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Église Notre-Dame-du-Vœu (Cherbourg-Octeville)

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Église Notre-Dame du Vœu

L'église Notre-Dame-du-Vœu est un édifice religieux catholique de la Manche, situé à Cherbourg, aujourd'hui intégré à Cherbourg-en-Cotentin. Réalisée sur le modèle de l'église de Sourdeval, construite en calcaire de Valognes et de Caen, elle est de style roman en raison de la faiblesse des ressources [1], avec cependant quelques tendances ogivales.

Histoire

Dès 1811, l'église Sainte-Trinité ne suffit plus à accueillir le nombre grandissant des fidèles. Par un décret du 6 juin, Napoléon Ier autorise la construction d'une nouvelle église à Cherbourg. Différents projets sont étudiés, mais aucun n'est retenu [2].

En 1849, le conseil municipal de Cherbourg décide d'ériger un nouvel édifice religieux sur la commune [3]. Une commission composée de plusieurs notables est chargée du projet. Le choix se porte sur un herbage dit « Les Briques » situé près de la rue Sainte-Honorine et appartenant à une dame de Gouberville résidant à Virandeville [2]. M. de Virandeville offre le terrain à la Ville [1], qui finance les premiers travaux de construction, bientôt aidée par le conseil de fabrique et le ministère de l'Instruction publique et des Cultes (à partir de 1853). Des quêtes sont faites à domicile par le clergé de Cherbourg [2].

Les fonts baptismaux.

La première pierre de l'église est posée et bénite le 26 mai 1850, par l'abbé Lebrec [4], « en présence de toutes les autorités civiles et militaires et d'une grande partie de la population [...], des élèves du collège, des écoles de garçons et de filles » et bien sûr du « nombreux clergé de Cherbourg et des paroisses voisines » ... [2]. La construction de l'édifice est sous la direction de l'architecte Le Sauvage [5], puis, à partir de 1851, du Rouennais François Dominique Geufroy. De nombreuses pierres provenant de la démolition de la tour de l'Église sont remployées pour former la base du nouvel édifice [2], que l'on préfère placer sous le vocable de Notre-Dame-du-Vœu plutôt que celui de Saint-Vincent-de-Paul [2]. Le 21 mars 1852, l'abbé Lepeley, archiprêtre de Cherbourg, bénit solennellement la portion achevée de l'église, composée de la grande nef et des deux bas-côtés [2][4]. Le financement est assuré par une souscription des paroissiens, suite à une « terrible épidémie de choléra » [6]. Les travaux s'arrêtent temporairement en 1854-1855, le temps de décider s'il faut augmenter le chœur de l'église d'une travée pour diminuer d'autant la grandeur de l'abside. Cette solution est finalement retenue [2]. Entre 1855 et 1858, la municipalité complète la nef inaugurée en 1852 par un transept et un chœur (Dominique Geufroy, architecte) plus ouvragés. On construit aussi les deux chapelles, dédiées au Sacré-Cœur de Jésus et à l'archange saint-Michel, et l'abside [2]. La seconde tranche de travaux est achevée en 1859 [2]. L'église, solennellement consacrée par Mgr Daniel le 8 février [2], mesure 61,50 m de long. Elle est de style roman en raison de la faiblesse des ressources [1] mais est dotée en 1862-1863 de sa façade et de deux clochers d'inspiration gothique [1]. Le 2 juillet 1862, le portail de l'église et ses deux tourelles sont rasées pour permettre la construction des énormes fondations nécessaires à l'édification des deux clochers [2]. La première pierre du nouveau portail est posée et bénite par l'évêque Jean-Pierre Bravard le 17 novembre suivant, et la façade (portail central, portes latérales et clochers) est définitivement achevée le 1er août 1863 [2]. L'église est solennellement bénite le 13 septembre 1863 par Mgr Bravard, de nouveau sollicité le 20 janvier 1866 pour la bénédiction de la première cloche de l'église (Marie "Mathilde" Maurice Joseph, 4100 kg, donne le la) [2]. Le bourdon est rapidement fêlé et doit être remplacé en 1869, année d'installation d'une deuxième cloche (Léonce Marie Léopoldine, 700 kg, fa dièse) dans la tour sud. Les deux dernières prendront place le 19 novembre 1871 (Anne-Gabrielle, 1100 kg, mi) et 1878 (Joseph-Georges-Marie-Pie, 1448 kg, ré) [2].

Une grille en fer forgé est installée autour du chœur en janvier 1867. Le 8 décembre 1869 est inauguré un chemin de croix « sculpté par l'un des meilleurs ateliers de Paris » [7]. Une statue de la Vierge est posée en 1871 entre les deux tours et bénite le 19 novembre par Mgr Bravard. L'horloge est inaugurée le même jour [2].

L'église voit se dérouler en 1918 le sacre de Mgr Grente, dont le souvenir est entretenu par une plaque de marbre blanc fixée dans une des arcades murales du déambulatoire.

En 1927, l'éclairage au gaz est remplacé par un système électrique [2].

L'église est endommagée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Sa réfection dure sept ans [6]. Grâce une fois encore à la générosité de ses paroissiens, elle s'enrichit en 1950 de vitraux modernes en dalles de verre qui racontent l'histoire de la Vierge [6]. La statue de Notre-Dame en albâtre du 13e siècle provenant de l'abbaye est installée en 1949 par l'abbé Rachine à gauche de l'entrée du chœur, contre l'un des piliers du transept. Elle est bénite le 7 août par le primat des Gaules de l'époque [2]. Un parvis est aménagé à la fin de 1950 : la place Notre-Dame-du-Vœu [6].

