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Église Notre-Dame (Tourlaville)

De Wikimanche

Église Notre-Dame de Tourlaville.
Dessinée par Charles Clément.

L'église Notre-Dame est un édifice catholique de la Manche, situé à Tourlaville, commune déléguée de Cherbourg-en-Cotentin.

À ne pas confondre avec l'église Notre-Dame-du-Travail située place Jean-Goubert, aux Flamands.

Dédiée à Notre-Dame, elle est le chef-lieu de la paroisse Saint-Gabriel.

Marguerite de Ravalet s'y serait mariée avec Jean Lefevre de Hautpitois [1], en mars 1600.

Histoire

La première mention connue date de 1163 [2]. L'édifice actuel est cependant de construction plus récente, bien que situé sur le même plateau que le primitif.

Le portail et le chœur seraient du XIVe ou du XVIe siècle [2] et la nef du XVe. La base de la tour serait beaucoup plus ancienne [3]. L'existence de l'église est prouvée avant le milieu du XVe siècle par la liste (quoique bien incomplète) des curés. Les envahisseurs anglais auraient donc pu contribuer à sa construction, d'autant qu'elle présente des similitudes avec la basilique Sainte-Trinité de Cherbourg, dont on sait que les Anglais ont participé à la construction. Il ne s'agit cependant là que d'une vieille tradition orale.

Vers 1560, le chœur et la tour qui tombaient en ruines durent être relevés. À cette époque, d'après Tancrède Martel [4], Notre-Dame était à la fois église paroissiale et chapelle du château.

En 1717, le curé Germain Faullain fait rebâtir en entier et agrandir la nef à ses (grands) frais (plus de 100 livres) et pare l'église de ses plus beaux atours. Le curé Trigan en reste admiratif : « l'église de Tourlaville est d'une grandeur et d'une beauté qui la rendent la plus belle du canton ». Quand Follain avait pris la cure de la paroisse, l'église était en piteux état et n'avait ni meubles, ni linges, ni ornements. Le tabernacle était uniquement tapissé de toiles d'araignées ...

En novembre 1739, on installe les trois premières cloches, commandées à Villedieu-les-Poêles à Charles Le Noir. Ce dernier réalise mal son travail et les cloches présentent des défauts, mais qu'importe ! L'église est restée bien trop longtemps sans cloches…

Visites archidiaconales de la seconde moitié du XVIIIe siècle

L'église est visitée le 2 septembre 1752 par le chanoine Jacques Lefèvre-Duquesnoy, archidiacre du Cotentin, vicaire général. L'édifice est en bon état, sauf la nef (déjà pavée) :

« […]. La clôture du cymetière (sic) nous a paru en bon état ainsi que les couvertures de l'église en totalité. L'intérieur de laditte (sic) église est tenu très proprement. Les confessionaux [5] (sic) sont en règle, ainsi que les fonts baptismaux [6]. Le lambry (sic) de la nef est en bon état. Le pavé de l'allée de la nef a besoin d'être réparé. Les bancelles sont uniformes et nous déffendons (sic) de les alonger (sic) ny (sic) de les fermer, mais enjoignons de faire raccomoder au plutost (sic) les planchés (sic) desdits bans (sic). Les autelles (sic) des chapelles sont convenablement décorées et les vouttes (sic) desdittes chapelles nous ont paru en bon état ainsi que la voutte du chœur et le pavé. Le maître-autel [7] est assez bien décoré. […]. »

Le même vicaire revient le 14 mai 1756 et souligne que

« […] le pavé de l'allées [sic] de la nef a besoin d'être régalé et relevé en plusieurs parties et les planchés [sic] des bancelles d'être raccommodées [sic]. […] Il y a légères réparations à faire au lambry du côté de l'évangile. […] Le cadre d'und. autel aurait besoin d'être repeint et le tabernacle d'être redoré. »

Le 26 septembre de la même année, il constate que la couverture du clocher est en mauvais état.

« Enjoignons aux parroissiens [sic] de faire cette répara(ti)on avant le premier décembre prochain sous peine d'interdiction des cloches, leur enjoignons aussi de faire réparer le portail, faute de quoy [sic] nous l'interdirons ainsi que la grande porte à notre visite prochaine. L'église est suffisamment pourvue de vases sacrés, de linges, d'ornements et de livres. »

En octobre 1764, le chanoine Jean-François Guy de Hennot de Théville observe que

« […] Les pavés du cœur (sic), de la nef [8] et des chapelles sont en bonne réparation. »

L'église est très bien tenue.

