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La première mention de l'usage carcéral du Mont date du règne de [[Louis XI]], mais des légendes fait de l'îlot un lieu d'enfermement bien avant. Ainsi, Wace, dans le ''[[Roman de Brut]]'', évoque Hélène, nièce de Hoël, enlevée sur la côte d'Espagne par un géant et retenue prisonnière sur le Mont. [[Fulgence Girard]] y voit l'évocation d'une accusation contre l'abbé [[Suppo]] (1033-1048) qui aurait mis au secret une jeune italienne et sous-entend qu'il y aurait enterré l'enfant né de leur union illégitime<ref name=girard>[[Fulgence Girard]], ''Histoire du Mont Saint-Michel comme prison d’État'', E. Dépée, Sceaux, 1850.</ref>.   
La première mention de l'usage carcéral du Mont date du règne de [[Louis XI]], mais des légendes fait de l'îlot un lieu d'enfermement bien avant. Ainsi, Wace, dans le ''[[Roman de Brut]]'', évoque Hélène, nièce de Hoël, enlevée sur la côte d'Espagne par un géant et retenue prisonnière sur le Mont. [[Fulgence Girard]] y voit l'évocation d'une accusation contre l'abbé [[Suppo]] (1033-1048) qui aurait mis au secret une jeune italienne et sous-entend qu'il y aurait enterré l'enfant né de leur union illégitime<ref name=girard>[[Fulgence Girard]], ''Histoire du Mont Saint-Michel comme prison d’État'', E. Dépée, Sceaux, 1850.</ref>.   


[[Étienne Dupont]] rejette cette légende évoquée sans rien pour l'attester. Il réfute également les suspicions d'emprisonnements ordonnés par l'abbé Roger (1084-1102) ou l'évêque de Dol Juthaël, de même qu'il rejette l'hypothèse de Girard quant à la construction d'oubliettes par [[Robert de Thorigny]]. Contrairement à l'imagerie populaire véhiculée, il n'y a jamais eu d'oubliettes au Mont, certains auteurs ayant pris pour des cachots des puisards, égouts et cachettes pour les trésors du clergé<ref name=dupont>[[Étienne Dupont]], ''Les Prisons du Mont Saint-Michel: 1425-1864''
[[Étienne Dupont]] rejette cette légende évoquée sans rien pour l'attester. Il réfute également les suspicions d'emprisonnements ordonnés par l'abbé Roger (1084-1102) ou l'évêque de Dol Juthaël, de même qu'il rejette l'hypothèse de Girard quant à la construction d'oubliettes par [[Robert de Thorigny]]. Contrairement à l'imagerie populaire véhiculée, il n'y a jamais eu d'oubliettes au Mont, certains auteurs ayant pris pour des cachots des puisards, égouts et cachettes pour les trésors du clergé<ref name=dupont>[[Étienne Dupont]], ''Les Prisons du Mont Saint-Michel: 1425-1864''</ref>.
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Cependant, la vocation carcérale du Mont remonterait au XII{{e}} siècle, pour les justiciables ressortissant du pouvoir de l'abbé, mais aucun document ne l'atteste<ref name=dupont/>. Lors de son pèlerinage en [[1470]], Louis XI visite les prisons dans les sous-sols du [[Mont Saint-Michel]] et en « libèr[e] une povre femme tenans ostaige pour son mari »<ref name=dupont/>.
Cependant, la vocation carcérale du Mont remonterait au XII{{e}} siècle, pour les justiciables ressortissant du pouvoir de l'abbé, mais aucun document ne l'atteste<ref name=dupont/>. Lors de son pèlerinage en [[1470]], Louis XI visite les prisons dans les sous-sols du [[Mont Saint-Michel]] et en « libèr[e] une povre femme tenans ostaige pour son mari »<ref name=dupont/>.


