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Révolte des Nu-pieds

De Wikimanche

La révolte des va-nu-pieds (1639)

Depuis longtemps, le budget royal de Louis XIII est en déficit (58 millions de recettes pour 172 millions de dépenses pour l'année 1639). La pression fiscale est donc augmentée, et à chaque fois, des mouvements de contestation éclatent (1623 à Rouen, 1628, 1634 ...).

La Normandie, une des plus riches provinces du royaume, est donc mise à forte contribution. En janvier 1639, le gouvernement décide de supprimer le privilège de "Quart Bouillon" dont bénéficie le Cotentin. Désormais, toute la production est soumise à la gabelle et vendue uniquement dans les greniers à sel royaux, ce qui a pour conséquence de tripler le prix de l'"or blanc".

Dans le sud Manche, la fabrication du sel blanc (extrait dans des salines) occupait de 10 000 à 12 000 personnes, notamment à Vains et Saint-Léonard (110 salines). L'installation de la gabelle était donc une sérieuse menace pour leurs revenus, et pour la contrebande, qui faisait passer du sel dans les pays de « grande gabelle ».

Amplifié par des agents de troubles envoyés par l'Angleterre et par l'Espagne, le mouvement de mécontentement se transforme en révolte. Partout, la chasse aux officiers de finance, à leurs partisans, est ordonnée. De nombreux et atroces méfaits sont commis sans jugement, ne serait-ce qu'à la moindre rumeur publique.

Le 16 juillet 1639, un collecteur d'impôts, Charles le Poupinel, (renommé pour son esprit de lucre...)est tué à Saint-Léonard tout près du Grouin du sud. C'est le départ d'une résistance armée qui va s'organiser sous le titre d'Armée de souffrance et de Vu-Pieds. Leur chef, Jean Quetil prend le nom de Jean Nu-pieds, le secrétaire, un prêtre prend le nom de colonel des Mondrains ! L'armée est composée des sauniers, boidrots et autres plombs (noms empruntés aux habitudes des salines). Puis viennent se joindre manœuvriers, laboureurs, clercs et même des gentilshommes appauvris par les impôts. De plus, l'idée d'indépendance comme aux temps de ducs de Normandie se répand.

Dès lors, sur ordre de Richelieu, un détachement de l'armée de Picardie commandée par le général Jean de Gassion vient réprimer cette révolte. Celle-ci est finalement écrasée le 30 novembre 1639 à Avranches où les insurgés se sont réfugiés. Trois cents d'entre eux y sont tués, 200 sont arrêtés et jugés alors que quelques-uns qui tentent de s'échapper par les grèves, sont surpris par la marée montante et se noient.

Comme sanction royale, Richelieu ordonne que les villes normandes concernées perdent leurs privilèges. Par contre, le cardinal de Richelieu ne fit pas appliquer le décret qui devait supprimer le privilège de Quart Bouillon. Celui-ci fonctionnera jusqu'à la révolution de 1789.