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Jacques Destouches

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Jacques Destouches, aussi Jacques Destouches de La Fresnay, né à Granville le 9 février 1780, mort à Caen (Calvados) le 18 mai 1858, est une personnalité politique de la Manche.

Biographie

Issu d’une famille de gentilshommes armateurs, Jacques Destouches est étudiant à l’école d’hydrographie de sa ville quand meurt son père, courrier royaliste entre la Manche et Jersey. Le jeune homme qui n’a que dix-huit ans prend aussitôt la succession de son père comme agent de renseignement des Chouans.

Il n'exerce pas longtemps cette activité clandestine car, dénoncé par un marin de Portbail qui livre son compromettant courrier à l’Amirauté, il est arrêté le 4 juillet 1798 à Granville et incarcéré à Coutances. Mais il doit faire l’objet d’un premier jugement à Avranches où il est transféré au début de novembre. Le chef chouan Bellavidès, qui vient de s’évader de la prison de Coutances, tente un coup de main durant ce transfert pour faire évader le jeune chevalier. En vain ! Jacques Destouches est ramené à Coutances où le tribunal le condamne à mort le 31 décembre. Un pourvoi en cassation lui accorde un sursis.

Le complot pour le faire évader se trame aussitôt. La mère du jeune homme sacrifie toute sa fortune pour nouer les fils et acheter le maximum de complicités. Il est vraisemblable qu’elle parvient ainsi à soudoyer de hauts responsables militaires qui font retirer toutes les troupes de ligne de Coutances. Elle réussit surtout à rassembler deux solides équipes de Chouans téméraires. Elles sont prêtes à passer à l’action quand madame Destouches apprend que le pourvoi de son fils est rejeté et que l’exécution est fixée au 10 février 1799.

Les ultimes préparatifs sont mis au point dans un manoir des environs de Périers où sont réunis huit officiers et dix sous-officiers et soldats chouans sous le commandement de Jean Le Moulin, chef de la division du Cotentin. Tous ces hommes quittent leur repaire au tout début de la soirée du 9 février. Ils foncent vers Coutances où les a précédés une bande de Granvillais chargés de faire diversion en cas de nécessité. Ces derniers n’auront pas à intervenir. Les dix-huit Chouans arrivent à Coutances vers neuf heures du soir. Il fait nuit noire. Ils se dirigent vers la prison sans perdre une seconde et l’investissent aussitôt. Leur coup de main dure à peine cinq minutes. Après avoir tué un gardien, ils pénètrent dans la prison et délivrent Jacques Destouches et un autre Chouan d’Avranches. Encore chargés de fers, les deux hommes sont emmenés sur des chevaux. C’est l’émoi dans la petite garnison coutançaise. Une fusillade éclate. Un officier chouan et un bleu sont tués. Mais la bande a pu prendre le large en direction de Marchésieux où demeure Jean Le Moulin. L’enlèvement de Jacques Destouches est un modèle du genre ! Les recherches pour retrouver ses participants sont un fiasco.

Héros malgré lui, Jacques Destouches regagne clandestinement Granville où il s’embarque non moins clandestinement pour Jersey. Sur l’île, il va reprendre quelque temps ses activités de courrier royaliste. Mais son comportement devient bizarre. Il accuse le comte de Frotté de trahir la cause des Chouans, il sème la zizanie dans les rangs royalistes et se livre à des esclandres. En réalité, Jacques Destouches présente des signes de folie.

Sa maladie s’aggrave. Les autorités anglaises l’expédient au Canada mais, sur le bateau, son mal empire. On le ramène en Angleterre pour le placer en maison de santé. Il y reste jusqu’en 1823.

Apparemment guéri, il rentre en France mais, trois ans plus tard, c’est la rechute. Il finira ses jours à l’asile du Bon-Sauveur de Caen où, deux ans avant sa mort, il reçoit en 1856 la visite de Jules Barbey d'Aurevilly. Grâce à lui, le jeune chevalier Jacques Destouches apparaît comme une des figures les plus légendaires de la période révolutionnaire dans la Manche.

Source

Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ISBN 2891454190