par le club : 14 voix contre, dont celle du Dr Hébert, maire, 13 voix pour et 2 abstentions [3][4]. Ce refus provoque la démission d'André Michel, président général, et de Louis Laveissière, président délégué [5]. C'en est fini des espoirs de professionnalisme à Cherbourg.

Mais deux semaines plus tard, des informations circulent laissant penser que le FC Sète pourrait abandonner le professionnalisme et libérer une place inespérée en division 2. Le comité de gestion de la section professionnelle est aussitôt réactivé et André Michel et Louis Laveissière, très actif, reprennent du service [6].

Une course de vitesse s'engage. Le 9 juillet, la nouvelle tombe, officielle : la Ligue nationale de football agrée l'AS Cherbourg dans le championnat professionnel de division 2 [7]. Un entraîneur est alors rapidement recruté. Le choix se porte sur l'ancien international d'origine hongroise André Simonyi (4 sélections en équipe de France, 1 but), 46 ans [8]. Des négociations s'engagent avec le FC Sète pour récupérer une partie de son effectif.

André Simonyi arrive le 18 juillet [9], suivi le lendemain par une grande partie de l'effectif du FC Sète [10].

Le 3 août au matin, le premier entraînement a lieu au stade municipal [11]. André Simonyi dispose de quinze joueurs. Sept viennent du FC Sète : Yapi, Klemenczak, Zaniewski, Khima, Brahim, Akouaté et Adoh. Rivet arrive de Boulogne et Moine d'Aix-en-Provence, encore à l'essai. Deux jeunes joueurs ont été recrutés dans des clubs voisins, Simon à l'UST Équeurdreville, et Albert Clark, au CS Barfleur. Il y a enfin quelques joueurs du club que l'entraîneur juge susceptibles d'intégrer à l'équipe professionnelle [12]. Louis Gasperini et Jacques Muller, tous deux venant du FC Metz, viennent renforcer l'effectif courant septembre [13].

Le conseil municipal de Cherbourg est à nouveau saisi. Le 3 août au soir, mis devant le fait accompli, il revient sur sa position du 8 juin et vote une subvention de 40 000 nouveaux francs pour la section professionnelle et une autre de 10 000 nouveaux francs pour la section amateur [14]. Le vote de la première subvention est acquis par 25 voix contre 1 (Dr Lempérière) et deux abstentions, dont le Dr Hébert, maire [15]. Parallèlement, une collecte est organisée auprès des supporteurs, qui rapporte 10 millions d'anciens francs [4].

Débuts

Le premier match officiel a lieu à domicile le 21 août contre l'US Forbach, devant 3 640 spectateurs. Il se solde par un match nul 1 à 1. Le but asciste est marqué par Adoh.

Il faut attendre la sixième journée, le 25 septembre 1960, pour que l'ASC enregistre sa première victoire, mais quelle victoire : 6-1 face à l'AS Cannes, et à domicile. Les spectateurs sont aux anges.

L'AS Cherbourg termine sa première saison à la 13e place, sur 19, avec 10 victoires, dont 9 à domicile, 9 nuls et 17 défaites. Le public n'est pas aussi nombreux que les promoteurs du professionnalisme l'espéraient, mais les guichetiers du stade municipal ont tout de même vendu près de 70 000 billets sur l'ensemble de la saison, ce qui donne une moyenne de près de 3 800 spectateurs par match.

