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Marie-Louise Giraud

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Marie-Louise Giraud, Lempérière de son nom de jeune fille, née à Barneville le 17 novembre 1903 et morte à Paris le 30 juillet 1943, est une personnalité de la Manche.

Elle est la seule femme guillotinée en France pour avoir pratiqué des avortements.

La dernière sur la guillotine

Marie-Louise Lempérière naît dans une famille pauvre de Barneville [1]. Elle est confrontée très tôt à la justice et connaît même la prison pendant deux mois pour différents vols et escroqueries [1]. Domestique, elle se marie dans les années 1930 à un sous-officier de la marine nationale, Paul Giraud, dont elle a deux enfants [1].

En 1940, pendant l'occupation allemande, alors qu'elle n'a pas de connaissances médicales, elle pratique son premier avortement sur une voisine, pour « rendre service » [1]. L'année suivante, elle provoque un deuxième avortement, cette fois contre le paiement de 1 000 F [1]. Marie-Louise Giraud voit le parti financier qu'elle peut retirer de son activité. Les avortements s'enchaînent, qu'elle fait payer entre 600 F et 2 000 F [1]. La justice en dénombrera vingt-sept entre décembre 1940 et octobre 1942, dont un provoque la mort de Louise M., 33 ans, le 15 février 1942 à Cherbourg. À l'occasion, Marie-Louise Giraud ouvre sa maison du 44, rue Grande-Vallée aux prostituées, alors nombreuses à Cherbourg [1]. Les marins allemands y affluent.

À la suite d’une dénonciation anonyme, Marie-Louise Giraud est arrêtée en octobre 1942 [2]. Elle est inculpée de manœuvres abortives (vingt-sept au total) qu’une loi du 15 février 1942 considère comme des « crimes contre la patrie » susceptibles d’être punis de la peine de mort [2]. Le 8 juin 1943, elle est condamnée à mort par le Tribunal d’État de Paris, une juridiction d’exception créé par le régime de Vichy pour éviter les tribunaux populaires susceptibles d'être trop indulgents. Reconnue coupable, elle est exécutée le 30 juillet suivant, dans la cour de la prison de la Petite-Roquette, à Paris, par le bourreau Jules-Henry Desfourneaux [1].

L’histoire de cette femme est racontée en 1986 dans un livre intitulé Une affaire de femmes (éditions Balland) écrit par l’avocat Francis Szpiner et transposée au cinéma sous le même titre par Claude Chabrol en 1987 [2]. Dans ce livre, il est écrit, page 124, que le gardien de la paix Leluan (en fait l'inspecteur Maxime Leluan ), sur ordre du commissaire Jean Trouvé, le 18 octobre 1942, est chargé de surveiller Marie-Louise Giraud et les abords de son domicile au 40, rue Grande-Vallée. Le documentaire de 2012 Bismarck est foutu, de Carole Equer-Hamy et Martine Scemama, qui retrace l'affaire, est projeté le 11 décembre 2012, au cinéma Odéon de Cherbourg, en présence des deux réalisatrices [3].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 et 1,7 « En 1942, une Cherbourgeoise sous la guillotine », Ouest-France, 7 octobre 2011.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ISBN 2891454190.
  3. Gilles Collas, « Être femme sous l'Occupation », Ouest-France, 8 décembre 2012 (lire en ligne).