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Port de Granville

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Vue panoramique du port : à gauche, le bassin à flot, à droite, le port d'échouage.

Le port de Granville est un port de la Manche, situé à Granville.

Il est constitué d'un avant-port (port d'échouage), d'un bassin à flot et un port de plaisance.

Il peut accueillir les bateaux jusqu'à 18 m de large, 125 m de long et 6 000 tonnes de jauge.

Son marnage est l'un des plus forts du monde avec 11,60 m lors des marées de coefficient 100.


Histoire

Du XVIe au XVIIIe siècle

Une première jetée en pierres sèches est construite dans le havre de Granville sous le règne de François Ier. Située approximativement face au 7 rue du Port, elle mesurait 148 mètres de long [1]. En 1564, les travaux de la jetée sont terminés [2].

L'activité portuaire se développe au XVIe et XVIIe siècle, Granville devenant un grand port morutier, le premier de France à l'époque de Louis XIV [3], et un port de pêche aux huîtres [1].

Vauban visite le port en 1681 et 1686 [2]. Il conseille la construction d'un môle détaché [2]. En 1750, le Conseil du Roi décide d'édifier sur les rochers des Moulières ce môle en forme de V [1]. La construction est achevée en 1773 [2] ou en 1778 [1].

Une centaine de bateaux partent pour Terre-Neuve en 1750 et 2 500 marins prennent part à la pêche à la morue sous l'Empire.

Entre le XVIe siècle et la chute de Napoléon, Granville pratique régulièrement la guerre de course. Granville devient alors le troisième port corsaire métropolitain français sous Louis XVI par le nombre d’armements et par la valeur des prises rapportées [4].

Au XIXe siècle

Carte d'état-major du port de Granville

Le môle est relié à la terre de 1823 à 1840 [2] par la grande jetée de 500 mètres, le liant au Roc, puis l'aménagement des quais et du terre-plein [1].

La jetée sud est construite en 1856 [1]. Le premier bassin à flot avec écluse de trois hectares débouchant dans l'avant-port est aménagé de 1846 à 1856 [5][2]. Il est livré au commerce le 10 décembre 1856, en offrant 700 m de quais et la place pour 70 navires [6]. L'occupation par les morutiers l'hiver du premier bassin pousse la Chambre de commerce à demander la construction d'un deuxième bassin à flot dès 1857 [1]. Enfermant l'anse de Héquet, il est réalisé entre 1868 et 1870 [2] et achevé en 1873 [1].

Le port voit naître, en 1885, la Compagnie générale transatlantique (CGT) [3].

En 1887, une cale de radoub est terminée [2].

La pêche aux huîtres à l'aide des bisquines bat son plein à la fin de ce siècle avec 165 bateaux et un milliers de marins occupés [1].

Au XXe siècle

Lithographie.
En 1905

La grande pêche s'essouffle et les bancs d'huîtres sauvages s'épuisent [1]. Face à l'évolution des activités portuaires et à l'augmentation des tonnages des cargos après la Première Guerre mondiale, les deux bassins à flot sont réunis en un seul, entre 1922 et 1924, par la destruction du quai les séparant [2] laissant un bassin de 4,80 hectares qui favorise l'essor du port de commerce [1]. Les travaux sont réalisés en grande partie par les cosaques russes rescapés de l'armée Wrengel, remplacés en mai 1924 par des ouvriers italiens, puis polonais [2]. Le port se spécialise dans le caseyage, le dragage et le chalutage [1].

En 1925, un vaste terre-plein est créé le long de la jetée sud.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le port est abondamment utilisé par l'armée d'occupation allemande pour le trafic avec les Îles Anglo-Normandes [7]. À l'approche de l'armée américaine, les Allemands commencent à détruire les installations portuaires dans la nuit du 28 au 29 juillet [8]. Les portes de l’écluse sont démolies, le sas est rendu inutilisable, sept grues gisent dans le bassin, trois brèches sont ouvertes dans la jetée ouest et deux dans la jetée sud, la forme de radoub n'a plus de portes et un bateau est coulé à l’intérieur, les quais sont devenus inaccessibles par des épaves coulées à proximité [8]. Au départ des troupes allemandes, dans la nuit du 30 au 31 juillet 1944, le port est inutilisable [7]. Les Américains effectuent des réparations de fortune pour lui redonner une activité [7]. Trois ans de travaux, jusqu'en 1949, sont nécessaires pour remettre le port en état et le moderniser, et notamment boucher les brèches ouvertes dans la grande jetée et remplacer l'ancienne écluse entre l'avant-port et le bassin à flot [7].

Un port de plaisance de 7 hectares et 850 places est construit en 1975 dans l'anse de Hérel [1].

Au XIXe siècle

Datant de 1950 [9], les portes du bassin à flot sont remplacées en 2018.

Le 1er janvier 2021, l'ensemble de ses activités passent sous la coupe du Conseil départemental de la Manche, après avoir été longtemps gérées par la Chambre de commerce et d'industrie Centre et Sud Manche [10].

En 2020, 650 mètres de pontons flottants sont installés le long des quais du bassin à flot, pour faciliter l'accès aux navires [11].

Une extension prévue depuis plusieurs années est abandonnée en 2023 pour se transformer en une « modernisation » qui reste floue [12].