Louis XI fait du Mont une prison d’État<ref name=LML>« La “fillette” du Mont-Saint-Michel », ''La Manche libre'' (édition Avranches), 28 avril 2018.</ref>, destiné aux religieux et aux Exilés<ref name=Sinsoilliez>[[Robert Sinsoilliez]], ''Prisonniers au Mont-Saint-Michel'', Ancre de Marine Editions, 2006.</ref>. Il amène une « fillette » lors de sa visite suivante, en [[1472]], cage en bois et en fer de trois mètres de côté, suspendue en l'air. Placée dans l'une des salles de l'Officialité, au dessus de l'entrée de l'abbaye romane<ref name=Sinsoilliez/>, celle-ci n'est détruite que sur ordre du duc de Chartes, futur Louis-Philippe<ref name=LML/>.
Louis XI fait du Mont une prison d’État<ref name=LML>« La “fillette” du Mont-Saint-Michel », ''La Manche libre'' (édition Avranches), 28 avril 2018.</ref>, destiné aux religieux et aux Exilés<ref name=Sinsoilliez>[[Robert Sinsoilliez]], ''Prisonniers au Mont-Saint-Michel'', Ancre de Marine Editions, 2006.</ref>. Le roi amène une « fillette » lors de sa visite suivante, en [[1472]], cage en bois et en fer de trois mètres de côté, suspendue en l'air. Placée dans l'une des salles de l'Officialité, au dessus de l'entrée de l'abbaye romane<ref name=Sinsoilliez/>, celle-ci n'est détruite que sur ordre du duc de Chartes, futur Louis-Philippe<ref name=LML/>.


En [[1547]], quatre gentilshommes écossais, coupables d'avoir tué un cardinal, sont incarcérés au Mont sur ordre du roi. Ils s'en échappent un an plus tard, le [[7 janvier]] [[1549]]<ref name=dupont/>.
En [[1547]], quatre gentilshommes écossais, coupables d'avoir tué un cardinal, sont incarcérés au Mont sur ordre du roi. Ils s'en échappent un an plus tard, le [[7 janvier]] [[1549]]<ref name=dupont/>.


Le 26 mars [[1790]], l'inventaire des biens dénombre parmi les deux bâtiments dits « les Exils », qui comptait 15 prisonniers entre 1747 et 1790, 40 chambres fortes aux croisées grillées et sept chambres de maître<ref name=Sinsoilliez/>.
Les souverains successifs envoient par lettre de cachet 153 prisonniers entre [[1666]] et [[1789]]<ref name=Sinsoilliez/>. Les deux bâtiments dits « les Exils », comptent 40 chambres fortes aux croisées grillées qui reçoivent 15 prisonniers entre [[1747]] et [[1790]], et sept chambres de maître<ref name=Sinsoilliez/>.
 
La [[Révolution française dans la Manche|Révolution française]] ouvre les prisons, et libère une dizaine de prisonniers d’État<ref name=Sinsoilliez/>.  


== Prison révolutionnaire et impériale ==
== Prison révolutionnaire et impériale ==
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== Prisonniers célèbres ==
== Prisonniers célèbres ==
* [[Noël Béda]] (?-1537)
* [[Noël Béda]], jusqu'à sa mort en 1537;
* Norman Leslie, gentilhomme écossais, entre 1547 et 1549 ;
* Norman Leslie, gentilhomme écossais, entre 1547 et 1549 ;
* [[Avedick]], patriarche d'Arménie
* François de Chavigny de la Bretonnière, de 1685 à 1698
* François de Chavigny de la Bretonnière, de 1685 à 1698
* Desroches, poète  
* [[Avedick]], patriarche d'Arménie, de [[1706]] à [[1709]] ;
* [[Victor Dubourg de La Cassagne|Victor de La Cassagne]], de [[1745]] à [[1746]] ;
* Desroches, poète, jusqu'en [[1774]]
* Honoré-Auguste Sabatier de Cabre, entre 1787 et 1788 ;
* [[Pierre Cousin]] ([[1705]]-[[1794]])  
* [[Pierre Cousin]] ([[1705]]-[[1794]])  
* [[Pierre Harel]] (1749-1826)
* [[Pierre Harel]] (1749-1826)

Version du 10 mars 2019 à 01:40

La prison du Mont-Saint-Michel est un ancien lieu de détention de la Manche.

