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Saint Ortaire

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Statue de Saint Ortaire datant du XVIIe siècle

Saint Ortaire, né vers 482 au Dézert, mort le 15 avril 580, est un saint de la Manche.

Saint Ortaire est l’un des grands évangélisateurs de la Normandie (Neustrie) des Ve-VIe siècles, au commencement de la dynastie franque, à l'époque où Clovis, chef victorieux contre les Huns, décide de se faire baptiser avec toute son armée en 496 à Reims, alors que l’ancienne Gaule romaine est encore majoritairement fidèle aux cultes et rituels celtiques. Il est le contemporain de saint Vigor dans la région, et de saint Benoît.

Biographie

Selon une très ancienne tradition, saint Ortaire, issu de la noblesse gallo-romaine, naît en 482 « au Dézert (Manche), à l’endroit où s’élève aujourd’hui la chapelle Saint-Ortaire. Tout jeune, il s’adonne à la pénitence : il pratique des jeûnes prolongés, s’habille pauvrement, porte le cilice, mange du pain d’orge, boit l’eau d’une fontaine encore existante, et qui jouit d’une vertu miraculeuse. Sa charité envers les pauvres est inépuisable » [1].

Il est attiré très tôt par la vie monastique, quittant sa famille à l’âge de douze ans pour se faire moine dans l’abbaye près de Beaumesnil (diocèse de Bayeux) où il fait un long apprentissage, s’instruisant et s’adonnant à la pénitence. « En bien peu de temps, il devint un parfait exemple de toutes sortes de vertus » nous révèle les moines de La Perrine en 1707 [2].

Il est ensuite envoyé par son supérieur dans la forêt des Andaines, à l’ouest de Bagnoles-de-l’Orne (Diocèse de Séez), pour y fonder une abbaye. « C’est dans ce hameau du Bas-Béziers, sur les mêmes lieux où vécut saint Ortaire, que s’est installé en 1945 la maison de Noviciat des frères Serviteurs de Sainte Marie [3] , là où ce saint, précisément, suscite une dévotion à la Vierge qui subsiste pendant des siècles et que la présence des frères servites pérennise » [4].

Saint Ortaire revient à Beaumesnil, mais en tant qu’ermite puisque les moines à l’époque n’ont pas encore de structure encadrée par des règles précises comme ce fut le cas à partir du VIIIe siècle. Il a pour refuge une grotte près de son monastère où il triomphe à plusieurs reprises des attaques de Satan, grâce à la prière et au jeûne.

Il lui est commandé en songe de se rendre au chevet de l’abbé de Landelles, dont la fin est proche. En arrivant à l’abbaye de Landelles (diocèse de Bayeux), il voit une troupe d’anges emmener l’âme du défunt au Paradis. Retournant à sa solitude, il est averti que les moines de Landelles l’ont élu comme successeur. Cependant, saint Ortaire croit cette charge au-dessus de ses forces et se retire à la grotte de Malloué « à cent mille du monastère » précise les « Acta sanctorum » du bréviaire de Coutances de 1745 (elle se situe en effet à 8,800 km au nord-est de Landelles). Les moines viennent l’y chercher de par l’ordre de Dieu qui leur indique où il se dissimule. L’ermite se résout à la volonté divine.

Pélerinage de saint Ortaire, fontaine du manoir de Saint-Ortaire, Cotentin

« Rien ne changea à ses habitudes ascétiques » , il accomplit sa charge admirablement et « fut, de son vivant, l’objet d’une véritable ferveur populaire grâce, en particulier, au retentissement que connurent ses miracles » , don conféré par sa sainteté. Ses premières guérisons sont celles d’une jeune fille impotente aux genoux, puis d’une lépreuse. Sa réputation se répand très vite et les miracles se multiplient. « Il avait notamment révélé les qualités curatives d’une source où certains malades, atteints de douleurs rhumatismales, voire de paralysie, se voyaient guéris » [4]. Enseignant, « il parcourut une grande partie du bocage » et se fit des disciples ; « les nombreux sanctuaires de nos trois départements bas-normands, où il est invoqué, peuvent fixer bien des points où il est passé » . Instruit des mystères de la religion celtique, il sait convertir les druides et est ainsi un grand évangélisateur.

Ayant une grande dévotion pour la vierge Marie, il lui construit une chapelle « dans son monastère de Landelles », où il se retire à 98 ans lorsqu’il sent qu’il décline. Il convoque alors ses moines pour les exhorter une dernière fois à la piété et à la pratique de toutes les vertus. Il les quittent pour rejoindre le Seigneur le 15 avril 580 [5].

De nombreuses guérisons d’enfants, de paralytiques et d’infirmes de toutes sortes, obtenues par son intercession, attirent encore aujourd’hui des centaines de pèlerins à son berceau chaque année.

À noter les fêtes de la Saint-Ortaire tous les lundis de Pentecôte au Mesnil-Aubert et au Mesnil-Hue avec la bénédiction des enfants lors de l'office.

Notes et références

  1. Cantiques des XVIIIe et XIXe et ouvrage consacré à Saint Ortaire de J. Fourné et P. Courcelles (1989)
  2. La vie du Bienheureux Saint Ortaire
  3. Il s'agit du Prieuré Sainte-Marie des Servites à Saint Ortaire (61600 Saint-Michel-des-Andaines)
  4. 4,0 et 4,1 citation du frère servite Noël-M Rath, Saint Ortaire, Servite, 1995
  5. Voyageurs et ermites, Saints populaires évangélisateurs de la Normandie. Catalogue de l’exposition tenue au musée de Normandie (Caen) du 8 juin au 28 octobre 1996