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[[Fichier:Estuaire de la Gerfleur, Barneville-Carteret.jpg|thumb|right|270px|L'estuaire de la Gerfleur à la tombée de la nuit.]]
La '''Gerfleur''' est une rivière côtière de la [[Manche]].
La '''Gerfleur''' est une rivière côtière de la [[Manche]].


Elle se jette dans le [[havre de Carteret]] à [[Barneville-Carteret]].  
Sa longueur est de 10,3 km.


Son débit moyen est de 480 litres / seconde. De fortes pluies conjuguées à de grandes marées peuvent provoquer des crues.
== Hydrographie ==


La Gerfleur a temporairement donné son nom à Barneville-sur-Gerfleur, ancienne appellation alternative de [[Barneville-sur-Mer]].
Elle prend sa source près du Hameau Gauthier à [[La Haye-d'Ectot]], puis passe sur le territoire de [[Saint-Pierre-d'Arthéglise]], [[Saint-Maurice-en-Cotentin]], [[Barneville-Carteret]], où elle se jette dans le [[havre de Carteret]].  


==Hydronymie==
Son débit moyen est de 480 litres/seconde. De fortes pluies conjuguées à de grandes marées peuvent provoquer des crues.
====Attestations directes====


* ''xxx'' 1594 <ref>Abraham Ortel dit Ortelius, ''Neustria. Britanniae, et Normandiae Typus'', Anvers, 1594.</ref>.
== Hydronymie ==
* ''xxx'' 1689 <ref>G. Mariette de La Pagerie, cartographe, ''Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc.'', chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].</ref>.
==== Attestations directes ====
* ''xxx'' 1694 <ref>Jean-Baptiste Nolin, ''Le duche et gouvernement de Normandie Divisé en Haute et Basse Normandie, en Divers Pays, et par Evechez'', Paris, 1694 [BNF, IFN-7710251].</ref>.
 
