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« Invasion allemande du Cotentin (1940) » : différence entre les versions

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Le [[Erwin Rommel|général Rommel]] écrit à sa femme : « La division a mené l'attaque sur Cherbourg d'une seule traite, sur une distance de trois cent cinquante à trois cent soixante-dix kilomètres, et s'est vite emparée de la puissante forteresse malgré une forte résistance. Il y a eu pour nous quelques mauvais moments à passer car l'ennemi a eu d'abord une nette supériorité en effectif […]. En pressant les choses, nous avons réussi à exécuter l'ordre d'Hitler : prendre Cherbourg le plus vite possible. »
Le [[Erwin Rommel|général Rommel]] écrit à sa femme : « La division a mené l'attaque sur Cherbourg d'une seule traite, sur une distance de trois cent cinquante à trois cent soixante-dix kilomètres, et s'est vite emparée de la puissante forteresse malgré une forte résistance. Il y a eu pour nous quelques mauvais moments à passer car l'ennemi a eu d'abord une nette supériorité en effectif […]. En pressant les choses, nous avons réussi à exécuter l'ordre d'Hitler : prendre Cherbourg le plus vite possible. »


Vers midi, des négociations s'engagent à [[Querqueville]] entre les représentants de la municipalité de Cherbourg menés par [[Léon Vaur]], député, et le colonel von Bismarck, commandant le 7{{e}} régiment de fusiliers allemands, qui n'aboutissent pas <ref name=Richard/>. À 13 h 15, l'armée allemande engage un bombardement intensif des forts et du port <ref name=Richard/>. À 14 h, le commandant allemand arrive l'hôtel de ville, où l'attendent le maire [[Paul Renault]], ses adjoints Simon et Estace, Vilquin, secrétaire général, ainsi que le député [[Léon Vaur]], <ref name=CE1/>. Le drapeau à croix gammée est hissé à la façade de l'hôtel de ville <ref name=CE1/>. À 17 h, la reddition est finalement signée à la [[Préfecture maritime de Cherbourg|préfecture maritime]] en présence du député Vaur, du commissaire spécial [[Laniez]], de [[Paul Renault]],  maire de Cherbourg et de l'amiral Abrial, commandant par intérim de la place de Cherbourg <ref name=Richard/>. Le préfet maritime, l'[[Jules Le Bigot|amiral Le Bigot]], a fait savoir à Rommel que cette reddition s'est faite sans son accord <ref>Erwin Rommel, ''La Guerre sans haine'', éd. Presses de la Cité, 1962, p. 99-115. </ref>. L'armée allemande fait 30 000 prisonniers <ref>Philippe Masson, ''Histoire de l'armée allemande'', éd. Perrin, 1994, p. 121. </ref>. Un communiqué militaire allemand, donnant les consignes de l'occupant à la population, est placardé à 200 exemplaires dans toute la ville <ref name=CE1/>. L'heure allemande entre en vigueur, obligeant chacun à avancer montres et réveils d'une heure <ref name=CE1/>.
Vers midi, des négociations s'engagent à [[Querqueville]] entre les représentants de la municipalité de Cherbourg menés par [[Léon Vaur]], député, et le colonel von Bismarck, commandant le 7{{e}} régiment de fusiliers allemands, qui n'aboutissent pas <ref name=Richard/>. À 13 h 15, l'armée allemande engage un bombardement intensif des forts et du port <ref name=Richard/>. À 14 h, le commandant allemand arrive l'hôtel de ville, où l'attendent le maire [[Paul Renault]], ses adjoints Simon et Estace, Vilquin, secrétaire général, ainsi que le député [[Léon Vaur]], <ref name=CE1/>. Le drapeau à croix gammée est hissé à la façade de l'hôtel de ville <ref name=CE1/>. À 17 h, la reddition est finalement signée à la [[Préfecture maritime de Cherbourg|préfecture maritime]] en présence du député Vaur, du commissaire spécial [[Henri Laniez]], de [[Paul Renault]],  maire de Cherbourg et de l'amiral Abrial, commandant par intérim de la place de Cherbourg <ref name=Richard/>. Le préfet maritime, l'[[Jules Le Bigot|amiral Le Bigot]], a fait savoir à Rommel que cette reddition s'est faite sans son accord <ref>Erwin Rommel, ''La Guerre sans haine'', éd. Presses de la Cité, 1962, p. 99-115. </ref>. L'armée allemande fait 30 000 prisonniers <ref>Philippe Masson, ''Histoire de l'armée allemande'', éd. Perrin, 1994, p. 121. </ref>. Un communiqué militaire allemand, donnant les consignes de l'occupant à la population, est placardé à 200 exemplaires dans toute la ville <ref name=CE1/>. L'heure allemande entre en vigueur, obligeant chacun à avancer montres et réveils d'une heure <ref name=CE1/>.