voir l'article détaillé Saison 1960-1961 de l'AS Cherbourg

Lutte pour le maintien

Les saisons qui suivent sont à l'exemple de la première. Avec un budget étriqué, l'AS Cherbourg n'a que de faibles possibilités de recrutement. Heureusement, plusieurs clubs financièrement plus à l'aise qu'elle, comme le FC Nantes, n'hésitent pas à lui prêter un ou plusieurs joueurs. Malgré cette aide, l'AS Cherbourg passe son temps à se battre pour le maintien. L'arrivée d'un nouvel entraîneur, l'Alsacien Émile Rummelhardt, 48 ans, n'y change rien. L'ASC est 15e en 1961-1962 et même 16e sur 19 en 1962-1963, sa plus mauvaise saison. Le public, déjà pas très nombreux, montre son insatisfaction en traînant les pieds. La fréquentation du stade municipal baisse de façon spectaculaire : - 30 % dès la deuxième saison, puis à nouveau - 15 % l'année suivante. On se demande déjà si l'expérience professionnelle va pouvoir se poursuivre. Pour aider le club à faire face à ses difficultés financières, le conseil municipal vote le 5 avril 1963 une subvention exceptionnelle de 70 000 F [16]. Le club demandait 150 000 F. L'équipe retrouve heureusement un peu d'air. Mais il lui faut néanmoins adopter le statut semi-professionnel au cours de l'été 1964, qui allège la charge financière : les joueurs occupent un emploi à mi-temps [16]. Sportivement, il y a du mieux. L'ASC réussit à conquérir une très satisfaisante 11e place deux fois de suite, en 1964-1965 et 1965-1966.

Moyenne en championnat, l'AS Cherbourg se fait remarquer en Coupe de France. Et de belle façon. Elle atteint deux fois de suite les huitièmes de finale, en 1964 et en 1965. Intenable, l'ASC s'offre même une place en quarts de finale l'année suivante. Le match contre le RC Strasbourg, équipe de division 1, même s'il se solde par une défaite, est la page la plus glorieuse de toute l'histoire du club.

La fin

L'AS Cherbourg a-t-elle fini par trouver sa place en division 2 ? Les supporteurs l'espèrent, et la saison 1966-1967 le laisse croire. Pour la première fois, en effet, le club termine dans la première partie du tableau : 9e sur 18. Mais les bons résultats sportifs ne suffisent pas à masquer une réalité comptable désespérante. Le public boude. Il n'a jamais été aussi peu nombreux : 2 200 spectateurs en moyenne par match, 38 000 billets vendus sur l'ensemble de la saison, c'est trop peu pour espérer avoir un avenir.

L'AS Cherbourg dispute son dernier match professionnel à Cherbourg le 11 mai 1967 contre le RC Besançon, qu'elle gagne avec éclat 5-2. Les mois qui suivent sont particulièrement éprouvants pour les dirigeants. Les sponsors sont trop peu nombreux et la publicité est rare. Un appel au public est lancé en juin : vingt-cinq personnes acceptent de donner 3 000 F chacun [17]. Mais il manque tout de même 35 millions de francs pour équilibrer le budget [18]. L'entraînement reprend malgré tout. Mais seulement dix joueurs se présentent. Le calendrier de la saison 1967-1968 est même publié, dans lequel l'AS Cherbourg figure toujours. Mais la réalité des chiffres finit par s'imposer à tous. La mort dans l'âme, les dirigeants n'ont finalement d'autre solution que de jeter l'éponge le 21 juillet [19].

L'ASC rentre tristement dans le rang et retrouve le championnat de France amateur.

Coupe de France

L'AS Cherbourg pro obtient de bonnes performances en Coupe de France. Elle atteint les quarts de finale, une première dans son histoire - restée unique - lors de l'avant-dernière saison, en 1965-1966. C'est le RC Strasbourg, futur vainqueur, qui l'empêche de poursuivre sa route. L'ASC perd 1-0 à Rouen lors d'un match resté longtemps incertain : le but qui crucifie l'équipe et ses supporteurs est marqué à la 84e minute.

voir l'article détaillé AS Cherbourg-RC Strasbourg (1966)
Éliminations
Saison Meilleure perf. Adversaire Division Score Lieu
1960-1961 16e finale US Faucigny Ligue 1-3 ap Chambéry
1961-1962 32e finale RC Lens D1 0-5 Caen
1962-1963 6e tour Bagneux-Nemours DH 0-2 Nemours
1963-1964 8e finale Ol. Lyon D1 0-3 Caen
1964-1965 8e finale US Valenciennes D1 0-0 ; 0-3 Lorient, Rouen
1965-1966 1/4 finale RC Strasbourg D1 0-1 Rouen
1966-1967 32e finale SC Abbeville CFA 1-2 Amiens

Affluence

La période professionnelle suscite un grand enthousiasme chez les amateurs de football locaux. Mais le faible poids de la population de l'agglomération de Cherbourg et sa situation géographique extrême, qui l'empêche de rayonner sur un cercle complet, limitent sérieusement la fréquentation des matchs disputés à domicile.

