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'''Pierre''' Marie Joseph '''Le Conte''', {{date naissance et décès|1|3|1894|7|9|1946|Cherbourg}} <ref name=EC>AD50, NMD Cherbourg, 1894 (5 Mi 2137) page 45/243 Acte de naissance n° 169 [http://www.archives-manche.fr/ark:/57115/a011288085768DPu7HU/b600048174''(lire en ligne)''].</ref>, est un peintre de la [[Manche]].
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==Biographie==
==Biographie==
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Peintre, imagier, graveur, navigateur, explorateur, cet artiste autodidacte, né à Cherbourg où il passera toute sa vie, est issu d’une vieille famille de marchands de nouveautés dont l’enseigne ''Au Pèlerin'' <ref>Voir : [[ouverture des grandes banques et des grands magasins à Cherbourg]].</ref> (puis Le Conte-Dubégny) était fort connue. Brillant élève au [[lycée Victor-Grignard|lycée de sa ville]], Pierre Le Conte se sent attiré très jeune par la mer. À treize ans, il commence à naviguer sur un cotre à bord duquel il prend ses premiers croquis de navires <ref name=Hamel>Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', t. 2, éd. Eurocibles, Marigny.</ref> .
Peintre, imagier, graveur, navigateur, explorateur, cet artiste autodidacte, né à Cherbourg où il passera toute sa vie, est issu d’une vieille famille de marchands de nouveautés dont l’enseigne ''Au Pèlerin'' <ref>Voir : [[ouverture des grandes banques et des grands magasins à Cherbourg]].</ref> (puis Le Conte-Dubégny) était fort connue. Brillant élève au [[lycée Victor-Grignard|lycée de sa ville]], Pierre Le Conte se sent attiré très jeune par la mer. À treize ans, il commence à naviguer sur un cotre à bord duquel il prend ses premiers croquis de navires <ref name=Hamel>Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', t. 2, éd. Eurocibles, Marigny.</ref> .


Après avoir renoncé à l'École navale pour raisons de santé, Pierre Le Conte intègre l'infanterie. Il est blessé quelques jours avant l'armistice de [[1918]] <ref name=snac>''Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg'', vol. XXIV, 1950.</ref> .  
Après avoir renoncé à l'École navale pour raisons de santé, Pierre Le Conte intègre l'infanterie en [[1915]]. Il est blessé moins d'un mois avant l'armistice de [[1918]] <ref name=snac>''Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg'', vol. XXIV, 1950.</ref>, et reste invalide à 30 %.


La paix revenue, il prend la direction du magasin de ses parents. C’est un patron original qui offre tous les jours le thé à ses employés ! Le métier ne le passionne guère et il laissera sa femme diriger l’affaire en [[1925]] <ref name=Hamel/>, année de son mariage.
La paix revenue, il prend la direction du magasin de ses parents. C’est un patron original qui offre tous les jours le thé à ses employés ! Le métier ne le passionne guère et il laissera sa femme diriger l’affaire en [[1925]] <ref name=Hamel/>, année de son mariage.


Entre temps, il a trouvé sa voie artistique au contact de l’école coutançaise du [[Le Pou qui grimpe|Pou qui grimpe]]. C’est lui qui illustre alors les recueils de [[Joseph Quesnel]], notamment les ''Sept clochers normands'' en [[1920]] <ref name=Hamel/>.
Entre-temps, il a trouvé sa voie artistique au contact des peintres Deguerne et [[Michel-Adrien Servant|Servant]] de Cherbourg et de l’école coutançaise du [[Le Pou qui grimpe|Pou qui grimpe]]. C’est lui qui illustre alors les recueils de [[Joseph Quesnel]], notamment les ''Sept clochers normands'' en [[1920]] <ref name=Hamel/>.


