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Gaston Héneaux

De Wikimanche

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Gaston Héneaux, né à Letanne (Ardennes) en 1878, mort à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) le 13 février 1951, est une personnalité sportive liée au département de la Manche, coureur cycliste de son état.

Le premier Normand au Tour de France

Gaston Héneaux arrive tout jeune dans la région cherbourgeoise avec sa famille qui exploite une carrière de grès près de Maupertus-sur-Mer. Il rêve d’être sculpteur mais doit remplacer très tôt son père, décédé, à la tête de l’entreprise. Toutefois, il continue à assouvir sa passion du cyclisme de compétition qui en est à ses balbutiements, devenant le meilleur représentant de toute la région.

Cette passion se trouve d’ailleurs confortée par une autre : il épouse en 1902, Louise Durand, dont le père tient un magasin de cycles à Cherbourg !

Dès le Tour 1903, il s’intéresse à ce qu’on n’appelle pas encore la « Grande Boucle » et écrit à Henri Desgranges, directeur de L’Auto et fondateur du Tour, pour lui demander des « frais de déplacement » en compensation du manque à gagner dans son entreprise. Ce dernier lui répond qu’il s’agit là d’une demande irrecevable – les descendants de Gaston Héneaux ont bien entendu conservé précieusement ce courrier – et le tour 1903 partit sans… Gaston Héneaux.

Rappelons toutefois que devant le petit nombre d’engagés – 15 coureurs seulement une semaine avant la clôture ! – Henri Desgranges doit mettre « un peu de rallonge » et promet d’indemniser les coureurs 5 F par jour.

En 1905, Gaston Héneaux figure sur la liste des engagés (dossard n° 65) mais une histoire assez mal éclaircie de marque de cycle l’oblige à rester à la maison où il continue d'écumer les courses de la région, notamment au très populaire vélodrome de Chantereyne.

C’est enfin le 4 juillet 1906 que Gaston Héneaux (dossard n° 82) comble son rêve en prenant le départ du 4e Tour, qui part de Paris. Il rejoint, pour la première étape, la capitale du Nord, Lille. C'est un scénario catastrophe puisque sur 82 partants, 49 seulement rallient l’arrivée et parmi eux notre courageux Cherbourgeois en 27e position, meurtri par plusieurs chutes et de très nombreuses crevaisons. Pour bien comprendre, il faut bien sûr imaginer l’état des routes et l’absence totale de véhicules suiveurs.

Là, l’histoire de Gaston Héneaux diverge quelque peu en deux versions : la première – la plus officielle – nous indique qu’ensanglanté et privé de soins, il ne peut reprendre le départ le lendemain matin : il est dirigé sur l’hôpital de Lille. La seconde, plus « familiale », indique qu’il loge chez une famille amie. Le trouvant fatigué – on les comprend – ses hôtes le laissent dormir et, ne le réveillant pas, le Tour part sans lui ! Peut-être finalement y a-t-il concordance entre les deux versions ? Le Tour 1906 s’arrête donc là pour Gaston Héneaux qui n’en continue pas moins à courir, engrangeant des victoires locales et de bons résultats dans Paris-Roubaix, Bordeaux-Paris, par exemple. Il termine 11e de Paris-Roubaix 1904, à 29' 30" du vainqueur Hippolyte Aucouturier.

Gaston Héneaux ne dispute pas d’autres Tour de France mais continue à s’intéresser au cyclisme, comme coureur – il gagne encore une course de vétérans à 70 ans – mais aussi comme organisateur et président de club, notamment dans les villes où il réside dans le cadre de ses activités professionnelles d’entrepreneur en travaux publics, à Saint-Brieuc par exemple où il est directeur sportif du club.

C’est là d’ailleurs qu’il s’éteint et où vit encore une partie de sa nombreuse famille puisque Gaston Héneaux eut trois filles et trois fils dont deux furent coureurs cyclistes.