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Le '''''Journal de Cherbourg''''' est un ancien journal de la [[Manche]], qui a paru de [[1833]] à [[1862]].
Le '''''Journal de Cherbourg''''' est un ancien journal de la [[Manche]], basé à [[Cherbourg]].
 
Il paraît de [[1833]] à [[1862]].
 
Il est considéré comme le premier journal de Cherbourg.


==Histoire==
==Histoire==
D'abord imprimé par Boulanger, ''Le Journal de Cherbourg'' est initialement une simple feuille d'annonces, qui a son bureau [[Rue des Bastions (Cherbourg-Octeville)|rue des Bastions]] à [[Cherbourg]]<ref name=Lavalley>Gaston Lavalley, ''Bibliographie des journaux normands'', Louis Jouan éd., 1910. </ref>. Son premier numéro paraît le dimanche [[3 mars]] [[1833]].
D'abord imprimé par Boulanger, ''Le Journal de Cherbourg'' est initialement une simple feuille d'annonces, qui a son bureau [[Rue des Bastions (Cherbourg-Octeville)|rue des Bastions]] à [[Cherbourg]] <ref name=Lavalley>Gaston Lavalley, ''Bibliographie des journaux normands'', Louis Jouan éd., 1910. </ref>. Son premier numéro paraît le dimanche [[3 mars]] [[1833]].


Avec le numéro du {{date|1|septembre|1833}}, il prend pour titre ''Le Journal de Cherbourg et du département de la Manche''<ref name=Lavalley />, et accroît son format. Il entend désormais, dit-il, faire profiter « des bienfaits de la presse locale » « toutes les villes, toutes les communes, et jusqu'au dernier hameau du département de la Manche » <ref name=JdC1>''Le Journal de Cherbourg'', 1{{er}} septembre 1833. </ref>. Il assure, que, n'étant « point gens de parti », son indépendance « est complète vis-à-vis des administrateurs comme vis-à-vis des administrés » <ref name=JdC1/>.
Avec le numéro du {{date|1|septembre|1833}}, il prend pour titre ''Le Journal de Cherbourg et du département de la Manche'' <ref name=Lavalley />, et accroît son format. Il entend désormais, dit-il, faire profiter « des bienfaits de la presse locale » « toutes les villes, toutes les communes, et jusqu'au dernier hameau du département de la Manche » <ref name=JdC1>''Le Journal de Cherbourg'', 1{{er}} septembre 1833. </ref>. Il assure, que, n'étant « point gens de parti », son indépendance « est complète vis-à-vis des administrateurs comme vis-à-vis des administrés » <ref name=JdC1/>.


Il se développe sous l'impulsion d'[[Alexandre-Auguste de Berruyer]] en [[1832]] en un hebdomadaire au format ''in 4°'', puis grand in folio en [[1836]], à l'image des titres parisiens.
Il se développe sous l'impulsion d'[[Alexandre-Auguste de Berruyer]] en un hebdomadaire au format ''in 4°'', puis grand in folio en [[1836]], à l'image des titres parisiens.


S'affirmant « non politique », mais commercial, maritime, agricole, judiciaire et littéraire, ses rédacteurs s'expliquent : « Pour nous, Bas-Normands, qui préférons le positif et un bien réel à toutes les plus belles utopies, la Presse politique, en province, est le plus souvent superflue, quand elle ne sert pas à alimenter l'esprit de parti. Or, nous croirions manquer à nos devoirs de citoyens si, au moment où les passions politiques semblent près de s'éteindre, nous nous exposions à ce qu'il s'échappe de notre plume une seule ligne qui les fit revivre ou se ranimer, ne fut-ce que pour quelques instants »<ref name=feron>G. Féron, « La presse et le théâtre », Cherbourg et le Cotentin, impr. Le Maout, 1905.</ref>.
S'affirmant « non politique », mais commercial, maritime, agricole, judiciaire et littéraire, ses rédacteurs s'expliquent : « Pour nous, Bas-Normands, qui préférons le positif et un bien réel à toutes les plus belles utopies, la Presse politique, en province, est le plus souvent superflue, quand elle ne sert pas à alimenter l'esprit de parti. Or, nous croirions manquer à nos devoirs de citoyens si, au moment où les passions politiques semblent près de s'éteindre, nous nous exposions à ce qu'il s'échappe de notre plume une seule ligne qui les fit revivre ou se ranimer, ne fut-ce que pour quelques instants »<ref name=feron>Gustave Féron, « La presse et le théâtre », ''Cherbourg et le Cotentin'', impr. Le Maout, 1905, p. 472-474.</ref>.