===Avec Charcot et Amundsen===
===Avec Charcot et Amundsen===
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===Peintre officiel de la Marine===
===Peintre officiel de la Marine===
En [[1924]], il est nommé peintre officiel du Département de la Marine. C’est en [[1932]] qu’il publie son œuvre maîtresse, le volumineux ''Répertoire des navires de guerre français'' qui compte plus de sept mille bâtiments <ref name=Hamel /> !
Le [[15 décembre]] [[1924]], il est nommé peintre officiel du Département de la Marine. C’est en [[1932]] qu’il publie son œuvre maîtresse, le volumineux ''Répertoire des navires de guerre français'' qui compte plus de sept mille bâtiments <ref name=Hamel /> !


Il se passionne par exemple pour l’étrange phénomène du « canon des îles », dans la [[Hague]], et pour le passé de l’ancienne mine de La Ferrière, près de [[Sauxemesnil|Ruffosses]] <ref name=Hamel />.
Il se passionne par exemple pour l’étrange phénomène du « canon des îles », dans la [[Hague]], et pour le passé de l’ancienne mine de La Ferrière, près de [[Saussemesnil|Ruffosses]] <ref name=Hamel />.


Il se consacre parallèlement à la peinture, sa grande passion. Il peint des tableaux, il illustre des monographies. Il est élu membre titulaire de la [[Société nationale académique de Cherbourg]] le [[1er juin|1{{er}} juin]] [[1938]] <ref name=snac/>.
Il se consacre parallèlement à la peinture, sa grande passion. Il peint des tableaux, il illustre des monographies. Il entre en [[1925]] à la [[société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg]] et est élu membre titulaire de la [[Société nationale académique de Cherbourg]] le [[1er juin|1{{er}} juin]] [[1938]] <ref name=snac/>.


===Une fin tragique===
===Une fin tragique===
La vie de ce personnage très attachant et surdoué a été racontée en [[1980]] dans un ouvrage de Jean-Charles Arnault et Robert Marie qui ont apporté des révélations sur sa fin tragique.  
La vie de ce personnage très attachant et surdoué a été racontée en [[1980]] dans un ouvrage de [[Jean-Charles Arnault]] et Robert Marie qui ont apporté des révélations sur sa fin tragique.  


On sait que Pierre Le Conte a été arrêté par les Allemands en août [[1941]]. On ignore les causes exactes de son arrestation. L’artiste cherbourgeois n’a fait que de donner quelques conseils à deux jeunes gens qui veulent fuir en Angleterre. Arrêtés à Paris, ces derniers fournissent le nom de Pierre Le Conte chez lequel, comble de malchance, la police découvre un vieux revolver à barillet hors d’usage.  
On sait que Pierre Le Conte a été arrêté par les Allemands le [[2 août]] [[1941]] pour « aide à puissance ennemie de l'Allemagne ». Il faisait partie d'une organisation d'évacuation en Angleterre, dont des bénéficiaires, arrêtés à Paris, ont donné le nom de Pierre Le Conte. Comble de malchance, la police découvre à son domicile un vieux revolver à barillet hors d’usage.  


D’abord emprisonné à [[Saint-Lô]]<ref name=Hamel />, Pierre Le Conte est déporté le [[29 septembre]] vers la prison de Karlsruhe (Allemagne). Il est transféré à la prison de Rheinbach, prison pour les peines de travaux forcés située au sud-ouest de Bonn. Il est ensuite à Siegburg qui est une prison d'application des peines pour les personnes condamnées en France et pour les ""NN"" <ref>''Nacht und Nebel'' = "Nuit et brouillard" - interprétation du signe N.N. accolé par l'administration SS à tout détenu désigné dès sa déportation.</ref> jugés à Cologne et prison de passage entre Cologne et la forteresse de Sonnenburg <ref>Fondation pour la mémoire de la déportation.</ref>.   
D’abord emprisonné à [[Saint-Lô]] <ref name=Hamel />, Pierre Le Conte est déporté le [[29 septembre]] vers la prison de Karlsruhe (Allemagne). Il est transféré à la prison de Rheinbach, prison pour les peines de travaux forcés située au sud-ouest de Bonn. Il est ensuite à Siegburg qui est une prison d'application des peines pour les personnes condamnées en France et pour les ""NN"" <ref>''Nacht und Nebel'' = "Nuit et brouillard" - interprétation du signe N.N. accolé par l'administration SS à tout détenu désigné dès sa déportation.</ref> jugés à Cologne. Le Conte passe ses dernières années de captivité dans le ''Zuchtaus'' d'Obercassel, où il participe à la fondation de l'Association des Prisonniers Civils de Guerre et à la rédaction d'un journal clandestin interne au camp, ''Le petit menteur'' <ref>Fondation pour la mémoire de la déportation.</ref>.   


