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'''Henri Laniez''' (Sylvain, Alfred) est un policier de la [[Manche]] impliqué dans diverses affaires de collaboration avec l’occupant allemand contre la [[Résistance]] durant la [[Seconde Guerre mondiale]].
'''Henri''' Sylvain Alfred '''Laniez''' né à Rosendaël (Nord) {{date naissance|5|5|1892}} <ref name=ec>''Archives du Nord'', archives communales de Rosendaël, registre de l'état-civil des naissances (1888-1894), 1 Mi 404 R 027, page 436/604 [https://archivesdepartementales.lenord.fr/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_ad59%2Fdatas%2Fir%2FEtat_civil%2FFRAD059_MI_A_Z_2011_07_01.xml&page_ref=267894&lot_num=1&img_num=1&index_in_visu= ''Acte de naissance n° 113''].</ref> et mort à Lille (Nord) {{date décès|18|12|1949}} <ref name=ec/>, est un policier de la [[Manche]] impliqué dans diverses affaires de collaboration avec l’occupant allemand contre la [[Résistance]] durant la [[Seconde Guerre mondiale]].


==Biographie==
== Biographie ==
Originaire du département du Nord, commissaire stagiaire à Comines en [[1934]] puis à Lambersart, Henri Laniez arrive à [[Cherbourg]] en [[1937]]. Nommé commissaire principal aux renseignements généraux à [[Saint-Lô]] en [[1941]], il dépend de la brigade de Rouen (Seine-Inférieure) dite « spéciale » ou « antiterroriste ». À l’époque, les « terroristes » ci-désignés, ce sont les résistants, surtout les communistes dont Laniez s’est appliqué à dresser les listes, il y a aussi les gaullistes et tous ceux qui sont à la solde des « étrangers », les Anglais, avec en coulisses les Juifs. Laniez, lui, se plaît sans doute à croire qu’il travaille pour la France, mais c’est la « France » de Pétain-Laval à la botte du fascisme hitlérien qu’il sert.


C’est ainsi qu’avec ses comparses, les commissaires Ponceau et Demarty, de Cherbourg, Decarreaux, de Rouen, entre autres, il mène des enquêtes, participe au démantèlement de groupes de résistants communistes, procède à des arrestations : les [[Achille Mesnil|frères Mesnil]] dans l’affaire « Pican-Cadras »<ref>''Cherbourg-Éclair'', 12 février 1942.</ref> en février [[1942]] mais aussi les membres de la [[Alexandre Avoyne|famille Avoyne]], [[Famille Bouffay|Félix Bouffay]], les [[Maurice Lemaire (1897)| Lemaire père et fils]], lors de l’[[Gustave Jurczyszyn |« affaire Jurczyczyn »]] <ref>''Cherbourg-Éclair,  11 novembre 1942.</ref> l'été 1942, et ainsi de suite, soit au total plusieurs dizaines de résistants livrés aux nazis. Beaucoup d’entre eux seront fusillés ou mourront dans des camps de concentration.
Originaire du département du Nord, Henri Laniez est mobilisé dans divers régiments d'artillerie lourde pendant la [[Première Guerre mondiale]]. Il est cité à l'ordre du régiment en avril [[1915]], s'étant rendu « très exposé sous le feu puissant de l'artillerie lourde ennemie ». Sa fiche matricule rend compte d'une blessure au pied gauche survenue en septembre de la même année après une mauvaise chute de cheval.


À la Libération, Laniez arrêté à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et transféré à [[Saint-Lô]] est vite relâché en faisant appel aux bons souvenirs de son ancien collègue Ponceau, plus « blanc » que jamais et nouvellement promu commissaire divisionnaire de la DST à Rouen. Mis en cause par les familles des victimes, Laniez à l’issue d’un procès tenu en juin [[1946]], est acquitté du chef de trahison et s’en tire ''a minima'' d’une peine d’indignité nationale <ref>''La Presse cherbourgeoise'', 11 juin 1946.</ref>. Au désarroi des familles, s’ajoute l’amère impression, confirmée par le ton du journal local qui relate l'affaire, qu’on n’en a pas fini avec l’esprit du pétainisme.
Il est nommé gendarme après la guerre, en vertu d'un décret ministériel du 8 février 1921, puis chef de brigade de 4{{e}} classe à cheval le 10 juillet 1925 et maréchal des logis chef à cheval le 15 octobre suivant. Il est cité à l'ordre de la Légion en [[1928]], « pour le zèle et l'activité dont il a fait preuve dans l'organisation de la propagande pour le recrutement des militaires de carrière ». Il se retire à Denain après avoir obtenu un certificat de bonne conduite.