L'occupation allemande commence. Elle va durer quatre ans.  
L'occupation allemande commence. Elle va durer quatre ans.  

Version du 8 avril 2020 à 18:14

L'invasion du Cotentin par l'armée allemande est un épisode de la Seconde Guerre mondiale, qui a lieu en juin 1940.

Le 16 juin 1940, un dimanche, alors qu'il se situe dans le Calvados, derrière la Dives, le 15e corps d'armée allemand commandé par le général Horz et qui se compose de deux divisions blindées et d'une division motorisée, reçoit l'ordre de foncer immédiatement sur Cherbourg [1].

Dès le lundi 17, les avant-gardes allemandes sont à Saint-Lô [1]. Les quatre divisions d'infanterie du XVIe corps d'armée française positionnées à la frontière entre le Calvados et la Manche, derrière l'Orne, sont disloquées [1]. Les troupes françaises chargées de la défense du Cotentin ne peuvent opposer qu'une faible résistance [1]. Elles ne mobilisent que 2 000 hommes répartis en une vingtaine de postes le long du marais de Carentan, mal armés et, pour nombre d'entre eux, démoralisés après le discours du maréchal Pétain diffusé le 17, appelant à « cesser le combat » [1].

Erwin Rommel.

Le mardi 18 juin, au matin, Saint-Sauveur-le-Vicomte est conquis tandis que Saint-Côme-du-Mont résiste farouchement, pour un temps [1]. Ce même matin, des avions allemands survolent Cherbourg [2]. Ordre est donné à ses habitants de gagner les hauteurs de la ville [2]. « La population se précipite dans les rues et gravit à toute vitesse les rues Saint-Sauveur, des Ormes, Président-Loubet, Émile-Zola, des Vieilles-Carrières, de la Duché, le chemin des Fourches, du Bois et côte de Tourlaville. » [2]. Pendant ce temps, dans l'arsenal, les ouvriers sabotent tout le matériel qui peut servir à l'ennemi, ainsi que les sous-marins Roland-Morinot et La Praya [3]. En début d'après-midi, les hauteurs Cherbourg sont atteintes par les troupes allemandes [1]. Le général Rommel dirige en personne les opérations [1]. L'artillerie française pilonne l'ennemi pour retarder sa progression. Le lieutenant-colonel Kessler, commandant le 1er bataillon du 7e régiment d'artillerie allemand, est chargé de pilonner les installations portuaires [1]. L'artillerie française redouble d'activité. Les grosses pièces de la digue du Large viennent en renfort à partir de 16 h [1].

Cherbourg-Éclair : premier numéro sous l'occupation allemande.
Premier communiqué de la kommendantur.

Mais rien n'y fait. La victoire allemande n'est plus qu'une question d'heures. Le mercredi 19 juin, au matin, des prisonniers français sont dépêchés vers les lignes françaises, demandant une reddition sans conditions [1]. Vers 10 h, la garnison du fort des Couplets, composée de 10 officiers et de 150 hommes, se rend [1].

