Légendes de la Manche
De Wikimanche
Zones marécageuses, landes brumeuses, hameaux isolés, côtés balayées par les marées, grottes difficilement accessibles sont autant de lieux propices aux apparitions surnaturelles. De plus, les cultures se mêlent entre les légendes celtes, la mythologie nordique et les miracles chrétiens et duels aristocratiques, dans une tradition orale qui les transforme au grès des conteurs. Dragon païen, goublins facécieux, dames blanches maléfiques, nobles avides de pouvoir ou de terres, les légendes sont alors nombreuses dans les villages du département, chaque paroisse ayant probablement la sienne. Jean Fleury, à la fin du XIXe siècle, constatait déjà avec regret que nombre de ces histoires étaient perdus. Il en transcrivit quelques unes, précieux outil qui a permis à Sainte Colombe ou aux oies de Pirou de traverser le XXe siècle sans dépérir.
Grottes
On retrouve souvent les mêmes éléments d'une légende à une autre. Ainsi, les nombreuses grottes creusées par la mer dans les falaises de granit sont censées mener sous les églises paroissiales. C'est le cas des grottes de Jobourg et du Trou Baligan de Flamanville, tandis que le trou de Sainte Colombe menait, lui, au presbytère. Ces grottes, d'accès difficiles, aux couleurs étonnantes, et aux émanations sonores inquiétantes donnent en effet matière à l'imagination.
Dames blanches
Les dames blanches sont des fantômes féminins, spectres de châtelaines qui hantent les landes ou de jeunes filles au destin tragique, errant sur les routes du département. Jean Fleury les rapproche des Roussalki de Pouchkine et Gogol et des sirènes. Elles apparaissent aux voyageurs les guidant vers l'égarement (comme la mâle herbe) ou la mort, à l'instar la Demoiselle de Tonneville et Demoiselle d'Héauville. Cette dernière, est plus particulièrement une milloraine. Les milloraines ont traditionnellement des proportions sont gigantesques et apparaissent souvent en groupe.
Goublins
Les goublins (ou gobelins) sont les elfes et nains de la mythologie scandinave, et les lutins celtes. Esprits de la nature, se métamorphosant en animaux familiers, ils sont facécieux mais plutôt bienveillant tant qu'ils sont choyé. Sans quoi, les maisons "goublinées" s'animent la nuit, leurs portes claquent, les bruits de vaisselles cassées résonnent, sans qu'aucune trace ne subsiste le lendemain matin. Ils peuvent également être les gardiens d'un trésor.
Géants
Les géants permettent d'expliquer des curiosités locales, comme la présence de roches qui paraîssent avoir été posées là. Gargantua est le plus cèlèbre.
Saints
La christiannisation de la Manche s'est appuyé sur les épisodes légendaires de la vie de Saints, otochtones (comme Saint Floxel ou Thomas Hélie) ou missionnaires (comme Saint Clair). Ainsi, le débarquement de Saint Germain sur une roue de charriot à Diélette, tuant le dragon du Trou Baligan, ou l'arrivée des reliques de Saint Georges sur la plage de Portbail, dans une tour carrée au toit pyramidal.
Sorcières
Comme ailleurs durant le Moyen-Âge, on a vu des sorcières partout dans la Manche, magicienne comme la dame de Gruchy, ou procès à charge, tel celui de Marie Bucaille.
Sources
- Pascal Villeroy, Contes et légendes de Normandie, Normandie héritage
- Roger-Jean Lebarbenchon, La Hague (Tome 1 et 2), Cherbourg, Société nationale académique de Cherbourg, 1998
- Jean Fleury, Littérature orale de la Basse-Normandie, Paris, Maisonneuve, 1884