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Le '''moulin de Canisy''' est un ancien moulin de la [[Manche]] situé sur la rivière [[Joigne]], dans la commune de [[Canisy]].
Le '''moulin de Canisy''' est un ancien moulin de la [[Manche]] situé sur la rivière [[Joigne]], dans la commune de [[Canisy]].
== Histoire ==
'''Citations'''
« A partir du village de la Calenge, la [[Joigne]] cesse de couler dans une plaine élargie, bordée de coteaux en pentes molles, autrefois cultivés en céréales et devenus des herbages. Les bords se resserrent, et la vallée devient vallon, un vallon de plus en plus étroit, aux pentes raides, couvertes de bois. <ref name=LMJ>Fernand Vatin, ''Les Moulins de la Joigne'', libr. Lemasson, Saint-Lô, 1941.</ref><br>
Ce vallon aujourd'hui converti en prairies, était jadis marécageux au possible, et il n'y a pas un siècle que le châtelain de [[Canisy]], le comte [[Hervé de Kergorlay]], l'un des plus grands propriétaires terriens du pays assécha par le drainage une série de longs étangs, dits des Coualles. Cette nappe d'eau figure encore sur la carte dressée en [[1837]] par le sieur Bitouze-Mauxmesnil, « géomètre en chef du Cadastre et membre de plusieurs sociétés savantes. » »<ref name=LMJ/><br>
«  Les travaux entrepris par M. de Kergoriay, agronome distingué, ont donné les meilleurs résultats. »<ref name=LMJ/><br>
«  De nos jours les marais fangeux et envahis par les herbes, qui se succédaient dans tous les terrains parcourus par la basse Joigne, ont été parfaitement drainés et asséchés. Cette entreprise d'amélioration agricole fut en même temps une œuvre d'assainissement, dont se sont bien trouvés les habitants du pays. Les fièvres pernicieuses, d'origine paludéenne, ont à peu près disparu, et le climat déjà humide du fait des pluies abondantes dans la contrée, en a été quelque peu amélioré. »<ref name=LMJ/><br>
«  De ces étangs et marécages que la génération actuelle n'a pas connus, il ne subsiste aujourd'hui qu'un réservoir de peu d étendue entre le moulin de [[Canisy]] et la route qui va de ce bourg à [[Saint-Gilles]]. Il a été conservé à bon escient pour donner son eau au moulin par les temps de sécheresse,  grossir le débit en cas de travail pressé, et le modérer tout au moins au début, par les crues inattendues. »<ref name=LMJ/><br>
«  Toujours par les soins du même agronome entendu, [[Hervé de Kergorlay]], marquis de [[Canisy]] et du Hommet, le cours du ruisseau du Pouchet, qui prend sa source à La Gablerie, c'est-à-dire à un kilomètre environ sur la rive droite de la [[Joigne]], eut son cours détourné dans sa partie inférieure à quelques pas de son embouchure primitive. Il se perdait auparavant dans les marais qui furent desséchés à cette époque. Un lit artificiel, sagement conçu et bien exécuté, le fait aujourd'hui passer derrière le moulin et se jeter plus en aval dans la [[Joigne]], au-delà du jardin cultivé par les meuniers. Meuniers. <br>
Quand les crues de la [[Joigne]] sont excessives, il reçoit le trp plein du petit étang-réservoir par une rigole creusée à cet effet »<ref name=LMJ/><br>
«  Le moulin de [[Canisy]] se trouve au pied du grand parc boisé qui entoure le château habité successivement par les familles de Carbonnel, de Faudoas et de Kergorlay. Son origine est très ancienne, et remonte peut-être à une époque antérieure à celle de l'arrivée des Normands dans le [[Cotentin]]. Il fonctionnait déjà au temps où n'avait pas encore été détruite l'abbaye de [[Canisy]]. Au vrai les preuves manquent de l'existence de cette abbaye, mais les présomptions abondent, et dom Lobineau, dans son Histoire de Bretagne, a écrit qu'il y avait une abbaye à [[Canisy]]. »<ref name=LMJ/><br>