Infrastructures

Le quai Pléville.
Le corps de garde et ses latrines.
  • La tourelle du Loup
  • L'avant-port : 13 hectares, passe d'entrée de 125 m, asséché à basse mer
  • Le bassin à flot : 4,80 hectares, porte d'entrée de 20 m (accès de 1 heure 30 avant la pleine mer à 1 heure 30 après)
  • Le quai sud : 250 m, fret
  • Le quai d'Orléans (ou quai est) : 94 m, gréements anciens
  • Le quai ouest : 165 m, activité pêche (criée)
  • Le quai Pléville : 240 m, stockage de matériel de pêche
  • La porte d'ebbe [13], large de 20 m, ferme le bassin à marée haute
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Activités

Le port de pêche compte environ 80 et 250 marins. Premier port français de coquillages (bulots, paire, amande, saint-jacques), il s'y poursuit une activité de caseyage pour crustacés et bulots, de dragage de coquillages, de chalutage de fond et pélagique (poissons, céphalopodes, olivettes...)[1].

Le port de commerce, initialement basé sur l'importation (bois, engrais, pétrole), s'est consolidé sur l'exportation de 150 000 tonnes de matériaux annuels (graviers, ferrailles, sable) vers le Royaume-Uni et l'Espagne [1].

  • Chantiers navals :
    • Chantier naval Duboscq, spécialisé dans la rénovation des bateaux, notamment des vieux gréments
    • Chantier naval Antoine Hurel
Avant-port de Granville vu de la grande jetée. Panoramique à 180°.

Bibliographie

  • Paul de Gibon, « Le port de Granville depuis ses origines », Annuaire de l'association normande, 1910.
  • Charles de La Morandière, « Le port de Granville, des origines à nos jours », Études normandes, n° 50, 1955, p. 245-264 (lire en ligne).
  • Joachim Darsel, « Le port de Granville au XVIIIe siècle », Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. XLIV, n° 250, mars 1967, n° 253, décembre 1967.
  • « Le port de Granville en 1734 », Revue de l'Avranchin, n° 254, mars 1968, p. 16-20.
  • Mayeux-Droual, « Le port de Granville (1483-1815) », Revue du département de la Manche, n° 45, janvier 1970, p. 2-80.
  • Rémy Villand, L'Activité du port de Granville en 1619, Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, 1984.
  • Jacques Marion, « Granville : un demi-millénaire pour construire un port », Études Normandes, 53e année, n° 3, 2004, p. 4-18 (lire en ligne).
  • Guy de Saint Denis, « La station navale de Granville sous la deuxième République », Revue de la Manche, n° 183, 2004.
  • Christian Pfister-Langanay, « Le trafic portuaire de Granville en 1787 », Revue de la Manche, n° 253, 2021.
  • Michel Aumont, « Quand le port normand de Granville courait sus à l’ennemi », Revue nationale de l’Amopa, juill.-août-sept. 2017, n°217, p.11-13
  • Michel Aumont, « Granville. La trajectoire singulière d’une ville portuaire maritime normande », Académie de marine. Communications et mémoires, Année académique 2016-2017, n°2 (janvier-mars 2017), p. 31-47.
  • Michel Aumont, « La guerre de course à Granville et son effet sur l'économie locale (1688-1815) », Revue d'histoire maritime, n° 17, 2014, p. 139-160.
  • Michel Aumont, « Le droit de la course et son application à Granville aux XVIIe et XVIIIe siècles » dans les Actes du colloque international Ports, navires, navigations qui s’est tenu à Granville du 12 au 14 juin 2013.
  • Michel Aumont, « Le port de Granville et la guerre de course entre 1688 et 1815 », Revue d'histoire maritime, n° 16, 2013, p. 225-234.
  • Michel Aumont, « Les armateurs granvillais et la guerre de course : d’une activité de compensation à la tentation du risque», Annales de Normandie, n° 2, juillet-décembre 2011, p. 81-99.

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 et 1,14 Panneau d'information « Port départemental de Granville », Conseil général de la Manche.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 2,8 et 2,9 Basse-Normandie, pays de marins, Région Basse-Normandie, octobre 2001, p. 100.
  3. 3,0 et 3,1 « Le port de Granville », Manche, Les Éditions nouvelles, 1971, pp. 97-98.
  4. Michel Aumont, Destins et aventures corsaires. En mer ! Sus à l'ennemi !, éd. Orep, 2012, p. 113.
  5. Charles de La Morandière, « Le port de Granville, des origines à nos jours », Études normandes, n° 50, 1955, p. 245-264.
  6. Annuaire du département de la Manche, 1859, p. 378.
  7. 7,0 7,1 7,2 et 7,3 Michel Eude, « Le port de Granville », Annales de Normandie, 6e année, n° 1, janvier 1956, p. 100.
  8. 8,0 et 8,1 Rapport de l'Engineer Normandy base, Le Didac'doc, n° 44, décembre 2013, p. 19-20.
  9. « Port de Granville : les portes de l'écluse bientôt changées », francebleu.fr, site internet, 8 novembre 2017(lire en ligne).
  10. Yann Halopeau, « Le département repêche ports et aérodrome », Ouest-France, site internet, 28 septembre 2020.
  11. « Port de Granville : les travaux avancent », Ouest-France, site nternet, 8 juillet 2020.
  12. « Port de Granville : l'extension abandonnée », La Presse de la Manche, 6 septembre 2023.
  13. Ebbe ou èbe : nom féminin, marée descendante en dialecte normand.

Liens internes

Liens externes