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Gerfleur

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L'estuaire de la Gerfleur à la tombée de la nuit.

La Gerfleur est une rivière côtière de la Manche.

Sa longueur est de 10,3 km.

Hydrographie

Elle prend sa source à l'Hôtel Tellier à Saint-Pierre-d'Arthéglise, et passe à Saint-Maurice-en-Cotentin, La Haye-d'Ectot, Barneville-Carteret. Elle se jette dans le havre de Carteret où la rejoignent le Fleuve et les Douits.

Son débit moyen est de 480 litres/seconde. De fortes pluies conjuguées à de grandes marées peuvent provoquer des crues.

Elle a pour affluents les Douits, la Veillègue et le Fleuve.

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Hydronymie

Attestations directes

  • super aquam Jor fluctum 1026/1027 [1].
  • Gerefleur R[iviere] 1689 [2], 1719 [3], 1780 [4], 1753/1785 [5].
  • Gérefleur 1828 [6].
  • Ruisseau de Gerfleur 1825/1866 [7].
  • la Gerfleur 1880 [8], 1961 [9], 2007 [10].

Attestations indirectes

Elles se limitent à une ancienne forme alternative de Barneville-sur-Mer :

  • Barneville-sur-Gérefleur 1828 [6].

Étymologie

Albert Dauzat [11] qualifie laconiquement cet hydronyme d'obscur, renvoyant sans enthousiasme aux noms de la Gère (Charente-Maritime) et du Gier (Loire), qu'il rattache à l'élément pré-latin bien connu °gar- « pierre », « rocher ». Les attestations anciennes du nom de la Gerfleur, latinisé en Jor fluctum vers 1026/1027, puis noté sous la forme romane Gerefleur du 17e au 19e siècle, n'incitent pas à aller dans ce sens : on attendrait ici une forme normano-picarde, telle que °Guerefleur ou °Garefleur. Dauzat ne dit par ailleurs rien de l'élément -fleur, dont on ne sait s'il le juge évident ou également obscur. Quant aux autres spécialistes, y compris Ernest Nègre [12], François de Beaurepaire et René Lepelley, ils n'éclairent pas davantage la situation : le premier ne mentionne même pas l'hydronyme, et les deux autres ne commentent que l'élément -fleur [13],[14].

En tout état de cause, le nom de Gerfleur semble bien d'origine anglo-saxonne (ou éventuellement anglo-scandinave).

L'élément -fleur

En ce qui concerne la finale -fleur, fréquente en Normandie, il y a hésitation entre une origine scandinave, anglo-scandinave et anglo-saxonne. Divers arguments d'ordre phonétique font préférer, dans la plupart des cas, l'appellatif anglo-saxon flēot « estuaire, bras de mer, ruisseau ». Pour la discussion à ce sujet, se reporter à la page Élément -fleur, où les différentes hypothèses sont comparées et évaluées. Dans le cas de la Gerfleur, qui se jette dans la Manche par l'intermédiaire du havre de Carteret, les deux sens de « ruisseau » et d' « estuaire » ou « bras de mer » sont a priori à envisager.

L'élément Ger-

La forme Jor du 11e siècle, devenue Ger(e)- par la suite, incite à établir un parallèle avec les attestations anciennes des noms de la commune de Jobourg (Jorborch 12e s., Jorborc 1180) et de Jerbourg à Guernesey (Gierebourc 1346), que François de Beaurepaire identifie à un type toponymique anglo-saxon eorðburg, représenté en Angleterre par Yarborough Camp (Lincolnshire; Ġereburg 1086, Ierburc ~1115), ainsi que plusieurs Arbury (Berkshire, Lancashire, Warwickshire) [15]. Il est constitué de l'ancien anglais eorð(e) « terre » (cf. anglais moderne earth), ici employé au sens de « rempart de terre, fortification » et de burg « lieu fortifié ». Il n'est donc pas impossible que l'on ait affaire dans le cas de Gerfleur au même élément, à savoir l'ancien anglais eorð(e) « terre / rempart de terre ».

On ne peut exclure cependant une origine anglo-scandinave, si l'on considère que l'équivalent scandinave de l'ancien anglais eorð(e), à savoir l'ancien norois jord « terre », aboutit en principe à la même forme : on le rencontre par exemple dans le nom de la gernotte, jarnotte ou génotte, « terre-noix » (racines bulbeuses comestibles du Bunium bulbocastanum ou du Dunium denudatum), issu de l'ancien norois jord + hnot « noix », soit « noix de terre ».

Hypothèse

Ceci permettrait de poser pour Gerfleur un étymon anglo-saxon °eorðflēot, qui ne pose aucun problème phonétique. En ce qui concerne le sens précis du toponyme, il semble qu'il faille plutôt retenir ici, contrairement à ce que l'on pourrait penser, le sens d' « estuaire » ou de « bras de mer », désignant le havre de Carteret lui-même, plutôt que celui de « ruisseau »; ce nom serait ensuite passé au petit cours d'eau qui s'y jette. On aurait donc affaire dans ce cas à un « estuaire caractérisé par la présence de remparts de terre ou de fortifications » qui en auraient défendu l'entrée, ou du moins permis le contrôle. Or on connaît à Carteret l'existence de deux anciens corps de garde (appelés le Grand Fort et le Petit Fort au 19e siècle) le long du littoral sud du cap, dont c'était là la fonction, et qui peuvent s'être substitués à des éléments défensifs plus anciens.

Réemplois

Le nom de la Gerfleur a été donné à divers lieux et objets :

  • Barneville-sur-Gerfleur, ancienne appellation alternative (1828) de Barneville-sur-Mer.
  • Le Gerfleur, nom d'un vapeur à aubes reliant en 1900 Carteret à Jersey.
  • Avenue Gerfleur, voie de Barneville-Carteret.
  • Villa Gerfleur, villa à Barneville-Carteret.
  • La Gerfleur, résidence à Barneville-Carteret.

Divers

Notes et références

  1. Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XXXVI, Caen, 1961, p. 182, § 58.
  2. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  3. Guillaume de l’Isle, Carte des Provinces du Maine et du Perche, Paris, 1719.
  4. Anonyme, Plan des Départemens de Caen Bayeux et Saint Lo suivant la Marche que les Ambulants Tiennnent lors de Leurs Recouvremens [de la taille], 1780 [BNF département Cartes et plans, GE AA-3798 (RES)].
  5. Carte de Cassini.
  6. 6,0 et 6,1 Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 386.
  7. Cartes d’État-Major (relevés de 1825 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889).
  8. Adolphe Joanne, Géographie du département de la Manche, Hachette, Paris, 1880, p. 13a.
  9. Marie Fauroux, op. cit., p. 501a.
  10. Carte IGN au 1 : 25.000.
  11. Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, Klincksieck, Paris, 1978, p. 49.
  12. Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, t. II et III, 1991.
  13. François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 46.
  14. René Lepelley, Noms de lieux de Normandie et des Îles Anglo-Normandes, éd. Christine Bonneton, 1999, p. 93-94.
  15. François de Beaurepaire, op. cit., p. 142-143.

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