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Élections législatives de 1869 à Saint-Lô (partielles)

De Wikimanche

Élections législatives de janvier 1869 dans la Manche (partielles)

Le scrutin a lieu le 2 janvier 1869 pour remplacer Léonor-Joseph Havin, décédé le 12 novembre 1868.

Résultat

Candidat Parti Premier tour
Voix %
Louis Auvray élu
Hervé de Kergorlay
Émile Lenoël
Paul Foubert

Analyse

Léonor-Joseph Havin, député de Saint-Lô, meurt le 12 novembre 1868. Une élection partielle est organisée pour lui succéder, et quatre candidats se présentent devant les électeurs.

La Presse écrit au sujet de la future élection :

« [...] le candidat le plus agréable au préfet est M. Auvray, ancien fournisseur des bois de la marine militaire, président du tribunal de commerce de Saint-Lô et maire de ce chef-lieu mais ce candidat n'a pas acquis par sa valeur personnelle une situation assez importante pour se présenter avec quelques chances de succès sans l'appui du pouvoir. A côté de cette candidature se trouve celle de M. de Kergorlay, député de Saint-Lô avant 1863, et qui a eu 15 000 voix aux dernières élections générâtes. M. Havin ne l'emporta, sur lui que d'environ 500 voix. C'est sans doute en considération ds cet antécédent que M. Auvray n'est pas candidat officiel. On observera la neutralité entre ces deux candidats, également dynastiques. Le candidat de l'opposition démocratique est M. Émile Lenoël, esprit libéral élevé, ancien avocat à la cour de cassation, qui a conquis au barreau de Paris une place importante et l'estime de tous. II est membre du conseil d'arrondissement pour le canton de Saint-Jean-de-Daye. Un quatrième candidat est aussi sur les rangs, c'est M. Foubert, maire de Saint-Sauveur, ancien avoué au tribunal civil de la Seine, acquéreur d'une forêt importante dans la circonscription. Il avait été candidat, en 1863, à Cherbourg, contre le général Meslin. M. Foubert se retirera probablement à l'ouverture du scrutin pour réserver ses chances dans la circonscription ds Cherbourg. C'est aux électeurs d'examiner les titres de chacun de ces candidats, de les discuter et de fixer leur choix. Le meilleur candidat est celui qui paye le mieux de sa personne en se présentant aux électeurs dans des réunions privées ou publiques. On doit pourtant exiger des candidats qu'ils se prononcent nettement sur la liberté de réunion et la liberté électorale. C'est en se plaçant sur ce terrain que les électeurs trouveront la meilleure garantie de l'indépendance et de la valeur des candidats à la députation. »[1].

Quelques jours plus tard, le Figaro publie une analyse proche :

« Le réveil politique qui se manifeste en France depuis un an va donner un peu de fantaisie dans le mouvement électoral. Le département de la Manche, qui est appelé à nommer un député en remplacement de l'ingénieux don Havin de la Manche, jouit d'une collection de candidats précieux [...].
M. de Kergorlay, candidat agréable au gouvernement, sera probablement candidat agrée. Certainement, on lui doit bien cela, puisqu'aux dernières élections l'administration abandonna un peu ses intérêts pour ne pas trop négliger ceux de M. Havin.
M. de Kergorlay eut les apparences et M. Havin les réalités de la candidature officielle ; aujourd'hui il rentre dans ses droits, il veut rentrer aussi dans le siège qu'il a occupé dix ans.
L'administration compte qu'il sera réélu, lui en est sûr. Le bonhomme est peu encombrant et, quoique clérical, il ne déteste pas la gaudriole : ce serait même un luron, s'il faut en croire la chronique, mais cela n'empêche pas les sentiments.
M. L. Auvray est aussi agréable que M. de Kergorlay mais il ne sera pas agréé. C'est un excellent homme qui étant membre du conseil de surveillance d'une société, a laissé distribuer trop de dividendes aux actionnaires ; il fut condamné à restituer de ses deniers ce qu'il avait payé en trop ; il paya - fut-il content - je l'ignore, mais comme dans les romans de chevalerie, où le chevalier bleu se rencontre avec le chevalier vert aux pieds de la princesse rose, M. L. Auvray se trouve en compétition aujourd'hui avec son ancien avocat.
M. Lenoel - M. Lenoel est le libéral le plus opposant de la série ; il s'est prononcé fort nettement contre la politique française à Rome, je pense qu'il se prononce aussi contre la politique française à Paris. C'est le candidat préféré du Siècle, et cela peut lui donner quelque autorité, car l'ombre du grand Havin plane encore sur le département.
Quant à M. Foubert, il est à M. Lenoël ce que M. L. Auvray est à M. de Kergorlay. Cette élection, du reste, ne présente qu'un intérêt local ; la bataille se livrera entre les quelques électeurs qui aimaient M. Havin pour lui-même et ceux qui l'aimaient pour eux-mêmes.
Mais les élections qui ne présentent qu'un intérêt local sont de vraies élections, et je crois que si M. E. Lenoël triomphe, ce sera une vraie défaite pour l'administration ; car ce sera un homme vraiment indépendant un indigène, porté par des indigènes, qui arrivera à la Chambre; ce ne sera pas un monsieur de Paris ou un monsieur désigné par les messieurs de Paris »[2].

Notes et références

  1. La Presse, 11 décembre 1868.
  2. Le Figaro, 17 décembre 1868.

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