* ''xxx'' ~1700 <ref>Gerard Valk, ''Normannia Ducatus, tum Superior ad Ortum, tum Inferior ad Occasum, Praefectura Generalis'' […] ''Anglici Caesarea sive Jarsey…'', Amsterdam, ~1700.</ref>.
* ''super aquam Jor fluctum'' 1026/1027 <ref>Marie Fauroux, ''Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066)'', Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XXXVI, Caen, 1961, p. 182, § 58.</ref>.
* ''xxx'' 1716 <ref>Guillaume de l'Isle, ''Carte de Normandie'', Paris, 1716.</ref>.
* ''Gerefleur R''[''iviere''] 1689 <ref>G. Mariette de La Pagerie, cartographe, ''Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc.'', chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].</ref>, 1719 <ref>Guillaume de l’Isle, ''Carte des Provinces du Maine et du Perche'', Paris, 1719.</ref>, 1780 <ref>Anonyme, ''Plan des Départemens de Caen Bayeux et [[Saint-Lô|Saint Lo]] suivant la Marche que les Ambulants Tiennnent lors de Leurs Recouvremens [de la taille]'', 1780 [BNF département Cartes et plans, GE AA-3798 (RES)].</ref>, 1753/1785 <ref>Carte de Cassini.</ref>.
* ''xxx'' 1719 <ref>Guillaume de l’Isle, ''Carte des Provinces du Maine et du Perche'', Paris, 1719.</ref>.
* ''xxx'' 1719 <ref>Bernard Jaillot, ''Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez'', Paris, 1719.</ref>.
* ''xxx'' 1720 <ref>G. Mariette de la Pagerie, ''Carte topographique de la Normandie''; feuille 1 : Bayeux et Caen, 1720 [BNF, fonds Cartes et Plans, cote Ge DD 2987 (1009, I) B].</ref>.
* ''xxx'' 1736 <ref>Bernard Jaillot, ''Carte topographique du diocèse de Bayeux'', Paris, 1736 [BNF, Collection d’Anville, cote 00260 B].</ref>.
* ''xxx'' 1757 <ref>L. Brion de la Tour, ''Recueil des Côtes Maritimes de France'', Desnos, Paris, 1757, carte n° 9-15.</ref>.
* ''xxx'' 1758 <ref>G. Robert de Vaugondy, ''Carte du gouvernement de Normandie'', Paris, 1758.</ref>.
* ''xxx'' 1777 <ref>P. Santini, ''Gouvernement de Normandie avec celui du Maine et Perche'', Remondini, Venise, 1777.</ref>.
* ''xxx'' 1780 <ref>Anonyme, ''Plan des Départemens de Caen Bayeux et [[Saint-Lô|Saint Lo]] suivant la Marche que les Ambulants Tiennnent lors de Leurs Recouvremens [de la taille]'', 1780 [BNF département Cartes et plans, GE AA-3798 (RES)].</ref>.
* ''xxx'' 1753/1785 <ref>Carte de Cassini.</ref>.
* ''xxx'' 1792 <ref>Les Auteurs de l’Atlas National de France, ''Atlas National Portatif de la France'', Bureau de l’Atlas National, Paris, 1792.</ref>.
* ''Gérefleur'' 1828 <ref name = IDN>Louis Du Bois, ''Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie'', Mancel, Caen, 1828, p. 386.</ref>.
* ''Gérefleur'' 1828 <ref name = IDN>Louis Du Bois, ''Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie'', Mancel, Caen, 1828, p. 386.</ref>.
* ''xxx'' 1830 <ref>J. G. Masselin, ''Dictionnaire universel de géographie physique, commerciale, historique et politique du Monde Ancien, du Moyen Age et des Temps Modernes comparées / Dictionnaire universel de géographie'', 2 t., Auguste Delalain, Paris, 1830.</ref>.
* ''Ruisseau de Gerfleur'' 1825/1866 <ref>Cartes d’État-Major (relevés de 1825 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889).</ref>.
* ''xxx'' 1837 <ref>''Dictionnaire géographique universel ou description de tous les lieux du globe sous le rapport de la géographie physique et politique, de l’histoire, de la statistique, du commerce, de l’industrie, etc., etc.'', Sociétés de Paris, Londres et Bruxelles pour les publications littéraires, Bruxelles, 1837, t. I, p. ….</ref>.
* ''la Gerfleur'' 1880 <ref>Adolphe Joanne, ''Géographie du département de la Manche'', Hachette, Paris, 1880, p. 13a.</ref>, 1961 <ref>Marie Fauroux, ''op. cit.'', p. 501a.</ref>, 2007 <ref>Carte IGN au 1 : 25.000.</ref>.
* ''xxx'' 1854 <ref>V. Lavasseur, ''Atlas National Illustré des 86 départements et des possessions de la France'', A. Combette éditeur, Paris, 1854.</ref>.
* ''xxx'' 1825/1866 <ref>Cartes d’État-Major (relevés de 1825 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889).</ref>.
* ''xxx'' 1880 <ref>Carte de la Manche, in Adolphe Joanne, ''Géographie du département de la Manche'', Hachette, Paris, 1880.</ref>.
* ''xxx'' 1926 <ref>Carte du département de la Manche, ''L’Illustration économique et financière'', 28 août 1926.</ref>.
* ''xxx'' 1978 <ref>Carte IGN au 1 : 100.000.</ref>.
* ''xxx'' 2007 <ref>Carte IGN au 1 : 25.000.</ref>.
* ''xxx'' 2009 <ref>Cadastre moderne.</ref>.


====Attestations indirectes====
====Attestations indirectes====
Elles se limitent à une ancienne forme alternative de Barneville-sur-Mer :


* ''Barneville-sur-Gérefleur'' 1828 <ref name = IDN/>.
* ''Barneville-sur-Gérefleur'' 1828 <ref name = IDN/>.