À partir du [[10 avril]] [[1836]], il est édité par Beaufort et Lecault, imprimeurs, 9 quai du Bassin <ref name=Lavalley/>, et [[Vérusmor]] en prend la direction du [[17 avril]] [[1836]] à septembre [[1837]].  
À partir du [[10 avril]] [[1836]], il est édité par Beaufort et Lecault, imprimeurs, 9 quai du Bassin <ref name=Lavalley/>, et [[Vérusmor]] en prend la direction du [[17 avril]] [[1836]] à septembre [[1837]].  
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Il paraît à partir de [[1839]] les jeudis et dimanches.
Il paraît à partir de [[1839]] les jeudis et dimanches.


En [[1848]], il s'oppose au prince Napoléon, candidat à la présidence de la République, « parce que Napoléon n'est qu'un nom, qu'un nom n'est pas un homme et qu'il faut un homme à la France », et s'intitule « l'Organe des vœux et des intérêts du peuple ». Est-ce son influence ? L'arrondissement de Cherbourg vote à 4 465 voix pour le républicain conservateur Cavaignac, soutenu par [[Alexis de Tocqueville]], contre 2 325 à [[Napoléon III et la Manche|Louis-Napoléon Bonaparte]]<ref name=feron/>.
En [[1848]], il s'oppose au prince Napoléon, candidat à la présidence de la République, « parce que Napoléon n'est qu'un nom, qu'un nom n'est pas un homme et qu'il faut un homme à la France », et s'intitule « l'Organe des vœux et des intérêts du peuple ». Est-ce son influence ? L'arrondissement de Cherbourg vote à {{formatnum:4465}} voix pour le républicain conservateur Cavaignac, soutenu par [[Alexis de Tocqueville]], contre {{formatnum:2325}} à [[Napoléon III et la Manche|Louis-Napoléon Bonaparte]] <ref name=feron/>.


Le titre garde sa ligne politique jusqu'à l'avènement du Second Empire en [[1851]] puis redevient une simple feuille d'information.  
Le titre garde sa ligne politique jusqu'à l'avènement du Second Empire en [[1851]] puis redevient une simple feuille d'information.  
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En [[1857]], il change d'imprimeur, passant de Feuardent à Coupey <ref name=LDD1>''Le Didac'doc'', n° 56, février 2015. </ref>, « un homme dévoué à l'ordre et au gouvernement », selon le préfet de la Manche le 4 novembre [[1859]] <ref name=LDD1/>.
En [[1857]], il change d'imprimeur, passant de Feuardent à Coupey <ref name=LDD1>''Le Didac'doc'', n° 56, février 2015. </ref>, « un homme dévoué à l'ordre et au gouvernement », selon le préfet de la Manche le 4 novembre [[1859]] <ref name=LDD1/>.


En juin [[1861]], dans son rapport sur la presse politique de la Manche, l'inspecteur général de la Librairie et de l'imprimerie Gallis écrit que le journal « a fait du républicanisme exalté depuis 1848 et s'est trouvé réduit peu à peu aux plus mineures proportions. Acheté récemment par M. Bonfils, négociant, jeune homme intelligent, légitimiste, paraissant franchement rallié, on est en droit d'attendre de bons résultats de cette feuille qui, fondée en 1833, fit de l'opposition au gouvernement de Juillet, devint socialiste en 1848, cessa de paraître pendant plusieurs mois, puis se transforma en journal commercial et littéraire. » <ref>[[Jean Quellien]] et Christophe Mauboussin, ''L'aventure de la presse écrite en Basse-Normandie'' (Journaux de 1786 à 1944), CRL Basse-Normandie et Cahiers du temps, 1998. </ref>.
En juin [[1861]], dans son rapport sur la presse politique de la Manche, l'inspecteur général de la Librairie et de l'imprimerie Gallis écrit que le journal « a fait du républicanisme exalté depuis 1848 et s'est trouvé réduit peu à peu aux plus mineures proportions. Acheté récemment par M. Bonfils, négociant, jeune homme intelligent, légitimiste, paraissant franchement rallié, on est en droit d'attendre de bons résultats de cette feuille qui, fondée en 1833, fit de l'opposition au gouvernement de Juillet, devint socialiste en 1848, cessa de paraître pendant plusieurs mois, puis se transforma en journal commercial et littéraire » <ref>[[Jean Quellien]] et Christophe Mauboussin, ''L'Aventure de la presse écrite en Basse-Normandie'' (Journaux de 1786 à 1944), CRL Basse-Normandie et Cahiers du temps, 1998. </ref>.


Tracassé par l'administration et concurrencé par ''[[Le Phare de la Manche|Le Phare]]'' et ''[[La Vigie de Cherbourg|La Vigie]]'', il cesse de paraître en 1862<ref name=feron/>.
Tracassé par l'administration et concurrencé par ''[[Le Phare de la Manche|Le Phare]]'' et ''[[La Vigie de Cherbourg|La Vigie]]'', il cesse de paraître en 1862 <ref name=feron/>.