Période révolutionnaire

Dès le début de l'année 1790, l'église sert de salle de réunion dans laquelle se déroulent des votes tumultueux. Le bureau se trouve dans le chœur. C'est ensuite le conseil municipal qui y tient séance, avant la construction de la mairie. Il interdit l'entrée des femmes et des filles dans la chapelle de la Trinité pour assister aux « basses messes ». On les empêche bientôt de pénétrer dans chacune des chapelles. Des violences sont en effet commises chaque dimanche après la grand-messe.

L'orfèvrerie est saisie en 1792 et envoyée à la Monnaie de Rouen.

L'église est « entièrement dévastée » par les révolutionnaires, son mobilier est envoyé au district le 18 février 1794 (30 pluviôse an 2), deux cloches sont enlevées [9]. Les trois autels, les statues sont détruits et « les débris en furent portés au presbytère et servirent à chauffer les municipaux ».

Le Christ est arraché d'une perque et abattu, la statue de la sainte Vierge est précipitée du haut du clocher, les confessionnaux et les bancs sont brisés et brûlés mais plusieurs objets échappent aux violences car ils ont été préalablement cachés dans le clocher de l'église. La chaire et les fonts baptismaux disparaissent également.

L'église est fermée et désaffectée en 1795, utilisée comme « temple de la Raison », puis comme « atelier de salpêtre » [2].

Après le Concordat

En 1802, l'église est en bon état, les dégradations n'ont touché que le mobilier.

En 1806, les réparations les plus urgentes sont exécutées (pour près de 16 000 francs).

En 1807, le vicaire François Leroux la restaure « en y faisant faire un autel et son retable provisoires, un pavé et des bancs ».Il achète en outre quelques ornements indispensables.

La toiture du clocher en bâtière est reconstruite en 1815 pour 620 francs. Le pavé est refait sous les bancs avec des pierres schisteuses du pays, pour 300 francs (payés par la commune). Quelques arbres du cimetière sont abattus pour fabriquer des bancs, placés dans la nef et les chapelles.

En 1822, une flèche est construite sur la tour du clocher [10].

En 1829, le conseil municipal vote un crédit en vue de « l'agrandissement que sa population exige » [10].

Elle est restaurée à partir de 1830 [2].

En 1842, une perque est installée pour une somme de cinq cents francs [10].

En 1845, le conseil municipal alloue une somme de 500 francs pour l'achat et la pose d'une horloge à double cadran dans la tour.

En 1847, le lambris vétuste est remplacé par une voûte en plâtre supportée par des travaux de charpente en chêne dans la forme ogivale [10].

En 1849, le chœur et la nef sont pavées [10].

En 1852, les portes anciennes sont remplacées par des portes de chêne au portail principal et aux portails latéraux [10].

En 1874, on aurait découvert trois tombeaux mérovingiens dans le cimetière.

Les trois cloches sont bénies le 12 juillet 1896 [2], la grosse cloche de l'ancienne sonnerie s'étant cassée l'année précédente. Les trois cloches donnent une tierce majeure dont le bourdon donne le do dièse.

En 1904, l'abbé Guillon surélève les murs de la nef, « qui fut de nouveau construite » [10] et donne au chœur un style ogival gothique.

L'église est sinistrée en 1944 [11] et fait, au même titre que ses vitraux, l'objet d'un devis de restauration. La couverture de la sacristie sera refaite en pierre du pays, le clocher sera réparé au niveau de sa face Est et de la fenêtre haute de ce côté Est [10]. La réfection est confiée à M. Vigneron, maître-verrier de Paris, en 1952 [10].

En 1991, l'église est fermée au public car les voûtes menacent de s'écrouler [10]. La commune vote une somme de 1,8 million de francs pour sa restauration.

La toiture du clocher est refaite en juin 1998.

De nos jours

Des travaux de restauration commencent en 2014 et s'achèvent en 2019 pour lutter contre les infiltrations d'eau et améliorer le confort de l'édifice : coût 50 000  [12].