====Étymologie====
====Étymologie====
Albert Dauzat <ref>Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, ''Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France'', Klincksieck, Paris, 1978, p. 49.</ref> qualifie laconiquement cet [[hydronyme]] d'obscur, renvoyant sans enthousiasme aux noms de la Gère (Charente-Maritime) et du Gier (Loire), qu'il rattache à l'élément pré-latin bien connu °''gar-'' « pierre », « rocher ». Les attestations anciennes du nom de la Gerfleur, latinisé en ''Jor fluctum'' vers 1026/1027, puis noté sous la forme romane ''Gerefleur'' du 17{{e}} au 19{{e}} siècle, n'incitent pas à aller dans ce sens : on attendrait ici une forme [[Traits normano-picards|normano-picarde]], telle que °''Guerefleur'' ou °''Garefleur''. Dauzat ne dit par ailleurs rien de l'élément ''[[Élément -fleur|-fleur]]'', dont on ne sait s'il le juge évident ou également obscur. Quant aux autres spécialistes, y compris Ernest Nègre <ref>Ernest Nègre, ''Toponymie Générale de la France'', Droz, Genève, t. I, 1990, t. II et III, 1991.</ref>, François de Beaurepaire et [[René Lepelley]], ils n'éclairent pas davantage la situation : le premier ne mentionne même pas l'hydronyme, et les deux autres ne commentent que l'élément ''-fleur'' <ref>François de Beaurepaire, ''Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche'', Picard, Paris, 1986, p. 46.</ref>,<ref>[[René Lepelley]], ''Noms de lieux de Normandie et des Îles Anglo-Normandes'', éd. Christine Bonneton, 1999, p. 93-94.</ref>.
En tout état de cause, le nom de Gerfleur semble bien d'origine anglo-saxonne (ou éventuellement anglo-scandinave).
===== L'élément ''-fleur'' =====
En ce qui concerne la finale ''-fleur'', fréquente en Normandie, il y a hésitation entre une origine scandinave, anglo-scandinave et anglo-saxonne. Divers arguments d'ordre phonétique font préférer, dans la plupart des cas, l'appellatif anglo-saxon ''flēot'' « estuaire, bras de mer, ruisseau ». Pour la discussion à ce sujet, se reporter à la page [[Élément -fleur]], où les différentes hypothèses sont comparées et évaluées. Dans le cas de la Gerfleur, qui se jette dans la Manche par l'intermédiaire du havre de Carteret, les deux sens de « ruisseau » et d' « estuaire » ou « bras de mer » sont ''a priori'' à envisager.
===== L'élément ''Ger-'' =====
La forme ''Jor'' du 11{{e}} siècle, devenue ''Ger(e)-'' par la suite, incite à établir un parallèle avec les attestations anciennes des noms de la commune de [[Jobourg]] (''Jorborch'' 12{{e}} s., ''Jorborc'' 1180) et de Jerbourg à [[Guernesey]] (''Gierebourc'' 1346), que François de Beaurepaire identifie à un type toponymique anglo-saxon ''eorðburg'', représenté en Angleterre par Yarborough Camp (Lincolnshire; ''Ġereburg'' 1086, ''Ierburc'' ~1115), ainsi que plusieurs Arbury (Berkshire, Lancashire, Warwickshire) <ref name = NCM>François de Beaurepaire, ''op. cit.'', p. 142-143.</ref>. Il est constitué de l'ancien anglais ''eorð(e)'' « terre » (cf. anglais moderne ''earth''), ici employé au sens de « rempart de terre, fortification » et de ''burg'' « lieu fortifié ». Il n'est donc pas impossible que l'on ait affaire dans le cas de Gerfleur au même élément, à savoir l'ancien anglais ''eorð(e)'' « terre / rempart de terre ».
<big>☞</big> On ne peut exclure cependant une origine anglo-scandinave, si l'on considère que l'équivalent scandinave de l'ancien anglais ''eorð(e)'', à savoir l'ancien norois ''jord'' « terre », aboutit en principe à la même forme : on le rencontre par exemple dans le nom de la ''gernotte'', ''jarnotte'' ou ''génotte'', « terre-noix » (racines bulbeuses comestibles du ''Bunium bulbocastanum'' ou du ''Dunium denudatum''), issu de l'ancien norois ''jord'' + ''hnot'' « noix », soit « noix de terre ».
===== Hypothèse =====
Ceci permettrait de poser pour Gerfleur un étymon anglo-saxon °''eorðflēot'', qui ne pose aucun problème phonétique. En ce qui concerne le sens précis du toponyme, il semble qu'il faille plutôt retenir ici, contrairement à ce que l'on pourrait penser, le sens d' « estuaire » ou de « bras de mer », désignant le havre de Carteret lui-même, plutôt que celui de « ruisseau »; ce nom serait ensuite passé au petit cours d'eau qui s'y jette. On aurait donc affaire dans ce cas à un « estuaire caractérisé par la présence de remparts de terre ou de fortifications » qui en auraient défendu l'entrée, ou du moins permis le contrôle. Or on connaît à Carteret l'existence de deux anciens corps de garde (appelés ''le Grand Fort'' et ''le Petit Fort'' au 19{{e}} siècle) le long du littoral sud du cap, dont c'était là la fonction, et qui peuvent s'être substitués à des éléments défensifs plus anciens.
== Réemplois ==
Le nom de la Gerfleur a été donné à divers lieux et objets :
* '''Barneville-sur-Gerfleur''', ancienne appellation alternative (1828) de [[Barneville-sur-Mer]].
* '''Le Gerfleur''', nom d'un vapeur à aubes reliant en [[1900]] [[Barneville-Carteret|Carteret]] à [[Jersey]].
* '''Avenue Gerfleur''', voie de Barneville-Carteret.
* '''Villa Gerfleur''', villa à Barneville-Carteret.
* '''La Gerfleur''', résidence à Barneville-Carteret.


