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Guy de Maupassant et la Manche

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Guy de Maupassant photographié par Nadar.

Henry, René, Albert, Guy de Maupassant, né à Tourville-sur-Arques (Seine-Maritime) le 5 août 1850, mort à Paris le 6 juillet 1893, est un écrivain lié à la Manche.

Ascendance

La famille maternelle de Guy de Maupassant descend de potiers de Sauxemesnil. Son grand-père, Paul Le Poittevin, né à Bricquebec le 7 août 1778[1], devient propriétaire du manoir de Gonneville après avoir fait fortune dans le textile à Rouen. Le père de celui-ci, meunier né à Colomby, avait épousé aux Perques en 1775 Jeanne Des Perques, fille du sieur de Montauval.

Évocation de la Manche dans ses écrits

L'écrivain évoque la Manche dans ses romans et nouvelles, et en particulier, à plusieurs reprises le Mont Saint-Michel et la Manche en général.

1882 : La Légende du Mont Saint-Michel

Le 19 décembre 1882, l'auteur publie dans le journal républicain le Gil Blas, une nouvelle, La Légende du Mont Saint-Michel.

1887 : Le Horla

En 1887, paraît Le Horla, journal d'un homme atteint par la folie.

« 2 juillet. - Je rentre. Je suis guéri. J’ai fait d’ailleurs une excursion charmante. J’ai visité le mont Saint-Michel que je ne connaissais pas.
Quelle vision, quand on arrive, comme moi, à Avranches, vers la fin du jour ! La ville est sur une colline ; et on me conduisit dans le jardin public, au bout de la cité. Je poussai un cri d’étonnement. Une baie démesurée s’étendait devant moi, à perte de vue, entre deux côtes écartées se perdant au loin dans les brumes ; et au milieu de cette immense baie jaune, sous un ciel d’or et de clarté, s’élevait sombre et pointu un mont étrange, au milieu des sables. Le soleil venait de disparaître, et sur l’horizon encore flamboyant se dessinait le profil de ce fantastique rocher qui porte sur son sommet un fantastique monument.
Dès l’aurore, j’allai vers lui. La mer était basse, comme la veille au soir, et je regardais se dresser devant moi, à mesure que j’approchais d’elle, la surprenante abbaye. Après plusieurs heures de marche, j’atteignis l’énorme bloc de pierre qui porte la petite cité dominée par la grande église. Ayant gravi la rue étroite et rapide, j’entrai dans la plus admirable demeure gothique construite pour Dieu sur la terre, vaste comme une ville, pleine de salles basses écrasées sous des voûtes et de hautes galeries que soutiennent de frêles colonnes. J’entrai dans ce gigantesque bijou de granit, aussi léger qu’une dentelle, couvert de tours, de sveltes clochetons, où montent des escaliers tordus, et qui lancent dans le ciel bleu des jours, dans le ciel noir des nuits, leurs têtes bizarres hérissées de chimères, de diables, de bêtes fantastiques, de fleurs monstrueuses, et reliés l’un à l’autre par de fines arches ouvragées.
Quand je fus sur le sommet, je dis au moine qui m’accompagnait : « Mon Père, comme vous devez être bien ici ! »
Il répondit : « Il y a beaucoup de vent, monsieur » ; et nous nous mîmes à causer en regardant monter la mer, qui courait sur le sable et le couvrait d’une cuirasse d’acier.
Et le moine me conta des histoires, toutes les vieilles histoires de ce lieu, des légendes, toujours des légendes.
Une d’elles me frappa beaucoup. Les gens du pays, ceux du mont, prétendent qu’on entend parler la nuit dans les sables, puis qu’on entend bêler deux chèvres, l’une avec une voix forte, l’autre avec une voix faible. Les incrédules affirment que ce sont les cris des oiseaux de mer, qui ressemblent tantôt à des bêlements, et tantôt à des plaintes humaines ; mais les pêcheurs attardés jurent avoir rencontré, rôdant sur les dunes, entre deux marées, autour de la petite ville jetée ainsi loin du monde, un vieux berger, dont on ne voit jamais la tête couverte de son manteau, et qui conduit, en marchant devant eux, un bouc à figure d’homme et une chèvre à figure de femme, tous deux avec de longs cheveux blancs et parlant sans cesse, se querellant dans une langue inconnue, puis cessant soudain de crier pour bêler de toute leur force.
Je dis au moine : « Y croyez-vous ? » Il murmura : « Je ne sais pas. »
Je repris : « S’il existait sur la terre d’autres êtres que nous, comment ne les connaîtrions-nous point depuis longtemps ; comment ne les auriez-vous pas vus, vous ? comment ne les aurais-je pas vus, moi ? »
Il répondit : « Est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit les falaises, et jette aux brisants les grands navires, le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui mugit, - l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir ? Il existe, pourtant. »
Je me tus devant ce simple raisonnement. Cet homme était un sage ou peut-être un sot. Je ne l’aurais pas pu affirmer au juste ; mais je me tus. Ce qu’il disait là, je l’avais pensé souvent. »

Hommages

Il existe des rues à son nom à Barneville-Carteret, Carentan, Cherbourg-Octeville et Saint-Lô.

Bibliographie

  • François Talva, « Guy de Maupassant au Mont-Saint-Michel », Revue des deux mondes, 1er octobre 1966, p. 349-355

Notes et références

  1. Archives départementales de la Manche - Registres paroissiaux de Bricquebec - Années 1777 - 1780 - Page 61/158.