L'église n'est plus guère utilisée que pour des événements exceptionnels (obsèques…), l'église Notre-Dame-du-Travail accueillant l'ensemble des fidèles du Mesnil-au-Val, de Tourlaville, Bretteville et Digosville à l'occasion de la messe le dimanche matin.

Clergé

Curés-doyens

  • [1940] : Louis Jugan
  • [1954], [1955], [1957], [1958], [1959], [1961] : M. Cossé
  • ...
  • 1969-1975 : M. Lechevalier

Curés

  • …-1868 : M. Buhot
  • 1868-1877 : M. Forcel
  • 1877-1892 : M. Lerouvillois
  • 1893-... : M. Guillon
  • ?-1913 : M. Muris
  • 1913-1924 : M. Roblin
  • 1924-[1950] : Louis Jugan
  • [1951] : M. Leroussel
  • [1960] : M. Gosselin
  • [1966]-1982 : Julien Lebonnois

Mobilier

L'édifice abrite des éléments inscrits monument historique au titre d'objet :

  • maître-autel, tabernacle, retable et son tableau : Adoration des bergers de 1839 [13]
  • chaire à prêcher du XVIIIe classée monument historique au titre d’objet [14]
  • statue : Vierge douloureuse de la Crucifixion de 1842 [15]
  • statue Vierge à l'Enfant de 1839 [16]
  • fonts baptismaux de 1835 [17]
  • reliquaires en bois de 1853 [18]
  • deux bas-reliefs, placés au-dessus des tailloirs des chapiteaux de la première travée ouest. L'un représente un orant, peut-être un donateur, ou bien saint Jean l'Evangéliste. Le second représente une orante, peut-être une donatrice, ou bien une Vierge de douleur [19]

Situation

L'église Notre-Dame de Tourlaville est située place Victor-Hugo elle est accessible depuis la rue de Verdun,

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Bibliographie

  • Augustin Le Maresquier, Histoire de Tourlaville, Imprimerie commerciale de Cherbourg, 1971 (première édition en 1943).
  • Michel Guilbert et Michel Nortier, Les églises du département de la Manche de 1750 à 1820 : d’après les sources contemporaines et le rapport établi en 1802 par le comte de Montalivet, préfet de la Manche, tomes I et II : Ancien arrondissement de Valognes (1802),Société d’archéologie et d’histoire de la Manche, Saint-Lô, 2007, pp.45-65-90-419-420-421. ISBN 978-2-914329-13-2.
  • Marie-Jeanne Cornière,« Petite histoire généalogique autour d’une pierre tombale de l’église de Tourlaville », Revue de la Manche, n° 215, 2012

Notes et références

  1. Yves Jacob, Les Anges maudits de Tourlaville, éd. Presses de la Cité, 2004, p. 16.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 « L'église Notre-Dame », Reflets, bulletin municipal de Tourlaville (lire en ligne).
  3. Cahier paroissial de Notre-Dame de Tourlaville
  4. Écrivain marseillais de la fin du XIXe/début du XXe siècle
  5. Il n'existe plus de confessionnal ancien dans l'église.
  6. Les fonts baptismaux actuels sont du 19e siècle.
  7. Le maître-autel ancien n'existe plus. L'autel actuel, du 19e siècle, a été exécuté selon des plans retrouvés d'Armand Fréret.
  8. Le pavé de la nef dont le mauvais état était signalé depuis 1752.
  9. Elles seront transformées en canons.
  10. 10,0 10,1 10,2 10,3 10,4 10,5 10,6 10,7 10,8 et 10,9 Charles de Gerville, Michel Guibert et Yves Nédélec, Voyage archéologique dans la Manche (1818-1820), vol. 1, Arrondissement de Cherbourg, Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, 1999, pp. 427-428
  11. Jean-Jacques Beauruel, Thierry Bonhomme, Marcel Corbet, Souvenirs de Tourlaville, Imprimerie Artistique Lecaux, Tourlaville, 1998, p.230
  12. « Fin des travaux de restauration pour Notre-Dame », Ouest-France, 13 février 2014.
  13. « Notice n°PM50002311 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  14. « Notice n°PM50001527 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  15. « Notice n°PM50012576 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  16. « Notice n°PM50012575 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  17. « Notice n°PM50002313 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  18. « Notice n°PM50002312 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  19. « Notice n°PM50003563 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.

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