== Divers ==
== Divers ==


La [[Mère Denis]] y avait son lavoir.
* La [[Mère Denis]] y avait son lavoir.
 
En [[1900]], un vapeur à aubes reliant [[Barneville-Carteret|Carteret]] à [[Jersey]] portait le nom de ''Gerfleur''.


==Notes et références==
==Notes et références==
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[[Catégorie:Hydronymie]]
[[Catégorie:Hydronymie]]
[[Catégorie:Hydronyme contenant un élément d'origine anglo-saxonne]]
[[Catégorie:Hydronyme contenant un élément d'origine anglo-saxonne]]
[[Catégorie:Hydronyme contenant un élément d'origine scandinave]]

Version du 8 février 2015 à 17:34

L'estuaire de la Gerfleur à la tombée de la nuit.

La Gerfleur est une rivière côtière de la Manche.

Sa longueur est de 10,3 km.

Hydrographie

Elle prend sa source près du Hameau Gauthier à La Haye-d'Ectot, puis passe sur le territoire de Saint-Pierre-d'Arthéglise, Saint-Maurice-en-Cotentin, Barneville-Carteret, où elle se jette dans le havre de Carteret.

Son débit moyen est de 480 litres/seconde. De fortes pluies conjuguées à de grandes marées peuvent provoquer des crues.

Hydronymie

Attestations directes

  • super aquam Jor fluctum 1026/1027 [1].
  • Gerefleur R[iviere] 1689 [2], 1719 [3], 1780 [4], 1753/1785 [5].
  • Gérefleur 1828 [6].
  • Ruisseau de Gerfleur 1825/1866 [7].
  • la Gerfleur 1880 [8], 1961 [9], 2007 [10].

Attestations indirectes

Elles se limitent à une ancienne forme alternative de Barneville-sur-Mer :

  • Barneville-sur-Gérefleur 1828 [6].

Étymologie

Albert Dauzat [11] qualifie laconiquement cet hydronyme d'obscur, renvoyant sans enthousiasme aux noms de la Gère (Charente-Maritime) et du Gier (Loire), qu'il rattache à l'élément pré-latin bien connu °gar- « pierre », « rocher ». Les attestations anciennes du nom de la Gerfleur, latinisé en Jor fluctum vers 1026/1027, puis noté sous la forme romane Gerefleur du 17e au 19e siècle, n'incitent pas à aller dans ce sens : on attendrait ici une forme normano-picarde, telle que °Guerefleur ou °Garefleur. Dauzat ne dit par ailleurs rien de l'élément -fleur, dont on ne sait s'il le juge évident ou également obscur. Quant aux autres spécialistes, y compris Ernest Nègre [12], François de Beaurepaire et René Lepelley, ils n'éclairent pas davantage la situation : le premier ne mentionne même pas l'hydronyme, et les deux autres ne commentent que l'élément -fleur [13],[14].

En tout état de cause, le nom de Gerfleur semble bien d'origine anglo-saxonne (ou éventuellement anglo-scandinave).

L'élément -fleur

En ce qui concerne la finale -fleur, fréquente en Normandie, il y a hésitation entre une origine scandinave, anglo-scandinave et anglo-saxonne. Divers arguments d'ordre phonétique font préférer, dans la plupart des cas, l'appellatif anglo-saxon flēot « estuaire, bras de mer, ruisseau ». Pour la discussion à ce sujet, se reporter à la page Élément -fleur, où les différentes hypothèses sont comparées et évaluées. Dans le cas de la Gerfleur, qui se jette dans la Manche par l'intermédiaire du havre de Carteret, les deux sens de « ruisseau » et d' « estuaire » ou « bras de mer » sont a priori à envisager.