Libéré par les Américains en [[1944]], il meurt deux ans plus tard des suites de sa captivité <ref name=Hamel />.
Libéré par les Américains en [[1944]], il quitte Obercassel le [[19 mai]] [[1945]] et meurt un an plus tard des suites de sa captivité <ref name=Hamel />.
 
==Décorations==
* Croix de guerre 14-18 (plusieurs citations)
* Légion d'honneur
 
==Œuvres==
* ''Relation complète du voyage de navigation en haute mer'', 1922.
* ''Les aventures d'Alain Gerbault'', 1924.
* ''Répertoire des navires de guerre français'', 1932.
* ''Les chemins de Basse-Normandie au temps du sire de Gouberville, Mortain, Impr. du Mortainais, 1939.
 
==Hommage==
* Le [[Quai Pierre-Le-Conte (Tourlaville)|quai Pierre-Le-Conte]] lui rend hommage à [[Tourlaville]].


{{Notes et références}}
{{Notes et références}}
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* Céline Guénolé, ''Pierre Le Conte :  peintre & imagier de la Marine (1894-1946)'', éd. Isoète, 2003
* Céline Guénolé, ''Pierre Le Conte :  peintre & imagier de la Marine (1894-1946)'', éd. Isoète, 2003


{{DEFAULTSORT:Le Conte, Pierre}}
==Article connexe==
* [[Leconte]]
 
{{CLEDETRI:Le Conte, Pierre}}
 
[[Catégorie:Biographie]]
[[Catégorie:Déporté de la Manche]]
[[Catégorie:Membre de la Société académique de Cherbourg]]
[[Catégorie:Peintre de la Manche]]
[[Catégorie:Peintre de la Manche]]
[[Catégorie:Personnalité militaire de la Manche]]
[[Catégorie:Personnalité militaire de la Manche]]
[[Catégorie:Membre de la Société académique de Cherbourg]]
[[Catégorie:Biographie]]
[[Catégorie:Déporté de la Manche]]

Dernière version du 24 août 2023 à 13:01

Pierre Marie Joseph Le Conte, né à Cherbourg le 1er mars 1894 et mort dans la même commune le 7 septembre 1946 [1], est un peintre de la Manche.

Biographie

Entre la peinture, le commerce et la mer

Peintre, imagier, graveur, navigateur, explorateur, cet artiste autodidacte, né à Cherbourg où il passera toute sa vie, est issu d’une vieille famille de marchands de nouveautés dont l’enseigne Au Pèlerin [2] (puis Le Conte-Dubégny) était fort connue. Brillant élève au lycée de sa ville, Pierre Le Conte se sent attiré très jeune par la mer. À treize ans, il commence à naviguer sur un cotre à bord duquel il prend ses premiers croquis de navires [3] .

Après avoir renoncé à l'École navale pour raisons de santé, Pierre Le Conte intègre l'infanterie en 1915. Il est blessé moins d'un mois avant l'armistice de 1918 [4], et reste invalide à 30 %.

La paix revenue, il prend la direction du magasin de ses parents. C’est un patron original qui offre tous les jours le thé à ses employés ! Le métier ne le passionne guère et il laissera sa femme diriger l’affaire en 1925 [3], année de son mariage.

Entre-temps, il a trouvé sa voie artistique au contact des peintres Deguerne et Servant de Cherbourg et de l’école coutançaise du Pou qui grimpe. C’est lui qui illustre alors les recueils de Joseph Quesnel, notamment les Sept clochers normands en 1920 [3].