== Rédacteurs ==
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* [[Jean Fleury]]
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==Notes et références==
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==Lien interne==
==Lien interne==

Version du 21 janvier 2020 à 12:05

Premier numéro.

Le Journal de Cherbourg est un ancien journal de la Manche, basé à Cherbourg.

Il paraît de 1833 à 1862.

Il est considéré comme le premier journal de Cherbourg.

Histoire

D'abord imprimé par Boulanger, Le Journal de Cherbourg est initialement une simple feuille d'annonces, qui a son bureau rue des Bastions à Cherbourg [1]. Son premier numéro paraît le dimanche 3 mars 1833.

Avec le numéro du 1er septembre 1833, il prend pour titre Le Journal de Cherbourg et du département de la Manche [1], et accroît son format. Il entend désormais, dit-il, faire profiter « des bienfaits de la presse locale » « toutes les villes, toutes les communes, et jusqu'au dernier hameau du département de la Manche » [2]. Il assure, que, n'étant « point gens de parti », son indépendance « est complète vis-à-vis des administrateurs comme vis-à-vis des administrés » [2].

Il se développe sous l'impulsion d'Alexandre-Auguste de Berruyer en un hebdomadaire au format in 4°, puis grand in folio en 1836, à l'image des titres parisiens.

S'affirmant « non politique », mais commercial, maritime, agricole, judiciaire et littéraire, ses rédacteurs s'expliquent : « Pour nous, Bas-Normands, qui préférons le positif et un bien réel à toutes les plus belles utopies, la Presse politique, en province, est le plus souvent superflue, quand elle ne sert pas à alimenter l'esprit de parti. Or, nous croirions manquer à nos devoirs de citoyens si, au moment où les passions politiques semblent près de s'éteindre, nous nous exposions à ce qu'il s'échappe de notre plume une seule ligne qui les fit revivre ou se ranimer, ne fut-ce que pour quelques instants »[3].

À partir du 10 avril 1836, il est édité par Beaufort et Lecault, imprimeurs, 9 quai du Bassin [1], et Vérusmor en prend la direction du 17 avril 1836 à septembre 1837.

À partir du 14 janvier 1838, il se politise en adoptant le camp de l'opposition constitutionnelle. Sa profession de foi affirme que le journal « a toujours appartenu à la fraction la plus avancée, celle qui veut le progrès et le bonheur de l'humanité » [1]. Son nouveau rédacteur en chef est Jean Fleury, qui restera en poste jusqu'en 1841 [4].

Il paraît à partir de 1839 les jeudis et dimanches.

En 1848, il s'oppose au prince Napoléon, candidat à la présidence de la République, « parce que Napoléon n'est qu'un nom, qu'un nom n'est pas un homme et qu'il faut un homme à la France », et s'intitule « l'Organe des vœux et des intérêts du peuple ». Est-ce son influence ? L'arrondissement de Cherbourg vote à 4 465 voix pour le républicain conservateur Cavaignac, soutenu par Alexis de Tocqueville, contre 2 325 à Louis-Napoléon Bonaparte [3].

Le titre garde sa ligne politique jusqu'à l'avènement du Second Empire en 1851 puis redevient une simple feuille d'information.

En 1857, il change d'imprimeur, passant de Feuardent à Coupey [5], « un homme dévoué à l'ordre et au gouvernement », selon le préfet de la Manche le 4 novembre 1859 [5].

En juin 1861, dans son rapport sur la presse politique de la Manche, l'inspecteur général de la Librairie et de l'imprimerie Gallis écrit que le journal « a fait du républicanisme exalté depuis 1848 et s'est trouvé réduit peu à peu aux plus mineures proportions. Acheté récemment par M. Bonfils, négociant, jeune homme intelligent, légitimiste, paraissant franchement rallié, on est en droit d'attendre de bons résultats de cette feuille qui, fondée en 1833, fit de l'opposition au gouvernement de Juillet, devint socialiste en 1848, cessa de paraître pendant plusieurs mois, puis se transforma en journal commercial et littéraire » [6].

Tracassé par l'administration et concurrencé par Le Phare et La Vigie, il cesse de paraître en 1862 [3].

Rédacteurs

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Gaston Lavalley, Bibliographie des journaux normands, Louis Jouan éd., 1910.
  2. 2,0 et 2,1 Le Journal de Cherbourg, 1er septembre 1833.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Gustave Féron, « La presse et le théâtre », Cherbourg et le Cotentin, impr. Le Maout, 1905, p. 472-474.
  4. « Une censurée de La Croix de la Manche », Le Didac'doc, n° 56, février 2015.
  5. 5,0 et 5,1 Le Didac'doc, n° 56, février 2015.
  6. Jean Quellien et Christophe Mauboussin, L'Aventure de la presse écrite en Basse-Normandie (Journaux de 1786 à 1944), CRL Basse-Normandie et Cahiers du temps, 1998.

Lien interne