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Julien Crestey

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Julien Crestey (1926-2020) est né à Carentan (Manche) le 09 janvier 1926. Ferronnier, serrurier, il est un des Meilleurs Ouvriers de France.

== Biographie ==

=== Enfance ===

Julien est le deuxième enfant de Julienne Hébert et d’Auguste Crestey. Il a un frère, Auguste et deux sœurs, Suzanne et Jacqueline. Bon élève, il intègre à l’âge de 11 ans une section d’apprentissage à l’école Saint-Joseph. Tous les après-midis, après la classe du matin, il se rend avec impatience et plaisir à l’atelier pratique. Mais en 1939, la guerre éclate. La main d’œuvre se fait rare. Julien doit arrêter l’école et travailler à l’usine Gloria de Carentan. Il entre comme apprenti-ajusteur à la ferblanterie. Le bruit des machines est si fort qu’il perd une partie de son audition. Durant cette période, il forgera seul ses outils (qui lui seront volés) et une enclume à partir d’un rail de chemin de fer.

Entreprise

À la libération, grâce à l’apport de leurs parents, Julien et son frère Auguste reprennent une entreprise de maréchalerie. Ils récupèrent du matériau dans les stocks américains et se fournissent auprès de la quincaillerie Brière. Un prisonnier allemand leur apprend à souder. Julien explique (entretien du 29/05/2019) : « Juste après-guerre, il y avait un prisonnier allemand qui travaillait chez Lepelletier (briqueterie). On lui a demandé de nous apprendre à souder. La seule chose qu’il voulait, c’était du lait. Il en buvait pour se protéger des vapeurs. Il nous faisait des soudures au plafond qui ne coulaient pas. Avec une baguette de soudure, il soudait deux pièces au plafond ! ... C’étaient des prisonniers mais il n’y avait pas de rancœur. » Julien et Auguste lancent donc leur atelier en faisant des réparations pour des agriculteurs (matériel, charrettes, barrières...). Très vite, le bouche-à-oreille fonctionne bien, ils étendent leur activité. Le maire de Carentan, Georges Alphonse, reconnaît leurs qualités et leur propose des chantiers. Ils œuvrent pour la reconstruction à Coutances, à Saint-Lô... Ils remportent des marchés pour la Marine, le clergé et les entreprises locales. L’entreprise s’agrandit. Auguste en devient le gestionnaire, Julien le technicien. Il est de tous les chantiers et noue des liens très forts avec les apprentis qu'il forme, « ses gars ». Il a l’occasion de travailler avec des architectes de talent qu’il admire (M.Rose, M.Vimont, M.Mercier, M.Froidevaux...) et côtoie des ouvriers chevronnés dont il parlera toujours avec respect. En 1965, l’entreprise devient la société Saint Eloi du nom du patron des maréchaux-ferrants.

Concours des M.O.F.

En 1964, il ressent le besoin d’aller plus loin et s’inscrit au concours des Meilleurs Ouvriers de France (M.O.F.) dans la section serrurerie. Il exécute une rampe en fer forgé pour laquelle il reçoit, en 1965, le titre de Lauréat du travail.

11ème Exposition Nationale du Travail 1965 Groupe II Classe VI Serrurerie

Rampe d’escalier débillardée sur limon en plâtre. Main courante moulurée en laiton + bagues en laiton travaillées pour suivre l’angle de la rampe ; d’où chaque bague différente suivant l’inclinaison du rampant de l’escalier. Motifs en fer forgé aminci aux extrémités et poli en façade. La remise du diplôme a lieu à la Sorbonne. Julien aura l’occasion de rencontrer le général De Gaulle lors de l’exposition nationale. Mais il n'a pas encore le titre de M.O.F. ; en 1968, il concourt à nouveau en serrurerie pour la porte d’un hall d’entrée.

12ème Exposition Nationale 1968 Groupe II Classe VI Serrurerie

Porte d’entrée de Hall. La porte aux motifs géométriques demandant une grande précision dans les coupes, les pièces étant simplement fixées par vis. Motifs de façade en fer poli surmontés d’un profilé en laiton poli. Le tout sans aucune soudure. La même année, la réalisation d’un pare-feu est demandée en ferronnerie. Julien est enthousiaste devant le projet.

12ème Exposition Nationale 1968 Groupe II Classe VII Ferronnerie

Pare-feu. Motifs assemblés à mi-fer sans fixation ; avec parfois quatre fers se croisant au même endroit. Motifs travaillés à la fois en fer et en inox. Main courante en inox. Après de nombreuses nuits blanches et congés passés à travailler, il remporte le titre de M.O.F. pour la porte et le titre de lauréat pour le pare-feu. Il a 42 ans. En 2019, Julien Crestey est récompensé pour ses 50 ans de cotisations[1] au sein du groupement des M.O.F. Toujours curieux, grand lecteur de livres techniques et de revues scientifiques, il conservera toute sa vie un goût prononcé pour l’artisanat et les beaux-arts, la mécanique et le travail manuel. Il s’éteint le 23 mai 2020 à Saint-Lô et est inhumé à Carentan[2].

Bibliographie

Excellence Normande, Parcours de 100 M.O.F. normands (page 58-59).

Notes

1 « Deux médailles pour plus de 50 ans de fidélité », sur Ouest-France, 3 décembre 2019 2.« Newsletter Académie des M.O.F. », sur Société Nationale des Meilleurs Ouvriers de France, juillet 2020