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Hameaux et lieux-dits de Millières

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Chronique locale sur les noms des villages de la commune de Millières.

Cette retranscription est extraite d'une chronique locale sur les noms des villages de Millières réalisée en 1973 par l'abbé Ernest Osmond, curé de la paroisse Saint-Étienne, avec le précieux concours de M. l'abbé Picard, ancien curé de Quibou.

Les noms de nos villages d'hier et d'aujourd'hui nous sont familiers et ils sont sur nos lèvres et resteront dans nos mémoires. Ils font un peu partie de nous mêmes, de notre passé de notre présent ! Aussi m'a t-il paru utile et agréable de les interroger sur leur origine et leur passé.

Plusieurs de nos villages se prénomment Hôtel

c'est une belle enseigne moyenâgeuse qu'on retrouve sous de nombreuses terminaisons. Évidemment, ces hôtels n'ont jamais été à la disposition des représentants de commerce. Ce sont tout simplement des maisons particulières dont les hôtes (habitants) donnaient volontiers l'hospitalité :

  • Hôtel-Tirel (L') tire son nom de l'habitant.
  • Hôtel-Cavey (L') tire son nom de l'habitant.
  • Hôtel-l'Hôtellier (L') est elle même la simple indication de la demeure de la famille : "l'Hôtellier, Tellier ou Le Tellier, L'Hôtel au Tellier.
  • Hôtel-es-Amis (L') il faut croire que cette demeure était particulièrement accueillante.
Plusieurs de nos villages ont épousé le nom de leur propriétaire
  • Huzerie (La) était un village habité par une famille Hue.
  • Bontairie (La) était le berceau d'une famille Bonté.
  • Bonhommerie (La) il faut y voir la demeure de la famille Bonhomme : c' était un nom de famille assez répandu et bien caractéristique, du monde paysan au XV° et au XVI° siècles.
  • Benesterie (La) était la demeure des Benoist.
  • Vauterie (La) le hameau des Vaultier.
  • Banserie (La) celui des Banse (lesquels occupent toujours ce village).
  • Maresquerie (La) est le hameau de la demeure de la famille Lemaresquier, "l'homme du marais".
  • Baillacherie (La) est aussi le primitif village d'une famille Baillache ou, plus correctement Baille hache, surnom donné à des familles nobles ou roturières et qui signifie "donne la hache" ; alors gare !
  • Gilarderie (La) est le hameau des familles Gislard.
  • Patrixerie (La) est celui des Patrix,
  • Martinerie (La) est celui des Martin.
  • Rougerie (La) ici nous sommes chez les Lerouge plutôt qu'en un lieu ferrugineux comme les "Rouges Terres", près de Carentan.
  • Bezanterie (La) fait allusion à une famille Bézant ou Lebésant ou même, par déformation Lepesant.
  • Valoiserie (La) fut le hameau de la famille Levallois ou Valois.
  • Rachinière (La) est le village des Rachine.
  • Bretonnière (La) est le village des Lebreton encore de nos jours.
Certains noms de nos villages s'expliquent par la topographie du lieu
  • Épinerie (L') était un lieu particulièrement couvert de buissons, d'aubépine ou d'épines noires.
  • Fresnerie (La) était un lieu planté de frênes (à moins qu'il s'agisse d'un hameau occupé par une famille Dufresne).
  • Quesney (Le) fut un lieu planté de chênes, arbres plus rares que l'orme en cette commune.
  • Caveries (Les) indiquent un creux (cavus en latin) : c'est en somme, une petite cavité de terrain.
  • Bos (Le) indiquerait un bois, un bouquet d'arbres ou un bosquet.
  • Nouettes (Les) indiquaient un endroit marécageux.
  • Cuves (en latin cupa) est un endroit en cuvette.
  • Grimpret (Le) serait une appellation humoristique d'un hameau escarpé qu'on aborde assez laborieusement. Malheureusement, pour "Le Grimprey", les faits vont à l'encontre de notre explications puisque le terrain de ce hameau est effectivement plat !
  • La Champagne, le nom de ce hameau n'a rien de commun avec le domaine de Dom Pérignon ! Il s'agit d'un hameau agréablement situé et particulièrement fertile, doté d'une importante ferme avec un portail antique remarquable.
Quelques uns de nos villages évoquent un métier
  • La Rosterie (La) autrefois les tisserands, alors très nombreux - aujourd'hui très rares se servaient de peignes spéciaux appelés ros ou rot. "La Rosterie" désignait donc un hameau ou l'on fabriquait des peignes.
  • La Huzerie (La) (dont il a déjà été question) de Hus forme normande de Huis, serait peut être un village où l'on fabriquait des portes des barrières.
Deux villages ont une appellation spéciale
  • Carrefour-au-Loup (Le) indique probablement un endroit ou un loup a été abattu ou bien un endroit ou il avait son gîte.
  • Lièvrairie (La) faut il voir une allusion à un endroit fréquenté par les lièvres (léporum)? On dit aussi que ce village fut habité par une famille Lelièvre.
Deux noms de nos villages laissent place aux hypothèses
  • Mare-aux-Pois (La) est probablement un nom de lieu déformé par la prononciation d'abord et confirmé par une orthographe malheureuse. Il se peut que la Mare soit mariée avec un nom : ex : "La Mare-Haupais".
  • Mare-à-Gru (La) (Gruau en ancien français) est le surnom de meunier ou de boulanger.

Avons nous encore quelque chose à signaler sur nos villages de Millières ? Nous n'avons certes pas tout dit, mais nous pouvons encore ajouter certaines remarques :

  • La Harisière (La) laisse penser qu'il s'agit d'un nom de famille : ainsi l'établissement dans le pays d'une famille Haris, d'origine Alsacienne, à la suite de la guerre de 1870 d'ou "La Harisière" la hameau des Haris.
  • Grisy de même Grisy serait le village des Legrix. Dans le Nord de la France, gris désignait l'homme aux cheveux gris Legris et, dans ses dérives : grisel - griseau.
  • Métairies (Les)' une appellation facile à expliquer : exploitation agricole à régime spécial. Le premier tenancier d'une métairie a été appelé automatiquement Lemétayer.

Nous ferons une dernière remarque : la population officielle de 600 habitants en 1973 se repartit dans nos villages, du nord au sud, de chaque côté d'une ligne imaginaire qui passe à l'endroit de l'église, au lieu dit "L'Aumône". Au sud de cette ligne : 80 foyers ; au nord: 120 foyers. Pourquoi une population plus dense vers le nord ? C'est que les points d'eau sont plus nombreux : nous citerons le gros village de "La Fresnerie" et celui de "La Martinerie". Malgré la nationale 800 (devenue départementale 900) qui traverse le territoire de la paroisse d'Est en Ouest, nous pouvons nous réjouir qu'il est encore chez nous des chemins familiers qui donnent à nos villages leur âme et leur mystère ! [1]'

Vive nos villages qui réunis sous le même vocable, forment la commune (ensemble des administrés) et la paroisse (ensemble des baptisés).

Note : la réédition revue et augmentée de ce "topo" a été faite en l'honneur de mes confrères de cours réunis à Millières ce dix juillet mil neuf cent soixante-treize.

Notes et références

  1. Depuis l'édition de cette chronique, la commune de Millières a été remembrée en 1990 et a perdu beaucoup de ces chemins.