La meilleure saison est la première, qui attire près de 3 800 spectateurs, en moyenne. La plus mauvaise, avec seulement 2 200 spectateurs de moyenne, est, paradoxalement, celle où le club obtient son meilleur résultat sportif : 9e sur 18.

Faute d'attirer un public suffisant, l'expérience professionnelle est vouée à l'échec. Étranglé financièrement, le club jette d'ailleurs l'éponge à la fin de la saison 1966-1967.

Saison Matchs Total Moyenne
1960-1961 18 68 292 3 794
1961-1962 18 47 898 2 661
1962-1963 18 40 428 2 246
1963-1964 17 42 738 2 514
1964-1965 15 51 555 3 437
1965-1966 18 45 000 2 500
1966-1967 17 38 046 2 238

Records

En championnat

À domicile
  • Plus large victoire : Cherbourg-Cannes 6-1 le 25 septembre 1960 ; Cherbourg-Nancy 6-1 le 10 novembre 1963.
  • Plus large défaite : Cherbourg-Bordeaux 0-5 le 11 novembre 1961.
À l'extérieur
  • Plus large victoire : Béziers-Cherbourg 1-4 le 28 avril 1963 ; Nancy-Cherbourg 1-4 le 26 avril 1964.
  • Plus large défaite : Limoges-Cherbourg 8-2 le 23 octobre 1966.

Entraîneurs

Bilan en championnat

Nom Période Saisons Matchs Moy. pt/match Victoires Nuls Défaites
André Simonyi 1960-1962 2 72 0,81 21 16 35
Émile Rummelhardt 1962-1967 5 170 0,91 48 58 64

Joueurs

voir l'article détaillé Liste des joueurs de l'AS Cherbourg pro

Club des supporteurs

Un club des supporteurs est créé en même temps que l'équipe professionnelle. Il est présidé par Louis Darinot, alors pharmacien et futur maire et député de Cherbourg.

Le club édite un journal dénommé Allez Cherbourg, distribué gratuitement lors des matches à domicile. Il est imprimé sur papier glacé, avec l'ajout de la couleur bleue. Il compte quatre, parfois six pages. Il est financé par la publicité locale.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Site internet de la Ligue professionnelle de football (LFP) (Lire en ligne)
  2. « La ville ne donnera pas de subvention pour Cherbourg-Pro », Ouest-France, 10 juin 1960.
  3. « Le conseil municipal a rejeté hier la demande de subvention présentée par l'ASC pour la création d'une section professionnelle de football », Ouest-France, 9 juin 1960.
  4. 4,0 et 4,1 Michel Beauvais, Le Miroir du Football, n° 9, septembre 1960.
  5. Ouest-France, 25 juin 1960.
  6. « Le comité directeur de l'AS Cherbourg se déclare favorable à la création d'un section pro », Ouest-France, 30 juin 1960.
  7. « Cette fois c'est officiel : Cherbourg disputera le championnat professionnel de Division II », Ouest-France, 11 juillet 1960.
  8. « L'AS Cherbourg compte beaucoup sur André Simonyi pour mener à bien sa première saison chez les pros », Ouest-France, 13 juillet 1960.
  9. Simonyi est arrivé à Cherbourg », Ouest-France, 19 juillet 1960.
  10. « Sept joueurs sétois sont arrivés hier à Cherbourg », Ouest-France, 20 juillet 1960.
  11. Ouest-France, 4 août 1960.
  12. Ouest-France, 4 août 1960.
  13. Maurice Bertin, « Débuts satisfaisants de Gasparaini et Muller à l'AS Cherbourg », Ouest-France, 29 septembre 1960.
  14. « Une subvention à 4 millions pour Cherbourg-Pro », Ouest-France, 4 août 1960.
  15. « Revenons à l'ASC et à Cherbourg-Pro », Ouest-France, 5 août 1960.
  16. 16,0 et 16,1 « Nos années 60 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2010.
  17. Ouest-France, 26 juin 1967.
  18. Ouest-France, 24 juillet 1967.
  19. Ouest-France, 23 juillet 1967 ; « 60 ans de sport dans la Manche (1945-1974), vol. 1, La Presse de la Manche, hors-série, décembre 2005.