«  Le moulin a peut-être servi à moudre le grain apporté par les religieux qui cultivaient le sol environnant leur villa, mot de la basse-latinité désignant un monastère ou une abbaye le plus souvent de quelques moines. Puis il entra dans le domaine de Robert Carbonnel (nom d'origine italienne, farbonelli), fondateur du château de [[Canisy]] (au XIe siècle) et de ses successeurs : Hubert, Hugues, Richard, Guillaume.. <br>
Au début de 18e siècle, les marquis de Faudoas succédèrent â la suite d'un mariage aux marquis de Carbonnel ([[1709]]), puis à la suite d'un autre mariage, les de Kergorlay aux de Faudoas (vers [[1800]]). Ces nobles seigneurs et les habitants du lieu se fournissaient de farine au moulin de Canisy, qui était sans nul doute avant la Révolution un moulin banal, c'est-à-dire un moulin à 1'usage duquel le seigneur asservissait ses vassaux et ses sujets. Il y avait encore sous la Féodalité, le four banal, le pressoir banal, le taureau banal, etc. »<ref name=LMJ/>
« La Révolution de [[1789]] supprima le système de la banalité, mais les moulins continuèrent de moudre le grain des laboureurs. Le moulin de Canisy devint propriété de la famille David, après la fin sur l'échafaud d'Augustin-Hervé de Faudoas, que suivirent dans la mort par la guillotine, sa sœur
veuve de Beaurepaire et sa fille Eléonore. Louis de Kergorlay avait épousé Marie de Faudoas, dont il eut trois fils. L'aîné Hervé de Kergorlay, député, chevalier de la Légion d'Honneur, fut un agronome distingué, qui acheta en 1840 le moulin de Jean David. C'est lui qui procéda à l'assèchement des marais traversés par la Joigne sur le territoire de Canisy.<br>
Son fils Louis est le père du propriétaire actuel du domaine du château et du moulin de Canisy.  »<ref name=LMJ/><br>
«  Ce moulin n'a jamais cessé, jusqu'en ces derniers temps, d'être un moulin à grains. II figure comme tel sur l'état récapitulatif, de dénombrement dressé en [[1839]], et sur les annuaires du département qui parurent chaque année dans la suite. La statistique de [[1850]] l'indique comme ayant alors quatre tournants (paires de meules), le seul de cette importance sur toute la Joigne, et cela pour les grains de blé, d'orge, de sarrasin et de lin. Il y a peu de temps, la veuve Jeanne, meunière, y faisait encore de la farine de blé ; son successeur, le nommé Housset, n'y produisait plus que de la farine de sarrasin. » <ref name=LMJ/><br>
«  Le moulin de Canisy ne devait pas échapper au sort de la plupart des moulins de la [[Joigne]], et il a cessé de tourner depuis quelques années. Le grand rouet de bois, avec les débris des meules brisées sont encore visibles ; mais les pièces essentielles n'existent plus, et le propriétaire semble avoir renoncé définitivement à lui rendre son ancienne activité. Il s'en sert d'ailleurs pour lui faire produire au moyen d'une turbine, l'électricité nécessaire à sa vaste demeure. Le logis des anciens meuniers est encore habité, mais ses hôtes s'occupent d'autres besognes que de la mouture du blé. »<ref name=LMJ/><br>
«  Le site choisi pour sa construction, il y a mille ans peut-être, a conservé en grande partie le caractère rustique et pittoresque d'autrefois. L'établissement de la voie ferrée de Saint-Lo à Coutances, qui passe à proximité, et le voisinage d'une gare d'ailleurs édifiée dans un cadre de pins magnifiques n'ont aucunement nui au charme naturel de l'endroit. »<ref name=LMJ/><br>