==Sources==
Commissaire stagiaire à Comines en [[1934]] <ref> Commissaire de 4{{e}}classe le 1{{er}} décembre 1935. </ref> puis à Lambersart, Laniez arrive à [[Cherbourg]] en [[1937]]. Nommé commissaire principal aux renseignements généraux à [[Saint-Lô]] en [[1941]], il dépend de la brigade de Rouen (Seine-Inférieure) dite « spéciale » ou « antiterroriste ». À l’époque, les « terroristes » ci-désignés, ce sont les résistants, surtout les communistes dont Laniez s’est appliqué à dresser les listes, il y a aussi les gaullistes et tous ceux qui sont à la solde des « étrangers », les Anglais, avec en coulisses les Juifs. Laniez, lui, se plaît sans doute à croire qu’il travaille pour la France, mais c’est la « France » de Pétain-Laval à la botte du fascisme hitlérien qu’il sert.
* Archives d’[[André Defrance]].
 
C’est ainsi qu’avec ses comparses, les commissaires Ponceau et Demarty, de Cherbourg, Decarreaux, de Rouen, entre autres, il mène des enquêtes, participe au démantèlement de groupes de résistants communistes, procède à des arrestations : les [[Achille Mesnil|frères Mesnil]] dans l’affaire « Pican-Cadras » <ref>''Cherbourg-Éclair'', 12 février 1942.</ref> en février [[1942]] mais aussi les membres de la [[Alexandre Avoyne|famille Avoyne]], [[Famille Bouffay|Félix Bouffay]], les [[Maurice Lemaire (1897)| Lemaire père et fils]], lors de l’[[Gustave Jurczyszyn |« affaire Jurczyczyn »]] <ref>''Cherbourg-Éclair,  11 novembre 1942.</ref> l'été 1942, et ainsi de suite, soit au total plusieurs dizaines de résistants livrés aux nazis. Beaucoup d’entre eux seront fusillés ou mourront dans des camps de concentration.
 
Le [[16 mars]] [[1942]], à [[La Mancellière-sur-Vire]], il atteste de l'identité et du décès de [[Marcel Ledanois]] qui vient d'être fusillé à Saint-Lô par les allemands.
 
Laniez est nommé commissaire central à Nancy (Meurthe-et-Moselle) par un arrêté du [[22 janvier]] [[1944]] <ref> ''Journal officiel de la République française'', 3 février 1944. </ref>.
 
À la Libération, il est arrêté à Nancy et transféré à [[Saint-Lô]] mais vite relâché en faisant appel au bon souvenir de son ancien collègue Ponceau, plus « blanc » que jamais et nouvellement promu commissaire divisionnaire de la DST à Rouen (Seine-Inférieure). Mis en cause par les familles des victimes, Laniez est acquitté du chef de trahison à l’issue d’un procès tenu en juin [[1946]] et s’en tire d’une peine minimale d’indignité nationale <ref> ''La Presse cherbourgeoise'', 11 juin 1946. </ref><ref>Le seul « témoignage » présenté à sa décharge, est un grossier « pas de deux » joué en connivence avec l’un de ses sbires, l’inspecteur Leymarie, impliqué d'ailleurs lui aussi dans l’arrestation du résistant [[Achille Mesnil]]. </ref>. Au désarroi des familles, s’ajoute l’amère impression, confirmée par le ton du journal local qui relate l'affaire, qu’on n’en a pas fini avec l’esprit du pétainisme.
 
==Distinctions==
* Médaille d'honneur pour actes de courage et de dévouement (1937)
* Officier d'académie pour services rendus aux œuvres scolaires (1939)
 
== Sources ==
* Archives d’[[André Defrance]] (qui qualifiait Laniez de « flic boche de langue française »).
* Recherches de [[Paul Le Goupil]].
* Recherches de [[Paul Le Goupil]].
* Journal officiel. Lois et décrets.
* Journal officiel. Lois et décrets.
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{{Notes et références}}
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La Presse cherbourgeoise, 11 juin 1946.

Henri Sylvain Alfred Laniez né à Rosendaël (Nord) le 5 mai 1892 [1] et mort à Lille (Nord) le 18 décembre 1949 [1], est un policier de la Manche impliqué dans diverses affaires de collaboration avec l’occupant allemand contre la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.

