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Église Saint-Martin (Cherbourg-Octeville)

De Wikimanche

L'église Saint-Martin d'Octeville

L'église Saint-Martin d'Octeville est un monument religieux de Cherbourg-en-Cotentin, église paroissiale historique d’Octeville.

Histoire

Le chœur et l'abside en août 2011.
Le chœur et l'abside avant 1899

Construite au XIIe siècle en petit appareil dans le style roman, l'église est offerte en 1160 à l'abbaye Notre-Dame du Vœu, par la reine Mathilde, après qu'elle l'a achetée pour 120 livres angevines avec le patronage, la chapelle Saint-Éloi, les prés et les moulins qui en dépendent, auprès de Roger de Magneville. Par une charte de Vivien, évêque de Coutances, en 1205, les chanoines du Vœu desservent eux-mêmes l'église[1]. Mais la cure est pauvre, d'un décime de quinze livres, soit un revenu estimé à cent cinquante à cent soixante livres[2].

Elle est restaurée et fortement agrandie au cours du XIXe siècle[1]. Le sculpteur François-Armand Fréret participe à cette restauration décriée[3].

Les trois parties originelles de l'église (clocher, chœur et abside) sont inscrites aux monuments historiques par arrêté du 17 avril 1943[4][5].

Architecture

La nef rectangulaire, allongée entre 1720 et 1735[5], couverte d'une charpente, s'ouvre sur un chœur étroit et profond à deux travées droites voutées. Les solides croisées d'ogives, rares dans les églises rurales de l'époque, marquent l'influence des abbayes du Vœu et de Lessay. La tour du clocher prend place au-dessus de la première travée. Le chevet est formé par une abside hémi-circulaire agrémentée de colonnes engagées[6].

L'intérieur est volontairement peu éclairé grâce à l'étroitesse des ouvertures. Les chapiteaux sculptés des travées mêlent entrelacs, masques aux figures barbares, oiseaux d'inspiration orientale[6]. La nef est complétée par deux chapelles latérales, abritant un Saint Sébastien et une Vierge à l'Enfant sculptés par Fréret.

L'ensemble du bâtiment est couvert par une toiture en schiste sur plusieurs niveaux.

Le clocher offre un profil original par un premier niveau octogonal reposant sur une base carrée, dont chacun des huit pans porte une arcature à décor géométrique, qui s'évase ensuite pour reprendre un couronnement quadrangulaire coiffé par un toit en bâtière, traditionnel dans la région[1]. Selon Montier, la tour était originellement à plan octogonal, comparable au clocher de Tamerville. L'actuel couronnement à plan carré, en encorbellement sur la tour, serait postérieur au XIIIe siècle.

Une « Obscena  scatologique » ?

Mur sud de l'abside. On peut zoomer sur le deuxième corbeau…

A. Montier signale en 1899 une curiosité sur le deuxième corbeau de l'abside sur le mur du sud : une « Obscena scatologique ». Force est de constater qu'une main prude et pieuse est passée par là, à coups de marteau : les photos montrent bien que ce deuxième corbeau a été réduit à l'état de moignon illisible depuis. Si tous les autres corbeaux présentent encore leur figures bien détaillées, celui là est complétement ravagé. À moins d'imaginer qu'il ait été sculpté dans une pierre bien plus sensible à l'érosion que les autres ? La question reste ouverte.

« Une famille d'églises » ?

Des historiens de l'art regroupent semble-t-il à juste titre les trois églises de Martinvast, Octeville et Tollevast dans une même famille, avec des arguments tant historiques qu'architecturaux.

Une page spécifique de Wikimanche est consacrée à cette « école » architecturale.

Mobilier

Un bas-relief représentant la Cène est classé monument historique au titre des objets depuis 1908, et l'autel à retable, en bois peint et doré (début du XIXe s.) est inscrit en 1974. Les statues de saint Martin et de saint Laurent, réalisées en bois polychrome entre 1810 et 1815, sont classées depuis 1977. Elles sont attribuées à François-Armand Fréret.

Bibliographie

  • A. Montier, « L'église d'Octeville », La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc.. Manche 1re [-2e] partie., édit. Lemasle et Cie, Le Havre,1899, p. 6-8 (lire en ligne)
  • J. Deshayes, « L'église Saint-Martin d'Octeville », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Cherbourg et la Hague, 2008, pp. 151-160
  • Jeannine Bavay, « L'église Saint-Martin d'Octeville », Vikland, n° 3, 2012

Situation

Elle est située rue du Général-de-Gaulle

Vue ouest.
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Fiche technique

  • Superficie : 370 m2

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Julien Deshayes, « Église Saint-Martin d'Octeville », Églises et chapelles de Cherbourg-Octeville, Art de Basse Normandie n° 130.
  2. Abbé Auguste François Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances et d'Avranches depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; suivie des actes des saints et d'un tableau historique des paroisses du diocèse, impr. de Salettes, Coutances, t. II, 1878.
  3. « c'est un chef d'œuvre de restauration ridicule » A. Montier p. 8, cf. bibliographie
  4. « Notice n°PA00110528 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  5. 5,0 et 5,1 Notice historique, ville-cherbourg.fr, consultée le 15 décembre 2012.
  6. 6,0 et 6,1 Notice historique, mondes-normands.fr.

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