Le général Rommel écrit à sa femme : « La division a mené l'attaque sur Cherbourg d'une seule traite, sur une distance de trois cent cinquante à trois cent soixante-dix kilomètres, et s'est vite emparée de la puissante forteresse malgré une forte résistance. Il y a eu pour nous quelques mauvais moments à passer car l'ennemi a eu d'abord une nette supériorité en effectif […]. En pressant les choses, nous avons réussi à exécuter l'ordre d'Hitler : prendre Cherbourg le plus vite possible. »

Vers midi, des négociations s'engagent à Querqueville entre les représentants de la municipalité de Cherbourg menés par Léon Vaur, député, et le colonel von Bismarck, commandant le 7e régiment de fusiliers allemands, qui n'aboutissent pas [1]. À 13 h 15, l'armée allemande engage un bombardement intensif des forts et du port [1]. À 14 h, le commandant allemand arrive l'hôtel de ville, où l'attendent le maire Paul Renault, ses adjoints Simon et Estace, Vilquin, secrétaire général, ainsi que le député Léon Vaur, [2]. Le drapeau à croix gammée est hissé à la façade de l'hôtel de ville [2]. À 17 h, la reddition est finalement signée à la préfecture maritime en présence du député Vaur, du commissaire spécial Henri Laniez, de Paul Renault, maire de Cherbourg et de l'amiral Abrial, commandant par intérim de la place de Cherbourg [1]. Le préfet maritime, l'amiral Le Bigot, a fait savoir à Rommel que cette reddition s'est faite sans son accord [4]. L'armée allemande fait 30 000 prisonniers [5]. Un communiqué militaire allemand, donnant les consignes de l'occupant à la population, est placardé à 200 exemplaires dans toute la ville [2]. L'heure allemande entre en vigueur, obligeant chacun à avancer montres et réveils d'une heure [2].

L'occupation allemande commence. Elle va durer quatre ans.

Le vendredi 21 juin, un service mortuaire a lieu à la chapelle de l'hôpital maritime, où 25 défunts sont mis en bière, la plupart victimes des bombardements et des canonnades des jours derniers [2].

Le quotidien Cherbourg-Éclair commence sa collaboration avec l'occupant. Dans son numéro du 24-25 juin, il loue « l'absolue correction » des troupes allemandes et » la courtoisie » des autorités militaires, et il souligne que « si des actes abusifs ont été signalés, ils ont été commis contre le gré du commandement » [6].

À Cherbourg, les policiers et les gendarmes, circulant sur la voie publique, portent maintenant un brassard blanc avec la mention « Polizei» [7]. Désormais, la monnaie allemande « ne peut en aucun cas être refusée »  : un mark vaut 20 F, un grosschen 2F et un pfennig 0,20 F [7]. Plusieurs pillards comparaissent devant le tribunal des flagrants délits [7].

Bibliographie

  • Albert Desile, Des sombres années de l'occupation aux chemins de l'été 1944, éd. Ocep, 1983
  • Jean-François Hamel, Croix gammées sur le Cotentin, éd. Ocep, 1974
  • Auguste Lefrançois, Quand les Allemands occupaient la Manche - Souvenirs d'un Saint-Lois, éd. Ocep, 1978
  • R.-G. Nobecourt, « La défense de Cherbourg et l'invasion du Cotentin en juin 1940 », Études normandes, n° 263, 1973

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 et 1,14 Thibault Richard, Les Normands sous l'occupation, éd. Charles Corlet, 1998, p. 28-30.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 et 2,7 « Comment fut évitée la destruction de la ville de Cherbourg », Cherbourg-Éclair, 19-23 juin 1940.
  3. « La Manche à l'heure allemande », La Presse de la Manche, supplément, sd.
  4. Erwin Rommel, La Guerre sans haine, éd. Presses de la Cité, 1962, p. 99-115.
  5. Philippe Masson, Histoire de l'armée allemande, éd. Perrin, 1994, p. 121.
  6. « L'occupation », Cherbourg-Éclair, 24-25 juin 1940.
  7. 7,0 7,1 et 7,2 « La police », Cherbourg-Éclair, 26-27 juin 1940.

Article connexe