Biographie

Originaire du département du Nord, Henri Laniez est mobilisé dans divers régiments d'artillerie lourde pendant la Première Guerre mondiale. Il est cité à l'ordre du régiment en avril 1915, s'étant rendu « très exposé sous le feu puissant de l'artillerie lourde ennemie ». Sa fiche matricule rend compte d'une blessure au pied gauche survenue en septembre de la même année après une mauvaise chute de cheval.

Il est nommé gendarme après la guerre, en vertu d'un décret ministériel du 8 février 1921, puis chef de brigade de 4e classe à cheval le 10 juillet 1925 et maréchal des logis chef à cheval le 15 octobre suivant. Il est cité à l'ordre de la Légion en 1928, « pour le zèle et l'activité dont il a fait preuve dans l'organisation de la propagande pour le recrutement des militaires de carrière ». Il se retire à Denain après avoir obtenu un certificat de bonne conduite.

Commissaire stagiaire à Comines en 1934 [2] puis à Lambersart, Laniez arrive à Cherbourg en 1937. Nommé commissaire principal aux renseignements généraux à Saint-Lô en 1941, il dépend de la brigade de Rouen (Seine-Inférieure) dite « spéciale » ou « antiterroriste ». À l’époque, les « terroristes » ci-désignés, ce sont les résistants, surtout les communistes dont Laniez s’est appliqué à dresser les listes, il y a aussi les gaullistes et tous ceux qui sont à la solde des « étrangers », les Anglais, avec en coulisses les Juifs. Laniez, lui, se plaît sans doute à croire qu’il travaille pour la France, mais c’est la « France » de Pétain-Laval à la botte du fascisme hitlérien qu’il sert.

C’est ainsi qu’avec ses comparses, les commissaires Ponceau et Demarty, de Cherbourg, Decarreaux, de Rouen, entre autres, il mène des enquêtes, participe au démantèlement de groupes de résistants communistes, procède à des arrestations : les frères Mesnil dans l’affaire « Pican-Cadras » [3] en février 1942 mais aussi les membres de la famille Avoyne, Félix Bouffay, les Lemaire père et fils, lors de l’« affaire Jurczyczyn » [4] l'été 1942, et ainsi de suite, soit au total plusieurs dizaines de résistants livrés aux nazis. Beaucoup d’entre eux seront fusillés ou mourront dans des camps de concentration.

Le 16 mars 1942, à La Mancellière-sur-Vire, il atteste de l'identité et du décès de Marcel Ledanois qui vient d'être fusillé à Saint-Lô par les allemands.

Laniez est nommé commissaire central à Nancy (Meurthe-et-Moselle) par un arrêté du 22 janvier 1944 [5].

À la Libération, il est arrêté à Nancy et transféré à Saint-Lô mais vite relâché en faisant appel au bon souvenir de son ancien collègue Ponceau, plus « blanc » que jamais et nouvellement promu commissaire divisionnaire de la DST à Rouen (Seine-Inférieure). Mis en cause par les familles des victimes, Laniez est acquitté du chef de trahison à l’issue d’un procès tenu en juin 1946 et s’en tire d’une peine minimale d’indignité nationale [6][7]. Au désarroi des familles, s’ajoute l’amère impression, confirmée par le ton du journal local qui relate l'affaire, qu’on n’en a pas fini avec l’esprit du pétainisme.

Distinctions

  • Médaille d'honneur pour actes de courage et de dévouement (1937)
  • Officier d'académie pour services rendus aux œuvres scolaires (1939)

Sources

  • Archives d’André Defrance (qui qualifiait Laniez de « flic boche de langue française »).
  • Recherches de Paul Le Goupil.
  • Journal officiel. Lois et décrets.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Archives du Nord, archives communales de Rosendaël, registre de l'état-civil des naissances (1888-1894), 1 Mi 404 R 027, page 436/604 Acte de naissance n° 113.
  2. Commissaire de 4eclasse le 1er décembre 1935.
  3. Cherbourg-Éclair, 12 février 1942.
  4. Cherbourg-Éclair,  11 novembre 1942.
  5. Journal officiel de la République française, 3 février 1944.
  6. La Presse cherbourgeoise, 11 juin 1946.
  7. Le seul « témoignage » présenté à sa décharge, est un grossier « pas de deux » joué en connivence avec l’un de ses sbires, l’inspecteur Leymarie, impliqué d'ailleurs lui aussi dans l’arrestation du résistant Achille Mesnil.