Îlot au milieu de la mer, le Mont Tombe, s'il a essentiellement été au cours des siècles, un lieu dédié à la religion, a également été à plusieurs reprises un lieu de détention.

La prison des rois

Une première abbaye est construite au XIe siècle, reconstruite au XIIIe siècle dans un style gothique. L'îlot est fortifié aux XIVe et XVe siècles.

La première mention de l'usage carcéral du Mont date du règne de Louis XI, mais des légendes fait de l'îlot un lieu d'enfermement bien avant. Ainsi, Wace, dans le Roman de Brut, évoque Hélène, nièce de Hoël, enlevée sur la côte d'Espagne par un géant et retenue prisonnière sur le Mont. Fulgence Girard y voit l'évocation d'une accusation contre l'abbé Suppo (1033-1048) qui aurait mis au secret une jeune italienne et sous-entend qu'il y aurait enterré l'enfant né de leur union illégitime[1].

Étienne Dupont rejette cette légende évoquée sans rien pour l'attester. Il réfute également les suspicions d'emprisonnements ordonnés par l'abbé Roger (1084-1102) ou l'évêque de Dol Juthaël, de même qu'il rejette l'hypothèse de Girard quant à la construction d'oubliettes par Robert de Thorigny. Contrairement à l'imagerie populaire véhiculée, il n'y a jamais eu d'oubliettes au Mont, certains auteurs ayant pris pour des cachots des puisards, égouts et cachettes pour les trésors du clergé[2].

Cependant, la vocation carcérale du Mont remonterait au XIIe siècle, pour les justiciables ressortissant du pouvoir de l'abbé, mais aucun document ne l'atteste[2]. Lors de son pèlerinage en 1470, Louis XI visite les prisons dans les sous-sols du Mont Saint-Michel et en « libèr[e] une povre femme tenans ostaige pour son mari »[2].

Louis XI fait du Mont une prison d’État[3], destiné aux religieux et aux Exilés[4]. Le roi amène une « fillette » lors de sa visite suivante, en 1472, cage en bois et en fer de trois mètres de côté, suspendue en l'air. Placée dans l'une des salles de l'Officialité, au dessus de l'entrée de l'abbaye romane[4], celle-ci n'est détruite que sur ordre du duc de Chartes, futur Louis-Philippe[3].

En 1547, quatre gentilshommes écossais, coupables d'avoir tué un cardinal, sont incarcérés au Mont sur ordre du roi. Ils s'en échappent un an plus tard, le 7 janvier 1549[2].

Les souverains successifs envoient par lettre de cachet 153 prisonniers entre 1666 et 1789[4]. Les deux bâtiments dits « les Exils », comptent 40 chambres fortes aux croisées grillées qui reçoivent 15 prisonniers entre 1747 et 1790, et sept chambres de maître[4].

La Révolution française ouvre les prisons, et libère une dizaine de prisonniers d’État[4].

Prison révolutionnaire et impériale

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Prisonniers célèbres

Notes et références

  1. Fulgence Girard, Histoire du Mont Saint-Michel comme prison d’État, E. Dépée, Sceaux, 1850.
  2. 2,0 2,1 2,2 et 2,3 Étienne Dupont, Les Prisons du Mont Saint-Michel: 1425-1864
  3. 3,0 et 3,1 « La “fillette” du Mont-Saint-Michel », La Manche libre (édition Avranches), 28 avril 2018.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 Robert Sinsoilliez, Prisonniers au Mont-Saint-Michel, Ancre de Marine Editions, 2006.