Version du 17 octobre 2018 à 21:27

Le moulin de Canisy est un ancien moulin de la Manche situé sur la rivière Joigne, dans la commune de Canisy.

Histoire

Citations

« A partir du village de la Calenge, la Joigne cesse de couler dans une plaine élargie, bordée de coteaux en pentes molles, autrefois cultivés en céréales et devenus des herbages. Les bords se resserrent, et la vallée devient vallon, un vallon de plus en plus étroit, aux pentes raides, couvertes de bois. [1]
Ce vallon aujourd'hui converti en prairies, était jadis marécageux au possible, et il n'y a pas un siècle que le châtelain de Canisy, le comte Hervé de Kergorlay, l'un des plus grands propriétaires terriens du pays assécha par le drainage une série de longs étangs, dits des Coualles. Cette nappe d'eau figure encore sur la carte dressée en 1837 par le sieur Bitouze-Mauxmesnil, « géomètre en chef du Cadastre et membre de plusieurs sociétés savantes. » »[1]
«  Les travaux entrepris par M. de Kergoriay, agronome distingué, ont donné les meilleurs résultats. »[1]
«  De nos jours les marais fangeux et envahis par les herbes, qui se succédaient dans tous les terrains parcourus par la basse Joigne, ont été parfaitement drainés et asséchés. Cette entreprise d'amélioration agricole fut en même temps une œuvre d'assainissement, dont se sont bien trouvés les habitants du pays. Les fièvres pernicieuses, d'origine paludéenne, ont à peu près disparu, et le climat déjà humide du fait des pluies abondantes dans la contrée, en a été quelque peu amélioré. »[1]
«  De ces étangs et marécages que la génération actuelle n'a pas connus, il ne subsiste aujourd'hui qu'un réservoir de peu d étendue entre le moulin de Canisy et la route qui va de ce bourg à Saint-Gilles. Il a été conservé à bon escient pour donner son eau au moulin par les temps de sécheresse, grossir le débit en cas de travail pressé, et le modérer tout au moins au début, par les crues inattendues. »[1]
«  Toujours par les soins du même agronome entendu, Hervé de Kergorlay, marquis de Canisy et du Hommet, le cours du ruisseau du Pouchet, qui prend sa source à La Gablerie, c'est-à-dire à un kilomètre environ sur la rive droite de la Joigne, eut son cours détourné dans sa partie inférieure à quelques pas de son embouchure primitive. Il se perdait auparavant dans les marais qui furent desséchés à cette époque. Un lit artificiel, sagement conçu et bien exécuté, le fait aujourd'hui passer derrière le moulin et se jeter plus en aval dans la Joigne, au-delà du jardin cultivé par les meuniers. Meuniers.
Quand les crues de la Joigne sont excessives, il reçoit le trp plein du petit étang-réservoir par une rigole creusée à cet effet »[1]
«  Le moulin de Canisy se trouve au pied du grand parc boisé qui entoure le château habité successivement par les familles de Carbonnel, de Faudoas et de Kergorlay. Son origine est très ancienne, et remonte peut-être à une époque antérieure à celle de l'arrivée des Normands dans le Cotentin. Il fonctionnait déjà au temps où n'avait pas encore été détruite l'abbaye de Canisy. Au vrai les preuves manquent de l'existence de cette abbaye, mais les présomptions abondent, et dom Lobineau, dans son Histoire de Bretagne, a écrit qu'il y avait une abbaye à Canisy. »[1]
«  Le moulin a peut-être servi à moudre le grain apporté par les religieux qui cultivaient le sol environnant leur villa, mot de la basse-latinité désignant un monastère ou une abbaye le plus souvent de quelques moines. Puis il entra dans le domaine de Robert Carbonnel (nom d'origine italienne, farbonelli), fondateur du château de Canisy (au XIe siècle) et de ses successeurs : Hubert, Hugues, Richard, Guillaume..
Au début de 18e siècle, les marquis de Faudoas succédèrent â la suite d'un mariage aux marquis de Carbonnel (1709), puis à la suite d'un autre mariage, les de Kergorlay aux de Faudoas (vers 1800). Ces nobles seigneurs et les habitants du lieu se fournissaient de farine au moulin de Canisy, qui était sans nul doute avant la Révolution un moulin banal, c'est-à-dire un moulin à 1'usage duquel le seigneur asservissait ses vassaux et ses sujets. Il y avait encore sous la Féodalité, le four banal, le pressoir banal, le taureau banal, etc. »[1] « La Révolution de 1789 supprima le système de la banalité, mais les moulins continuèrent de moudre le grain des laboureurs. Le moulin de Canisy devint propriété de la famille David, après la fin sur l'échafaud d'Augustin-Hervé de Faudoas, que suivirent dans la mort par la guillotine, sa sœur veuve de Beaurepaire et sa fille Eléonore. Louis de Kergorlay avait épousé Marie de Faudoas, dont il eut trois fils. L'aîné Hervé de Kergorlay, député, chevalier de la Légion d'Honneur, fut un agronome distingué, qui acheta en 1840 le moulin de Jean David. C'est lui qui procéda à l'assèchement des marais traversés par la Joigne sur le territoire de Canisy.
Son fils Louis est le père du propriétaire actuel du domaine du château et du moulin de Canisy.  »[1]
«  Ce moulin n'a jamais cessé, jusqu'en ces derniers temps, d'être un moulin à grains. II figure comme tel sur l'état récapitulatif, de dénombrement dressé en 1839, et sur les annuaires du département qui parurent chaque année dans la suite. La statistique de 1850 l'indique comme ayant alors quatre tournants (paires de meules), le seul de cette importance sur toute la Joigne, et cela pour les grains de blé, d'orge, de sarrasin et de lin. Il y a peu de temps, la veuve Jeanne, meunière, y faisait encore de la farine de blé ; son successeur, le nommé Housset, n'y produisait plus que de la farine de sarrasin. » [1]
«  Le moulin de Canisy ne devait pas échapper au sort de la plupart des moulins de la Joigne, et il a cessé de tourner depuis quelques années. Le grand rouet de bois, avec les débris des meules brisées sont encore visibles ; mais les pièces essentielles n'existent plus, et le propriétaire semble avoir renoncé définitivement à lui rendre son ancienne activité. Il s'en sert d'ailleurs pour lui faire produire au moyen d'une turbine, l'électricité nécessaire à sa vaste demeure. Le logis des anciens meuniers est encore habité, mais ses hôtes s'occupent d'autres besognes que de la mouture du blé. »[1]
«  Le site choisi pour sa construction, il y a mille ans peut-être, a conservé en grande partie le caractère rustique et pittoresque d'autrefois. L'établissement de la voie ferrée de Saint-Lo à Coutances, qui passe à proximité, et le voisinage d'une gare d'ailleurs édifiée dans un cadre de pins magnifiques n'ont aucunement nui au charme naturel de l'endroit. »[1]


Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 et 1,11 Fernand Vatin, Les Moulins de la Joigne, libr. Lemasson, Saint-Lô, 1941.

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