En novembre 1966, une nouvelle horloge à remontage électrique est installée [8].

En 1967, l'abbé Lebehot fait réaliser l'autel central situé au milieu du transept [2].

L'église est touchée par la tempête d'octobre 1987 : des éléments du clocher tombent sur la dizaine de voitures stationnées en contrebas, faisant des dégâts matériels mais aucun blessé [9].

Des pierres de 20 à 30 centimètres tombent à nouveau au pied du clocher nord en avril 2009. La municipalité envisage alors de faire des travaux [10].

Curés

Mobilier

Le chœur.
Le chœur

Son sol est dallé en pierre émaillée d'Angleterre et encerclé par dix colonnes qui le séparent du déambulatoire [2]. On y trouve cinquante stalles en bois sculpté, le maître-autel en pierre de Caen, un retable abritant les statuettes des douze apôtres [2].

La nef.
Les nefs latérales

Elles sont pavées comme l'allée centrale et le déambulatoire en céramique de Maubeuge et offrent toutes deux un monument taillé en pierre de Caen : il s'agit d'une pietà et des fonts baptismaux [2]. Il s'agit de dons de deux dames Eyraud-Desyergues et Avrillon. Cette dernière a aussi donné les deux bénitiers situés à l'entrée [2].

Les chapelles

Les deux autels et les retables qui s'y trouvent sont sculptés en pierre de Caen par M. Bonnet, de Rouen [2]. On trouve dans la chapelle saint-Michel les statues de sainte Thérèse d'Avila et de saint François d'Assise. La grande verrière de la chapelle est offerte pour la plus grande partie par les officiers et équipages de l'escadre présente en rade de Cherbourg en 1858 [2].

L'autel de l'autre chapelle abrite une statue du Sacré-Cœur entourée de deux anges. On peut aussi observer une toile ancienne représentant le vaisseau de la reine Mathilde au milieu de la tempête ainsi que la pierre tumulaire du dernière abbé régulier de Notre-Dame-du-Vœu, mort en 1558 [2]. La grande verrière est offerte par les dames de l'association de Notre-Dame-du-Vœu.

L'orgue

L'église abrite un grand orgue de Gadault construit de 1882 à 1885. Restauré par Duputel (1890), puis par Depierre-Gloton (1928), il est classé monument historique (arrêté du 14 août 1990)..De 1993 à 1995 il est restitué dans son état d'origine par le facteur Jean-Pascal Villard.

Vitrail de l'Espérance (détail)
Les vitraux

Dans l'église, on peut suivre l'évolution de l'art du vitrail sur une longue période (1860-1960). Les grandes verrières des bras du transept sont réalisées par l'atelier Didron (1858). Elles sont consacrées à la Charité et à l'Espérance. Les verrières hautes du chœur sont dues à l'atelier d'Antoine Bessac (1934). Enfin, les verrières du déambulatoire et des collatéraux ont été réalisées, après la Seconde Guerre Mondiale, dans l'atelier de Gabriel Loire.

Les statues

La statuaire du XIXe a été réalisée dans l'atelier rouennais Bonet. Mais l'église conserve également de nombreux objets classés, en particulier ceux provenant de l'ancienne abbaye du Vœu : des statues (la Vierge et Saint Augustin), des bas-reliefs en albâtre de Nottingham (Assomption et scène de la vie de l'impératrice Mathilde ou, autre hypothèse, découverte de la Vraie Croix par Sainte Hélène), des hauts-reliefs (du XVe, en particulier une Madone provenant des ateliers anglais des Midlands) ainsi qu'une plate-tombe en pierre calcaire à l'effigie de l'abbé Lefillatre (mort en 1558) [1].

L'ensemble de l'église est inscrit aux monuments historiques par arrêté du 20 décembre 2006[12].

Situation

Vue depuis la place du Général-Serrail.

Elle est située rue Notre-Dame-du-Vœu, l'abside donne sur la rue du Président-Loubett.

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Bibliographie

  • Abbé Besnard, De l'église Notre-Dame-du-Voeu de Cherbourg, impr. Bedelfontaine, 1 rue Napoléon, Cherbourg, 1860 (lire en ligne)
  • Yves Murie et Bernard Jehan, Notre-Dame-du-Vœu de Cherbourg, éd. Isoète, 2011.
  • Notices du Conservatoire des antiquités et objets d'art) de la Manche (CAOA).
  • Base Mérimée du ministère de la Culture.

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 « Lieux de cultes - Paroisse Jean-XXIII », Doyenné de Cherbourg (lire en ligne).
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 2,12 2,13 2,14 2,15 2,16 2,17 2,18 2,19 2,20 2,21 2,22 2,23 2,24 et 2,25 Panneaux informatifs dans l'église.
  3. (lire en ligne)
  4. 4,0 et 4,1 Visite au port militaire de Cherbourg, Auguste Mouchel, libraire-éditeur, 1858, p. 63.
  5. Probablement Louis Pierre Charles Le Sauvage.
  6. 6,0 6,1 6,2 et 6,3 Bernard Launey, Cherbourg 1900-1975, éd. La Dépêche, 1976, p. 103.
  7. Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. 10, 1871.
  8. « Nos années 60 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2010
  9. « Le 15 octobre 1987, une violente tempête balaie le Cotentin », France 3 Normandie (archives INA) (voir en ligne).
  10. « Cherbourg : Notre-Dame du Vœu s'effrite », La Manche Libre, site internet, 20 avril 2009.
  11. S'il est déjà curé dans les faits en 1855, il n'est nommé officiellement à ce poste qu'en 1857 par un décret impérial
  12. « Notice n°PA50000041 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.

Liens internes

Lien externe