Avec Charcot et Amundsen

Il se consacre dès lors à la mer et se lie d'amitié avec le commandant Charcot : il effectue à partir de 1921 [5] plusieurs missions à bord du Pourquoi Pas[4]. Durant sept ans, il prend part à toutes les expéditions du célèbre explorateur. Il fait partie de l'état-major, non seulement comme artiste peintre, mais aussi, dès 1922, comme spécialiste de l'océanographie physique et de l'hydrométrie [5].

Il participe également en 1928 aux recherches d’Amundsen.

Il rapporte de passionnants carnets de croquis de ses voyages au Groenland, dans l’Atlantique et en Méditerranée [3].

Peintre officiel de la Marine

Le 15 décembre 1924, il est nommé peintre officiel du Département de la Marine. C’est en 1932 qu’il publie son œuvre maîtresse, le volumineux Répertoire des navires de guerre français qui compte plus de sept mille bâtiments [3] !

Il se passionne par exemple pour l’étrange phénomène du « canon des îles », dans la Hague, et pour le passé de l’ancienne mine de La Ferrière, près de Ruffosses [3].

Il se consacre parallèlement à la peinture, sa grande passion. Il peint des tableaux, il illustre des monographies. Il entre en 1925 à la société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg et est élu membre titulaire de la Société nationale académique de Cherbourg le 1er juin 1938 [4].

Une fin tragique

La vie de ce personnage très attachant et surdoué a été racontée en 1980 dans un ouvrage de Jean-Charles Arnault et Robert Marie qui ont apporté des révélations sur sa fin tragique.

On sait que Pierre Le Conte a été arrêté par les Allemands le 2 août 1941 pour « aide à puissance ennemie de l'Allemagne ». Il faisait partie d'une organisation d'évacuation en Angleterre, dont des bénéficiaires, arrêtés à Paris, ont donné le nom de Pierre Le Conte. Comble de malchance, la police découvre à son domicile un vieux revolver à barillet hors d’usage.

D’abord emprisonné à Saint-Lô [3], Pierre Le Conte est déporté le 29 septembre vers la prison de Karlsruhe (Allemagne). Il est transféré à la prison de Rheinbach, prison pour les peines de travaux forcés située au sud-ouest de Bonn. Il est ensuite à Siegburg qui est une prison d'application des peines pour les personnes condamnées en France et pour les ""NN"" [6] jugés à Cologne. Le Conte passe ses dernières années de captivité dans le Zuchtaus d'Obercassel, où il participe à la fondation de l'Association des Prisonniers Civils de Guerre et à la rédaction d'un journal clandestin interne au camp, Le petit menteur [7].

Libéré par les Américains en 1944, il quitte Obercassel le 19 mai 1945 et meurt un an plus tard des suites de sa captivité [3].

Décorations

  • Croix de guerre 14-18 (plusieurs citations)
  • Légion d'honneur

Œuvres

  • Relation complète du voyage de navigation en haute mer, 1922.
  • Les aventures d'Alain Gerbault, 1924.
  • Répertoire des navires de guerre français, 1932.
  • Les chemins de Basse-Normandie au temps du sire de Gouberville, Mortain, Impr. du Mortainais, 1939.

Hommage

Notes et références

  1. - Acte de naissance n° 169 - Page 45/243 .
  2. Voir : ouverture des grandes banques et des grands magasins à Cherbourg.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 et 3,7 Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, t. 2, éd. Eurocibles, Marigny.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. XXIV, 1950.
  5. 5,0 et 5,1 Archives départementales de la Manche, Invitation presse- Inauguration exposition Horizons polaires. Des Manchots sur le Pourquoi-Pas ?[1], consulté le 2 juillet 2017.
  6. Nacht und Nebel = "Nuit et brouillard" - interprétation du signe N.N. accolé par l'administration SS à tout détenu désigné dès sa déportation.
  7. Fondation pour la mémoire de la déportation.

Bibliographie

  • Céline Guénolé, Pierre Le Conte : peintre & imagier de la Marine (1894-1946), éd. Isoète, 2003

Article connexe