L'élément Ger-

La forme Jor du 11e siècle, devenue Ger(e)- par la suite, incite à établir un parallèle avec les attestations anciennes des noms de la commune de Jobourg (Jorborch 12e s., Jorborc 1180) et de Jerbourg à Guernesey (Gierebourc 1346), que François de Beaurepaire identifie à un type toponymique anglo-saxon eorðburg, représenté en Angleterre par Yarborough Camp (Lincolnshire; Ġereburg 1086, Ierburc ~1115), ainsi que plusieurs Arbury (Berkshire, Lancashire, Warwickshire) [15]. Il est constitué de l'ancien anglais eorð(e) « terre » (cf. anglais moderne earth), ici employé au sens de « rempart de terre, fortification » et de burg « lieu fortifié ». Il n'est donc pas impossible que l'on ait affaire dans le cas de Gerfleur au même élément, à savoir l'ancien anglais eorð(e) « terre / rempart de terre ».

On ne peut exclure cependant une origine anglo-scandinave, si l'on considère que l'équivalent scandinave de l'ancien anglais eorð(e), à savoir l'ancien norois jord « terre », aboutit en principe à la même forme : on le rencontre par exemple dans le nom de la gernotte, jarnotte ou génotte, « terre-noix » (racines bulbeuses comestibles du Bunium bulbocastanum ou du Dunium denudatum), issu de l'ancien norois jord + hnot « noix », soit « noix de terre ».

Hypothèse

Ceci permettrait de poser pour Gerfleur un étymon anglo-saxon °eorðflēot, qui ne pose aucun problème phonétique. En ce qui concerne le sens précis du toponyme, il semble qu'il faille plutôt retenir ici, contrairement à ce que l'on pourrait penser, le sens d' « estuaire » ou de « bras de mer », désignant le havre de Carteret lui-même, plutôt que celui de « ruisseau »; ce nom serait ensuite passé au petit cours d'eau qui s'y jette. On aurait donc affaire dans ce cas à un « estuaire caractérisé par la présence de remparts de terre ou de fortifications » qui en auraient défendu l'entrée, ou du moins permis le contrôle. Or on connaît à Carteret l'existence de deux anciens corps de garde (appelés le Grand Fort et le Petit Fort au 19e siècle) le long du littoral sud du cap, dont c'était là la fonction, et qui peuvent s'être substitués à des éléments défensifs plus anciens.

Réemplois

Le nom de la Gerfleur a été donné à divers lieux et objets :

  • Barneville-sur-Gerfleur, ancienne appellation alternative (1828) de Barneville-sur-Mer.
  • Le Gerfleur, nom d'un vapeur à aubes reliant en 1900 Carteret à Jersey.
  • Avenue Gerfleur, voie de Barneville-Carteret.
  • Villa Gerfleur, villa à Barneville-Carteret.
  • La Gerfleur, résidence à Barneville-Carteret.

Divers

Notes et références

  1. Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XXXVI, Caen, 1961, p. 182, § 58.
  2. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  3. Guillaume de l’Isle, Carte des Provinces du Maine et du Perche, Paris, 1719.
  4. Anonyme, Plan des Départemens de Caen Bayeux et Saint Lo suivant la Marche que les Ambulants Tiennnent lors de Leurs Recouvremens [de la taille], 1780 [BNF département Cartes et plans, GE AA-3798 (RES)].
  5. Carte de Cassini.
  6. 6,0 et 6,1 Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 386.
  7. Cartes d’État-Major (relevés de 1825 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889).
  8. Adolphe Joanne, Géographie du département de la Manche, Hachette, Paris, 1880, p. 13a.
  9. Marie Fauroux, op. cit., p. 501a.
  10. Carte IGN au 1 : 25.000.
  11. Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, Klincksieck, Paris, 1978, p. 49.
  12. Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, t. II et III, 1991.
  13. François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 46.
  14. René Lepelley, Noms de lieux de Normandie et des Îles Anglo-Normandes, éd. Christine Bonneton, 1999, p. 93-94.
  15. François de Beaurepaire, op. cit., p. 142-143.